Jeunes avec François

Arnaud

« La foi ne se construit pas tout seul »
« Avec les franciscains, je peux être en vérité. »

Arnaud de Saint-Pierre a 35 ans et vit à Paris depuis 2018. C’est lors de ses études d’ergothérapie, en Belgique, qu’il a croisé la route des franciscains pour la première fois. Mais c’est à la faveur de son colocataire et très bon ami, Henri de Mauduit, qu’il poussa un jour la porte du Poulailler. De retraite en WEFA, en passant par le chantier de La Cordelle, il nous partage ce qu’il apprécie de l’esprit franciscain.

« Ce qui m’impressionne souvent, c’est que les frères sont très ouverts et au fait de l’actualité. On peut vraiment discuter avec eux. Ce n’est pas une communauté qui est retranchée dans son couvent à prier », lance-t-il en guise d’introduction. Si Arnaud fréquente davantage le couvent de la rue Marie-Rose, dont il est d’ailleurs voisin depuis trois mois, il aime mentionner le WEFA à Avignon en juillet 2024. « C’était dans un autre contexte, mais c’était très incarné. J’ai senti des frères présents aux temps de prière, mais de manière générale, présents aux jeunes. Les frères se rendent disponibles, sont à l’écoute. On échange en profondeur et je perçois un désir d’établir une amitié sans jugement de valeur sur notre milieu social, notre niveau intellectuel, notre pratique, etc. Ce qui semble importer, c’est de vivre le moment présent et cela me fait du bien. » Et le trentenaire parisien déplore le rythme dans lequel il se trouve parfois pris malgré lui. « Vivre l’instant présent à Paris, c’est très compliqué. Tu dois toujours penser à ce que tu vas faire et s’il n’est pas rempli et bien, c’est catastrophique ! Enfin ça, c’est ce que la société veut nous faire croire… »

PARTAGE ET AMITIÉ

Ainsi à La Cordelle, cet été, il a été heureux d’avoir pu déconnecter complètement : pas de montre, pas de portable et surtout, « la même atmosphère faite d’écoute et de bienveillance. Nos fois et nos histoires étaient pourtant très différentes, mais je peux témoigner de l’accueil sans concession et à bras ouverts des frères. Et puis, à travers les personnes qui étaient présentes sur le chantier et je pense notamment à Marion et Arnaud — les tailleurs de pierre qui nous ont enseignés — j’ai aussi pu ressentir une certaine « pédagogie franciscaine ». »

Arnaud use alors volontiers du mot « horizontalité » : « Dans certains autres lieux d’Église, on sent davantage la hiérarchie, il y a des « sachants ». On donne des avis, mais ils ne sont pas entendus. Au chantier, on a vraiment construit ensemble ces murs en pierre sèche. Cette aventure collective a été très porteuse et révélatrice : la foi, cela ne se construit pas tout seul. C’est avant tout une relation de partage et d’amitié. » Arnaud se dit très visuel et file volontiers la métaphore : « Ces pierres que l’on taille, que l’on bouge, que l’on prend le temps de regarder, le choix de l’angle, puis que l’on finit par poser avec d’autres, c’est à l’image de la construction de notre vie. Et j’ai conscience que c’est aux antipodes de ce que la société individualiste défend. »

PRIÈRE ET JEUX DE SOCIÉTÉ

Arnaud est aussi marqué par le fait de découvrir les frères « de l’intérieur ». « Parmi eux, il y a des personnes brillantes, mais on sent qu’ils sont moulés par une certaine humilité franciscaine. » Et bien qu’il commence à cerner des personnalités et des caractères, Arnaud – qui s’est délecté du best-seller franciscain Sagesse d’un pauvre(*) – a l’impression de retrouver un peu de saint François dans chacun des frères qu’il croise. « J’essaye personnellement de mettre cette humilité au cœur de ma vie, mais ce n’est pas facile car on s’enorgueillit vite de ce que l’on peut faire. Et puis la société exige que l’on se présente toujours sous notre bon jour alors qu’il y a des jours « avec » et des jours « sans » ! Avec les franciscains, je peux être en vérité. »

Cette vérité-là, il l’a perçue également dans les amis qui fréquentent les communautés des frères. À La Cordelle, il a par exemple fait la rencontre d’Agnès, pasteure, qui participe à la vie de prière ou encore d’Aurore, jeune maman. Et c’est maintenant lui, Arnaud, qui est invité à devenir ami de la communauté parisienne de par sa nouvelle proximité géographique. Les petites souris racontent que des soirées jeux de société sont déjà au programme, en plus d’une participation régulière aux offices. « Cette vie de prière en communauté me manquait. Cela me donne du courage à l’ouvrage ! Et il est vrai que la présence des jeunes frères, Christophe, Vianney et Théo, m’incite à me rapprocher du couvent. Cela me donne une certaine fraîcheur et leur présence nourrit notre colocation. » Alors action de grâce !

Propos recueillis par Émilie REY

(*) Sagesse d’un pauvre, Éloi Leclerc, Éditions Desclée de Brouwer, juillet 2024 (réédition), 144 p., 13,90 €


Toi aussi viens vivre une expérience franciscaine l’été prochain…

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