Jeunes avec François

Virigna

« J’ai trouvé une famille spirituelle »
J’ai été touché par l’accueil des frères qui m’ont accepté pour ce que je suis.

Virigna Vilay, 36 ans et originaire du Laos, a participé en 2023 à deux Week-ends avec François d’Assise (WEFA), la Route d’Assise puis le pèlerinage au Maroc. Poussé par son parcours de catéchumène et sa grande curiosité, il s’est laissé porter par la grâce qui le conduira bientôt au baptême (*).

Il y a un peu plus d’un an, je vivais dans ma camionnette en Bretagne. Un jour, mon père m’a recontacté et nous nous sommes retrouvés après quelques années de silence. J’étais très heureux et quand il m’a invité à revenir à Paris, où se trouve toute ma famille, j’ai accepté. Je voyais qu’il se sentait seul, il a passé les 70 ans et je n’avais pas envie qu’on le mette en Ehpad. J’ai repensé à cette phrase de la Bible : “Tu honoreras ton père et ta mère.” À cette époque, je commençais à lire la Bible. Je me suis souvenu de cette parole et je me suis dit que de cette façon, je pourrais me rapprocher plus de Dieu.

DE LA BIBLE AUX FRANCISCAINS

Ma mère était bouddhiste et animiste, c’est elle qui m’a transmis le fait qu’il y a un être transcendant que j’appelle Dieu désormais.
Plus tard, j’ai rencontré des personnes pour qui j’avais de l’admiration. Je me suis dit : “Tiens c’est marrant, ils sont chrétiens et ils ont les pieds sur terre !” Auparavant, j’avais toujours eu, par mon père qui est athée, un regard sur eux qui les voyait comme des pécheurs, des prosélytes… Et là, à travers ces personnes, je découvrais un discours tellement sincère et des œuvres bonnes. J’ai alors commencé à lire la Bible, notamment le Nouveau Testament, et je suis devenu chrétien de cœur, sans autre prétention. J’avais à peine 30 ans.
Avant d’arriver à Paris, je me souviens aussi avoir vu le film La Passion du Christ, de Mel Gibson : j’ai pleuré toutes mes larmes, mais des larmes qui allaient au-delà de la tristesse, des larmes qui m’ont donné de l’espoir puis de l’espérance. Et là, instantanément, je me suis dit : “Ok je te suis Jésus, j’ai confiance en toi.”
En arrivant à Paris en 2022, j’ai intégré le catéchuménat. Par curiosité, j’avais envie de découvrir les églises du coin et j’ai fait un tour dans le 14e arrondissement. C’est là que je suis tombé sur ce grand édifice en briques, le couvent Saint-François, rue Marie-Rose, qui m’a beaucoup surpris. Je ne savais même pas ce qu’était un ordre religieux ! Quelques jours après, j’y suis retourné pour les Laudes… puis les Vêpres le soir même. J’avais l’impression d’être dans Le nom de la rose ! J’ai croisé Fr. Théo qui m’a parlé des WEFA. Je n’ai pas longtemps hésité !

LA BIENVEILLANCE DANS LA DIFFÉRENCE

Lors du WEFA à La Cordelle (Vézelay), je ne connaissais personne ni rien du tout de saint François et des franciscains. Je me suis donc laissé porter. J’ai été touché par l’accueil des frères qui m’ont accepté pour ce que je suis. J’avais aussi une image austère des ordres religieux. Des petites choses comme le tutoiement m’ont rassuré, j’y ai vu cette volonté de se mettre au même niveau que l’autre.
À la fin, quelqu’un m’a parlé de la Route d’Assise, j’ai été immédiatement enthousiaste ! Je pense que c’étaient les meilleures vacances de ma vie… Pendant des années, j’ai beaucoup vécu dans des collectifs, des éco-lieux, etc. Je cherchais à pouvoir partager autour de la foi mais je n’y arrivais pas. Là, à Assise, j’ai été comblé autant sur le plan spirituel que fraternel, entre ciel et terre. Jamais je n’avais connu de bienveillance avec autant de différences.
Pour la première fois de ma vie, j’ai expérimenté une fraternité très belle, en voyant que je pouvais m’appuyer sur les autres, parce qu’ils sont empreints de la Parole du Christ. Et c’est ça qui manquait dans mes anciens lieux de vie en collectivité. À la fin, le frère Nicolas m’a dit : “Toi on va te revoir, c’est sûr !” Et ça n’a pas manqué !

L’EXPÉRIENCE DU DIALOGUE INTERRELIGIEUX

J’ai dit que pour Assise, c’étaient les meilleures vacances de ma vie. Mais, au Maroc, c’était une marche au-dessus ! J’étais heureux de me retrouver avec des jeunes plus de ma tranche d’âge et en petit comité. L’une des visites effectuées, qui m’a particulièrement touché, fut celle du monastère Notre-Dame de l’Atlas, à Midelt. J’ai vu comment les musulmans avaient beaucoup d’accointances avec les chrétiens. J’ai été très marqué par des échanges sans barrières, le sentiment d’unité qui relie chacun malgré nos différentes confessions. On a le même créateur, c’est pour tout le monde. Via cette rencontre et mon cheminement vers le baptême, j’ai aussi eu la réflexion que, quelle que soit notre religion, c’est la destination qui compte. Et la destination de toute religion, c’est la charité.
Toutes ces expériences m’ont nourri dans cette démarche vers le baptême. Aujourd’hui, l’Ordre franciscain joue un rôle important dans ce chemin. Je commence à trouver une famille spirituelle, une vraie fraternité !

Propos recueillis par Henri DE MAUDUIT

(*) Virigna recevra le sacrement du baptême au cours de la Vigile pascale, le samedi 30 mars à l’église Saint-Hippolyte (Paris 14e) à partir de 20 h 30. Nous le confions à votre prière.

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