Jeunes avec François

Astrid et Maixent

On s’est vite dit : “C’est là qu’on veut être !”
Placer la spiritualité au cœur des questions écologiques.

Astrid et Maixent sont engagés bénévolement dans la préparation du festival Brother Sun depuis la genèse du projet. Écologie, foi, travail… Comment cet engagement, vécu en couple, nourrit les multiples dimensions de leur vie ?

Propos recueillis par Henri DE MAUDUIT

Il y a deux ans et demi à peu près, conjointement, on a ressenti comme une déception vis-à-vis de l’Église. On a été énormément frappés en tant que jeunes par les différentes accusations, mais aussi par une image un peu vétuste. On cherchait de plus en plus notre place dans l’Église et un lieu pour se reconnecter à notre foi. Devant nos questionnements, les parents d’Astrid, engagés dans la Fraternité séculière, et Fr. Joseph nous ont invités à rencontrer les frères. C’est comme ça que Fr. Frédéric-Marie nous a proposé de venir à la soirée de fin d’année du Poulailler(1), en juin 2022. Séduits par l’ambiance vivante et chaleureuse, nous y sommes retournés régulièrement les mois suivants.

On a ainsi fait la connaissance de Fr. Alejandro, qui nous a accompagnés et nous a mariés l’été dernier ! Je me souviens, lors des premières rencontres, de quelque chose de radieux et joyeux. On s’est vite dit : “C’est là qu’on veut être !”

Le témoignage de Fr. Alejandro sur son propre cheminement vocationnel, marqué par un désir profond d’authenticité, a été une source d’inspiration et de remise en question pour nous. Cela nous a complètement chamboulés !

CONSTRUIRE NOTRE FOI À DEUX

Très tôt, nous avons été impliqués dans la préparation du festival Brother Sun. Fr. Frédéric-Marie est venu nous chercher en nous invitant à participer à une réunion à Reinacker. On a été rapidement enthousiastes ! Entre Astrid et sa boîte d’événementiel et Maixent qui démarrait des missions en tant que chef de projet, on s’est aperçus qu’on pouvait apporter des compétences. Mais au-delà d’un aspect purement technique, cet engagement c’est d’abord, pour nous, un ancrage spirituel, l’occasion de temps de pause où l’on peut aussi se reconnecter ensemble à notre foi : on commence et on termine nos réunions de travail par une prière, on vit des temps fraternels, on est à la messe ensemble. Ce sont des moments qui nous sont offerts, qui nous font du bien et qui nous permettent cette reconnexion spirituelle recherchée.

Notre engagement dans le festival Brother Sun est aussi une manière de vivre une expérience spirituelle en couple, afin de ne pas laisser notre élan de foi retomber comme un soufflé après notre mariage. Les discussions et les échanges après chaque rencontre sont l’occasion de nous interroger mutuellement sur notre cheminement : Tu le vis comment ? Est-ce que c’est trop ? Ou pas assez ? Qu’est-ce que ça t’apporte spirituellement ? Ce projet est une vraie manière de construire notre foi à deux.

ENRICHIR UN LIEN AVEC LES FRÈRES

Si on a connu initialement les frères dans une sphère surtout spirituelle, avec ce projet Brother Sun, on entre dans quelque chose de beaucoup plus terre à terre. Mais ce rapport “professionnel” avec les frères s’est fait naturellement.

C’est l’occasion de connaître les frères de façon plus “entière”, comme l’impression de découvrir l’autre moitié ! Car on se fait toujours une idée d’un prêtre ou d’un frère comme un guide spirituel, mais quand on connaît cette facette professionnelle, c’est comme si un rideau tombait pour nous permettre de voir, en face de nous, une personne humaine tout simplement. Cette porosité entre le spirituel et le professionnel approfondit et enrichit nos liens avec les frères.

Cet engagement nous inspire également des choses dans nos travaux respectifs. On se demande parfois : “Tiens, peut-être que dans ma vie professionnelle je peux me réserver aussi un petit temps pour moi où je vais prier, marcher, faire un peu de méditation, me poser dans un jardin, etc.”

CONJUGUER SPIRITUALITÉ ET ENVIRONNEMENT

Le festival Brother Sun est aussi un projet qui pousse à conjuguer spiritualité et environnement. C’est un vrai plus qui nous motive dans cet engagement. Nous croyons que cet apport spirituel à l’écologie peut nous rendre plus grands, en nous aidant à regarder ce qui est beau autour de nous, ce qui a été fait par Dieu et qui nous a été donné de protéger. Et c’est logique, en fait, que les franciscains proposent des occasions de réflexion sur ces enjeux- là : poser le constat que l’on est tous dans le même bateau, sur cette terre qui chavire, ne peut que nous inviter à être toujours plus fraternels !

Le fait de placer la spiritualité au coeur de ces questions écologiques permet également d’adoucir un sujet qui peut souvent être source de tensions, comme une pommade qui permet de mieux comprendre et de grandir. C’est un peu comme quelqu’un qui n’aurait jamais donné de toute sa vie et qui, un jour, donne : s’il y a la spiritualité à côté qui lui explique le bien que ça lui a fait, ça démultiplie tout !

C’est aussi un projet qui nourrit notre espérance : bien que nous soyons très loin des actions à faire pour sauver la planète, vivre cette expérience c’est donner un premier sens à notre engagement pour le monde que nous avons pris le jour de notre mariage. Cette rencontre avec les frères, c’est nous offrir un sas de réflexion, d’échange, d’apprentissage qui nourrit notre spiritualité d’une part mais surtout notre humanité. Prendre conscience que malgré cette petite poussière que nous sommes, nous pouvons avoir un impact lorsque nous sommes unis, est un véritable souffle pour la vie.

(1) Afterwork, un jeudi sur deux, entre jeunes pros et frères au couvent Saint-François à Paris.


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