Jeunes avec François

Aurore

“Nous étions véritablement en communion fraternelle”
Chacun vivait avec joie et profondeur ces temps, et nous étions véritablement en communion fraternelle.

Aurore, jeune maman de 36 ans, kinésithérapeute de métier, habite près de Vézelay. Elle a participé à un séjour à Tazert lors de la Semaine sainte de cette année. Elle nous livre en quelques lignes son vécu.

Tout d’abord, Aurore, parle-nous de ta rencontre avec saint François ?

J’ai eu la possibilité de faire deux marches vers Assise avec le frère Jo Coz en 2018 et 2019. Puis à Vézelay, j’ai fait partie de la petite fraternité. Les marches vers Assise et ma vie en fraternité m’ont aidée dans la connaissance de saint François et surtout de l’esprit franciscain. Chaque année, les marcheurs d’Assise se retrouvent, avec Jo Coz, pour partager un week-end. Cette année, nous irons à l’Ascension à Crest. En 2020, la Covid nous avait obligés à reculer le rendez-vous en octobre, pour la Saint-François. C’était pour moi une opportunité pour m’engager dans la Fraternité franciscaine, entourée de mes frères de région et mes frères et sœurs de marche. Je me suis engagée le même jour que Bernard et Marie-Neige, qui sont les gardiens de Crest aujourd’hui.

Qu’est-ce qui t’a décidée à faire le voyage à Tazert ?

J’ai écouté mon cœur ! Lorsqu’en 2022, la région Centre a proposé de vivre une semaine fraternelle au Maroc, dans l’ermitage de Tazert, je n’ai pas beaucoup hésité. Ce n’était pourtant pas si simple. Je devais trouver une remplaçante pour ma patientèle, et compter sur mon mari pour s’occuper, seul, de notre petite Juliette, trois ans et pleine d’énergie. Guillaume a tout de suite été d’accord, il comprenait mon désir de vivre une Semaine sainte en Fraternité. Ma vie professionnelle et familiale est intense, j’avais besoin d’un temps de pause spirituelle. Et puis je partais en confiance, la région Centre n’a que cinq Fraternités, nous nous connaissons bien. Je savais que le petit groupe de douze serait comme le groupe des marcheurs, fraternel, bienveillant avec un esprit d’entraide. N’ayant jamais pris l’avion, je n’étais pas très rassurée ; du coup, nous nous sommes arrangés pour être tous ensemble côte à côte dans l’avion, et ils ont veillé à me choisir une place près du hublot.

Comment as-tu vécu cette Semaine sainte ?

Ce fut une semaine exceptionnelle. J’ai aimé la simplicité des célébrations, avec des prêtres très proches. Le groupe restreint permettait de vivre intensément ces temps forts. Le Triduum pascal a été préparé en commun. Nous avons vécu le chemin de Croix dans le jardin des oliviers. Le Jeudi saint, nous nous sommes mutuellement lavé les mains. Quant à la veillée pascale, le feu dans le jardin sous les étoiles et les cloches qui sonnent dans la nuit sont, pour moi, de beaux souvenirs. Ce n’est pas facile d’expliquer cela, chacun vivait avec joie et profondeur ces temps et nous étions véritablement en communion fraternelle.

Cela ne posait-il pas de problème de sonner les cloches, de nuit, dans un pays musulman ?

Nous avions posé la question à un voisin musulman, si cela pouvait les gêner. Nous étions en plein ramadan. La réponse a été très simple : “Sonnez vos cloches. C’est votre fête.” Les cloches sont, pour eux, le témoignage d’une vie de prière, elles répondent au chant du muezzin. Du reste, je garde un souvenir ému de cet appel à la prière le soir, pour la rupture du jeûne. Nous finissions les vêpres et nos frères musulmans commençaient leur prière. Je ne sentais pas une compétition, mais une communion avec mes frères musulmans.

Avez-vous rencontré des familles musulmanes ?

Oui, nous avons exceptionnellement été reçus par une famille, très proche des sœurs de l’ermitage, car leur fils est le gardien de nuit. C’était exceptionnel car, en plein ramadan, cette famille nous a reçus avec une grande générosité. Ils nous ont offert des pâtisseries faites maison, accompagnées du thé. Ils n’ont rien mangé ni bu, mais ils étaient très heureux d’offrir le meilleur. La mère de famille m’a même appris à faire le thé à menthe. Avant de les quitter, nous avons tous chanté un chant de bénédiction ; là encore, ce fut un beau moment.

Comment avez-vous vécu auprès des sœurs ?

Les sœurs franciscaines sont très attentives au bien-être de leurs hôtes. Elles ont pris soin de nous, avec des repas délicieux et copieux, et une aide logistique pour nos escapades dans les environs ou vers des lieux plus éloignés. Je regrette un peu de n’avoir pas pu passer plus de temps à leurs côtés. Deux sœurs partent travailler au village ; nous avons pu aller voir l’atelier de broderie. L’ermitage est un havre de paix. C’est beau, fleuri et, le matin, ce sont les oiseaux qui nous réveillent. J’ai pu sortir à l’aube pour aller voir le lever du soleil sur la montagne, moment superbe, que j’ai vécu avec une grande sérénité. J’ai aimé aussi monter avec la Fraternité admirer le coucher du soleil. La nature autour de l’ermitage est préservée, pas de barrières, de clôtures. Le village est pauvre et il y a plus d’ânes que de tracteurs. Le problème est la sécheresse qui petit à petit devient plus importante.

Si tu devais conseiller à une amie ce séjour, que lui dirais-tu ?

Je lui dirais : “Fais comme moi, écoute ton cœur et entoure-toi de frères et sœurs !”

Propos recueillis par Anne-Françoise COTTA pour la revue Arbre (n° 347)

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