Jeunes avec François

Maeva

« Les frères nous laissent de la place »
Je pense que ce festival sera l’occasion de dire qu’il est possible de réaliser des choses ensemble.

Maeva, 26 ans, est volontaire dans la commission Accueil du festival Brother Sun. Il y a un an, les franciscains croisaient la route de son cheminement spirituel pour la première fois. Témoignage.

J’ai grandi en Champagne-Ardenne, dans une famille non croyante et non pratiquante. J’ai reçu le baptême à ma naissance, avant tout pour des raisons culturelles. En grandissant, le seul contact que j’avais avec l’Église, c’était lors de la messe du 22 janvier pour la fête de la Saint-Vincent, saint patron des vignerons. C’était la seule fois de l’année où j’y allais. On lisait systématiquement le même extrait d’Évangile, la parabole du vigneron (Jn 15), que j’ai donc entendue toute mon enfance.

THÉRÈSE, HILDEGARDE ET FRANÇOIS

J’ai commencé un cheminement spirituel il y a trois ans environ. Pendant une année de césure, lors de mon master, j’ai commencé à m’intéresser à différentes traditions et formes de spiritualité. À un moment, j’ai choisi de creuser plus spécifiquement le christianisme, peut-être parce que c’était plus proche de moi culturellement.

Je me souviens, notamment, d’une période où j’étais à Alençon à l’occasion d’un stage. Là-bas, sainte Thérèse de Lisieux et ses parents Louis et Zélie Martin sont omniprésents, ils font partie de « l’économie locale » ! Un tel environnement était propice pour que je continue à creuser mes questions. En parallèle, je commençais à étudier les plantes médicinales. Leur culture a été très importante dans de nombreux couvents féminins, j’ai ainsi découvert la figure d’Hildegarde de Bingen dont l’audace me parlait beaucoup plus que Thérèse ! Ainsi, au fur et à mesure de mes recherches et lectures, saint François a commencé à « surgir» de manière très régulière. En parallèle, j’ai mis en place, progressivement, une vie de prière personnelle et ma relation à Dieu prenait de plus en plus de place. Avec la parabole du vigneron que j’entendais dans mon enfance, j’avais un peu développé une vision écologique de Dieu dans le sens où l’écologie, c’est la science des relations. Mais là, au bout de trois années de cheminement personnel, je me rendais bien compte que je ne pouvais pas continuer à dire que Dieu est relation sans faire l’effort d’aller à la rencontre d’autres croyants.

UNE ÉCOLOGIE DE LA RELATION

Le premier contact avec les franciscains, ça a été lors du parcours fondamental « Jusqu’en Dieu » avec saint Bonaventure, l’été dernier à Brive. J’étais animée par deux intentions : comprendre enfin qui est ce saint François que je voyais régulièrement apparaître dans mes recherches, et mettre en place un premier contact avec l’Église, rencontrer des croyants, des frères… Le parcours m’a un peu réunifiée. J’aime bien dire qu’il m’a remis une colonne vertébrale là où il n’y en avait pas forcément, en remettant certaines choses à leur place.

J’ai beaucoup aimé la diversité de personnes qui étaient là. Dans un autre contexte, je n’aurais pas forcément échangé avec tous, mais le fait de partager, pendant une semaine, une vie spirituelle et une recherche commune de Dieu, cela a transcendé nos différences. À l’époque, je me questionnais d’ailleurs beaucoup sur la manière de remettre de la relation au coeur des réflexions écologiques, être plus attentif au milieu dans lequel on vit, sans être en permanence dans une vision du monde comme simple collection de ressources. Pendant la retraite, la Création a été définie comme un « jaillissement », un « don gratuit » de Dieu. Revenir à cette gratuité du don permet, je crois, de sortir de cette vision matérialiste et utilitariste du monde. Je repense aussi à une phrase du frère Frédéric-Marie, en lien avec les questions d’engagement et d’activisme. Il redisait l’importance de prendre le temps du silence pour « laisser les paroles entrer plus en profondeur et entrer dans les débats contemporains, non pour ajouter un point de vue supplémentaire, mais pour apporter une parole de vie ». Ça m’a vraiment bouleversée. Je me suis ensuite dit : qu’est-ce que je peux faire dans ma vie pour rentrer plus dans cette parole de vie, dans un climat d’écoute et d’accueil, quand bien même je ne suis pas toujours d’accord ?

COLLABORER AVEC DES RELIGIEUX

Depuis quelques mois, je suis volontaire pour la commission accueil du festival Brother Sun. J’aime beaucoup l’idée qu’avec ce festival, on arrête d’attendre que l’Église fasse les choses à notre place. Là, je vois des personnes qui se rassemblent et se bougent collectivement pour faire les choses ensemble. Je suis aussi touchée que les frères nous laissent de la place dans l’organisation de cet événement. Souvent, il y a beaucoup d’oppositions qui sont faites entre le monde des laïcs et le monde des religieux. Là, je trouve super d’être dans une construction commune, une collaboration entre des religieux et religieuses et des personnes qui ont d’autres états de vie. On peut construire tout cela ensemble, chacun dans sa vocation personnelle et dans son domaine d’expertise. Je pense que ce festival sera l’occasion de dire qu’il est possible de réaliser des choses ensemble et que les univers ne sont pas aussi séparés qu’on le croit. Enfin, participer à Brother Sun, c’est pour moi une manière de s’approprier l’appel qu’a reçu François, « Va rebâtir mon Église », qui, je crois, est en réalité un appel qui s’adresse à tous. L’Église, c’est d’abord l’assemblée de celles et ceux qui désirent suivre Jésus, donc un collectif vivant à construire et réinterroger en permanence avec pour boussole la question : que signifie, aujourd’hui, être disciple du Christ ?.

Propos recueillis par Henri DE MAUDUIT


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