Présence franciscaine à Vézelay

L’histoire franciscaine continue de s’écrire à Vézelay depuis 800 ans…

Fr. Jean-Baptiste Auberger continue sa série d’articles sur l’histoire des fraternités de notre Province. Après Strasbourg, sa plume nous emmène à Vézelay !

C’est au cours du chapitre général des frères, à la Pentecôte 1217, qu’est décidée la première expansion de la fraternité franciscaine hors d’Italie. François brûle alors du désir de connaître le pays dont il porte le nom et la réputation des théologiens de Paris l’attire. Arrêté dans sa course à Florence par le cardinal protecteur, il délègue Fr. Pacifique, le “roi des poètes”, pour conduire la petite troupe à Vézelay dont la renommée grandit en raison de la présence des reliques de Marie-Madeleine, la pénitente.
Après quelques recherches, ils élisent domicile près de la chapelle dédiée à la sainte Croix, en souvenir de la prédication de la seconde croisade par saint Bernard, en 1146. S’installant dans l’ermitage bénédictin inoccupé, dédié à saint Fiacre, ils sont violemment chassés une douzaine d’années plus tard par l’abbé Guichard et ses moines. Leur logement détruit, ils sont alors recueillis par le comte Arthaud de Chastellux. Suite à un jugement rendu par trois évêques en 1234, le lieu leur sera finalement attribué et ils pourront le reconstruire avec l’aide du comte et de ses amis.

RECONSTRUCTIONS ET PRÉDICATIONS

En 1248, saint Louis, le “roi franciscain”, reçoit les frères de Vézelay, nous raconte le chroniqueur franciscain Salimbene d’Adam. Avec l’annexion par le roi de France des comtés de Nevers et de Rethel, la population de Vézelay entre dans la dépendance du Royaume de France. Le passage des Grandes Compagnies et la guerre de Cent Ans vont alors ruiner les campagnes. Les gardiens successifs du couvent s’emploient à la reconstruction, aidés par la branche cadette des Montréal, repreneuse du titre de Chastellux en 1384. En 1562, coup de tonnerre, l’abbé bénédictin Odet de Châtillon passe au protestantisme et Vézelay devient l’un des bastions de la nouvelle religion. La ville est assiégée en 1569 et 1570. Le gardien du couvent, le curé d’Asquins et plusieurs frères seront même martyrisés dans un champ en contrebas. Des vingt-cinq frères qu’ils étaient, il n’en restera que sept qui, s’étant cachés, pourront reconstruire une fois encore le couvent. Leurs activités de prédication reprennent, quant à elles, dès 1574, sous la direction du gardien, Fr. Jean Rodot.

RENAISSANCE ET DÉCLIN

Vingt ans après, Henri IV accorde aux catholiques l’exercice exclusif de leur culte dans l’enceinte de la ville. L’abbé Erard de Rochefort prend en main la reconstruction des bâtiments et restaure la vie spirituelle. Les archives révèlent que les frères, souvent docteur en théologie, sont alors très actifs par leurs prédications et leur service paroissial à Avallon et dans la campagne tout au long des XVIIe et XVIIIe siècle. L’un d’entre eux, le P. Duhan, utilisera ses dons d’orateur pour combattre chaque jour le prêche du matin du pasteur venu d’Arnay-le-Duc.
La Commission des Réguliers puis la Révolution française entraîne une baisse des vocations et la disparition de la communauté dont le dernier membre s’était mis à vendre tout ce qu’il pouvait pour vivre (mobilier, tuiles et pavement de l’église), si bien qu’il en sera chassé par décision de justice et le couvent vendu par lots, rachetés par les Chastellux.

1953 : LE RETOUR

Le 7e centenaire de la mort de saint François, en 1926, fut l’occasion de regretter l’absence des frères. Après accord avec l’évêque, en 1949, la reconstruction du lieu sous forme d’ermitage, puis en 1953, l’installation d’une communauté au presbytère, après le départ des bénédictins, signent la renaissance d’une présence franciscaine sur la colline éternelle. Dans l’impossibilité d’augmenter le nombre de frères au presbytère, les franciscains cèdent la place, en 1993, aux Fraternités monastiques de Jérusalem, tout en réactivant peu après La Cordelle avec la présence de trois ou quatre frères pour vivre selon la règle des ermitages de saint François. L’histoire franciscaine continue de s’écrire à Vézelay depuis 800 ans…

Fr. Jean-Baptiste AUBERGER, OFM Archiviste provincial

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