Présence franciscaine à Strasbourg

Ils s’installèrent non loin du centre sur la place qui porte le nom de “ceux qui sont pieds nus” (Barfüsser).

Notre Province compte une douzaine de fraternités, parfois installées dans des villes depuis plusieurs siècles. Dans une nouvelle série d’articles, Fr. Jean-Baptiste Auberger, historien, vous propose un éclairage sur la présence historique de nos communautés. Cap sur Strasbourg !

L’arrivée des franciscains venus d’Augsbourg à Strasbourg date du printemps 1222. Ils s’installèrent non loin du centre sur la place qui porte le nom de “ceux qui sont pieds nus” (Barfüsser). Leur petite chapelle initiale de 1230 sera remplacée, sous la conduite du Fr. Conrad, architecte, par une plus grande commencée en 1282 et achevée en 1284. Le Chapitre général s’y tient cette année-là, rassemblant 200 frères.

STRASBOURG, PLACE FORTE DE LA RÉFORME

La Province de Germanie en avait fait le siège de la Custodie d’Alsace avec neuf maisons à la fin du XIIIe siècle. 60 à 80 frères vivent dans ce couvent qui devient Studium provincial puis, en 1309, Studium generale. Le Chapitre général de 1362 s’y tint rassemblant cette fois 800 frères. Cependant en 1442, ils ne sont plus que 27 frères dont certains, comme Conrad de Bondorf et Thomas Murner (1480), rassemblent à leurs prêches de nombreux Strasbourgeois cultivés. Ce dernier, luttant contre les idées nouvelles de la Réforme, sera obligé de s’exiler, à la différence de l’hébraïsant Conrad Pellikan qui prit le parti des évangéliques. Après la décision, en 1524, du Chapitre conventuel de se séparer, nombreux sont ceux qui quittent les ordres jusqu’en 1529. En effet, dès 1530, la célébration de la messe est interdite dans la cathédrale dont les chanoines passent au protestantisme. Les bâtiments du couvent, sous le contrôle de la ville, sont rasés en 1531 pour en récupérer les matériaux afin d’édifier les fortifications que la guerre de Trente Ans (1618-1648) impose. Les caisses sont vides et la misère s’impose. En 1603, les capucins s’installent à Ensisheim pour contrer les idées nouvelles.

RÉAMÉNAGEMENT DE LA VILLE

La ville capitule le 30 septembre et Louis XIV en prend possession le 23 octobre 1681. Vauban est chargé de construire une citadelle pour surveiller le pont du Rhin et la ville protestante. On y installe des aubergistes, des bouchers, des boulangers et d’autres vivandiers dispensés d’impôts et bénéficiant de la gratuité des terrains et de leur transmission. Le ministre Louvois fait venir en 1685 des Récollets pour y assurer le culte catholique. Ils seront expulsés en 1790 comme les autres récollets que le cardinal Armand de Rohan avait installés en 1746, à leur demande, dans la ville rue de l’Arc-en-ciel. Leur couvent, achevé en 1749, deviendra magasins militaires d’habillement après 1790. Si les bâtiments et le cloître subsistent aujourd’hui, l’église a été détruite en 1904 pour laisser place à la rue.

ARRIVÉE RUE DOTZINGER

À leur retour après 1925, les frères obtinrent du pasteur Paul Sabatier le droit de préemption de sa maison, rue Dotzinger. Décédé en 1928, l’achat n’est devenu possible qu’à la mort, en 1934, de l’une des héritières, farouche protestante. En attendant de pouvoir acquérir cette maison, les frères venus étudier à l’Université s’installèrent dans deux petites maisons à La Robertsau. C’est donc le 12 septembre 1934 qu’ils prennent possession de leur nouvelle résidence où ils exercèrent un ministère classique. La maison fut reconstruite en 1978 après avoir édifié un chalet pour les étudiants en 1946 dans le jardin. Après Vatican II, une présence en monde gitan fut initié en 1969 jusqu’en 1982 au Polygone. Ils durent le quitter, les conditions de vie devenant trop difficiles, pour s’installer au Port du Rhin jusqu’en 1985. Le couvent de la rue Dotzinger, proche de l’Université, devint dès lors leur seul port d’attache jusqu’à ce jour.

Fr. Jean-Baptiste AUBERGER, OFM

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