Plus de 80 personnes avaient fait le déplacement, le samedi 22 mars 2025, au couvent Saint-François à Paris, pour assister à la présentation des premiers résultats du chantier de fouilles archéologiques mené à La Cordelle (Vézelay) à l’été 2024 dans le cadre de son chantier de rénovation.
Organisé par les Franciscains de France-Belgique et l’Association des Amis de La Cordelle, en partenariat avec l’Inrap et le CEM d’Auxerre, cet après-midi était l’occasion de remonter les presque 900 ans d’histoire de la première fondation franciscaine de France. La conférence, ouverte par les frères Éric Moisdon, gardien de La Cordelle, et Jean-Baptiste Auberger, historien et archiviste de la Province, proposait trois temps successifs permettant de plonger dans l’histoire pluriséculaire de La Cordelle.
Historiens et archéologues réunis autour de La Cordelle
Le premier temps de la conférence permettait de retracer les grandes étapes historiques de La Cordelle : édification de la chapelle Sainte-Croix en 1146, en mémoire de l’appel à la seconde croisade par Bernard de Clairvaux, arrivée des premiers frères en 1217, envoyés du vivant de saint François d’Assise, passages du Roi Saint-Louis, destructions et reconstructions successives lors de la Guerre de Cent ans et des Guerres de Religion, protection de la famille Chastellux, puis départ des frères avant la Révolution et retour après la guerre en 1949, sous forme d’ermitage.

Un second temps était animé par les responsables de l’Inrap Bourgogne-Franche-Comté, Nicolas Tisserand, et du CEM d’Auxerre, Sylvain Aumard. Le premier évoqua les missions et activités de l’Inrap, bras opérationnel de l’État pour les travaux de diagnostic et de fouilles archéologiques préventives en France. Le second présenta les premières investigations qui avaient été faites sur la chapelle de La Cordelle de 2002 à 2013, permettant de dater les différentes époques de construction du monument (voir plan ci-dessous), notamment par les traces découvertes des outils médiévaux utilisés pour la construction (traces de bretture, de taillant droit et de boucharde).

Les fouilles archéologiques préventives de La Cordelle
Enfin, un troisième temps, attendu par tous, était animé par les archéologues Orianne Wadel (Inrap) et Laura Delauney (CEM), pour présenter les fouilles de La Cordelle auxquelles elles avaient participé aux côtés des équipes de l’Inrap (quatre personnes) et du CEM (deux personnes, qui avaient en charge l’étude des caves).
Cette opération, dite de « fouilles archéologiques préventives », s’est déroulée de juillet à septembre 2024 sur une emprise de 186 m2, à l’emplacement de la future Porterie qui sera construite sur le site (pour en savoir plus). Elle avait été demandée par la DRAC, suite à un diagnostic réalisé en février 2024.
Après plusieurs phases de décapage et la réalisation de nombreux sondages, les équipes de l’Inrap ont pu mettre à jour un nombre important de maçonneries dont les plus anciennes remontent au XIIIe siècle, époque de fondation du couvent franciscain de La Cordelle. Si majoritairement, ces vestiges ont livré du mobilier archéologique appartenant aux XVIIIe et XIXe siècles, des éléments plus rares ont été découverts. Orianne Wadel a ainsi présenté quatre fragments de statues, dont une portant la corde des franciscains, ayant sûrement appartenues à l’ancienne église du couvent, aujourd’hui disparue. A cela, s’ajoutent des agrafes de reliures, typiques de la fin du Moyen Âge et du début de la période moderne, ainsi que des pièces de monnaie, dont certaines datant de la Renaissance.
En conclusion de cette conférence, les premiers résultats d’une étude documentaire menée par l’Inrap aux Archives départementales de l’Yonne furent présentés. Ils permettent notamment de mieux comprendre l’organisation de l’ancien couvent, et en particulier des bâtiments conventuels historiques (dortoirs, réfectoire…) qui se sont effondrés au cours du XIXe siècle (voir extrait ci-dessous).
Extrait de l’estimation de La Cordelle du 17 novembre 1790, découverte aux Archives départementales de l’Yonne par l’Inrap : « Nous avions remarqué qu’il était composé d’une cour et bassecour, dans laquelle bassecour une écurie, de laquelle nous sommes entrés dans un corridor à main droite duquel est un petit réfectoire attenant lequel est un autre, ensuite la chambre servant de cuisine, à côté de laquelle est une chambre servant ci-devant de prison (…) Et étant monté dans le haut, s’est trouvé un autre corridor et à droite sont trois cellules et à gauche quatre et un petit cabinet, de l’autre côté dudit corridor, est une chambre»
Après un temps d’échanges avec le public, confirmant l’intérêt et la curiosité de la quasi-centaine de personnes venues pour l’occasion, un cocktail invitait l’assemblée à découvrir le cloître du couvent de Paris pour vivre un beau temps de partage.
Les fouilles archéologiques de La Cordelle ne sont pas terminées et se poursuivront en 2025 et 2026. Pour être informés d’autres découvertes et des prochains évènements, vous pouvez vous inscrire à la newsletter du projet de La Cordelle :
Pour en savoir plus sur l’opération de fouilles de La Cordelle : https://www.inrap.fr/nouvelles-donnees-archeologiques-sur-l-ermitage-de-la-cordelle-vezelay-yonne-19537.




