Présence franciscaine à Nantes

Mêlés aux affaires de la cité, les frères accueillent tout le monde.

Comme les fleuves se répandent à travers les continents, les Frères mineurs parcourent la terre jusqu’aux estuaires sur l’océan. Notre série sur l’histoire des fraternités de notre Province nous pousse ici à Nantes.

À Nantes, carrefour commercial entre terre et mer, les frères débarquent en 1245, accueillis par Mgr Galéran. Il les installe rue Perdue, territoire épiscopal en litige avec le duc de Bretagne Jean 1er. Celui-ci déplace les franciscains sur son territoire à l’intérieur des nouveaux remparts. C’est dans la tourmente politique et guerrière qu’ils construisent leur premier couvent. Le soutien financier de la famille de Rieux, du duc et des bourgeois de la ville, rend la communauté florissante. L’église conventuelle sera l’une des plus vastes et belles de Nantes. Jean 1er en fera sa dernière demeure en 1286. Mêlés aux affaires de la cité, les frères accueillent tout le monde.

GUERRES ET RETOUR À L’AUSTÉRITÉ

À partir de 1341, le duché connaît une guerre de succession au trône. Les frères prennent le parti de Charles de Blois contre Jean de Montfort. C’est ce dernier qui l’emporte en 1364. Les franciscains, considérés comme puissants par leur influence, soutiennent le procès de canonisation de Charles et de la famille d’Anjou. Les frères du duché de Bretagne mettront du temps à se réconcilier avec le nouveau duc, Jean IV, et la famille de Montfort. Au début du XVe siècle, une tempête vient secouer l’Ordre franciscain : la vague de l’Observance, issue d’une réforme franciscaine*, se répand en Europe. Elle recouvre le duché de Bretagne dès 1410. C’est le retour à l’austérité et à la très grande pauvreté. Quinze créations voient le jour en évitant les villes. Le duc Jean V, fils du précédent, les soutient. Les frères de Nantes n’entrent pas dans cette réforme. Ils fondent, en 1441, un ermitage dans la forêt de Landéan près de Fougères. Eux-mêmes réduisent la voilure à Nantes.
À l’embouchure de la Loire, les frères installés sur les petites îles et les estuaires sont à la croisée du commerce maritime et des idées. Ils prêchent, accueillent, confessent, processionnent et prient en vivant pauvrement. Leur succès les enrichit à la fin XVe siècle. Quant aux frères de Nantes, ils sont alors peu créatifs et restent sur leurs opulents acquis. Ils sont en étroite relation avec l’université de la ville et leur influence est très importante dans tous les domaines.

RÉFORMES

Au XVIe siècle, les critiques se lèvent comme les vents d’ouest. Des franciscains veulent à nouveau réformer l’Ordre. Ainsi les frères Capucins, appelés par le duc de Mercoeur, s’établissent en 1593 dans un faubourg de Nantes : le Marchix. Pauvreté, érémitisme, mais aussi prédications et organisation de processions antiprotestantes sont au coeur de leur mission.
En 1627, les frères cèdent leur couvent aux Cordelières de sainte Élisabeth. Ils en construisent un nouveau près du port de Nantes, quai de la Fosse. Le lien avec le commerce international les conduit à la mission ad extra, vers le Brésil notamment. Une autre réforme franciscaine voit le jour dans la même période. Les frères de la Récollection organisent des maisons pour retraites spirituelles. À Nantes, ils s’installent sur l’île de Pirmil en 1617, près des ponts qui relient les deux rives. Reclus et pauvres, ils sont proches du bas peuple.

RÉVOLUTION ET RETOUR

Au XVIIIe siècle, on ne trouve à Nantes plus que quatre couvents de Frères mineurs, un monastère de clarisses et un autre de sœurs élisabéthaines. La déferlante révolutionnaire fait tout disparaître en 1791. La famille franciscaine revient à la fin du XIXe siècle : les clarisses en 1859, les capucins en 1874 (rue Noire), les récollets en 1887 dans les carrières de Canclaux et avec eux plusieurs congrégations féminines franciscaines.

Fr. Henri LAUDRIN, OFM

(*) Les Observants (ou franciscains de la stricte Observance) formaient un ordre mendiant issu d’une réforme. Ils entendaient pratiquer le strict respect de la règle primitive. En 1897, le pape Léon XIII les unifie avec les réformés, les récollets et les alcantarins, pour former l’ordre des frères mineurs.


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