Saint Bonaventure : biographie express !

Il voulut présenter le charisme authentique de François, sa vie et son enseignement.

Qui est saint Bonaventure ? Quel rôle a-t-il joué dans l’histoire de l’Ordre franciscain ? Quel héritage nous laisse-t-il aujourd’hui ? Retour sur sa vie en six grandes étapes…

SES DÉBUTS UNIVERSITAIRES

Bonaventure est né aux alentours de 1217 à Bagnoregio, au nord de Rome. Lorsqu’il tombe gravement malade en 1230, il est guéri à la suite d’une prière adressée par sa mère à saint François d’Assise. À l’époque, la réputation de l’Université de Paris est telle que son père décide de l’envoyer faire des études en France à la Faculté des Arts. Il se forme en métaphysique, logique, médecine, astronomie… au contact des maîtres et étudiants qui affluent de toute l’Europe. C’est là qu’il se lie d’amitié avec un autre étudiant, le dominicain Thomas d’Aquin. Il y rencontre surtout Alexandre de Hales, théologien franciscain pour lequel il va nourrir une grande admiration. En 1243, il entre dans l’Ordre des frères mineurs et reçoit le nom de Bonaventure.

UN DÉFENSEUR DES ORDRES MENDIANTS

En 1256, une querelle éclate au sein de l’Église entre le clergé régulier (soumis à une Règle et ayant prononcé des vœux) et le clergé séculier. Les ordres mendiants sont alors très novateurs dans la manière d’envisager la vie religieuse, et l’authenticité de leur vie consacrée est mise en doute. En réaction, le clergé parisien empêche franciscains et dominicains d’enseigner à l’Université. Thomas d’Aquin comme Bonaventure sont contraints de la quitter. En réponse, Bonaventure écrit une défense retentissante des ordres mendiants intitulée “La perfection évangélique.” Suite à l’intervention du pape Alexandre V, il réintègre l’Université de Paris et obtient son doctorat de théologie.

Sur cette gravure de 1610, saint Thomas et saint Bonaventure sont expulsés de l’université de Paris par des étudiants.
Sur cette gravure de 1610, saint Thomas et saint Bonaventure sont expulsés de l’université de Paris par des étudiants.

LE SOUCI DE L’ORDRE FRANCISCAIN

La même année, en 1257, il est élu Ministre général de l’Ordre. Les frères mineurs sont plus de 30 000 dispersés dans tout l’Occident ! Différentes interprétations du message du Poverello voient le jour. L’Ordre risque de se diviser entre les “spirituels”, partisans d’une pauvreté radicale, et les “conventuels”, soucieux de l’évolution et de la pérennité de l’Ordre. Certains frères accusent aussi : “Paris [le milieu universitaire] détruit [l’esprit d’] Assise !”. Bonaventure a de quoi être désemparé et tourmenté. Durant tout son Généralat, il n’aura d’autre préoccupation que celles d’unifier, de réconcilier et de définir un cadre pour que ses frères puissent s’épanouir dans leur vocation. Il propose ainsi des “Constitutions générales”, normes réglementant la vie quotidienne des frères, ratifiées en 1260, au Chapitre général de Narbonne.

UN ARDENT THÉOLOGIEN

En plus de sa charge de Ministre général, Bonaventure poursuit sa réflexion théologique et mène de front une vie de prédicateur, d’enseignant et d’écrivain. À partir de 1259, il rédige de nombreux ouvrages de spiritualité tels que Les Trois voies de la Vie spirituelle, l’Itinéraire de l’esprit vers Dieu, le Soliloquium ou encore le Breviloquium, une synthèse de la foi catholique écrite à la demande et à l’usage des jeunes étudiants. Ce livre connut un succès très rapide et fut étudié et vulgarisé par saint François de Sales ou encore le cardinal Henri de Lubac. Dans un désir de transmission et de formation de ses frères, il rédige L’Arbre de Vie soit 48 méditations pour concentrer leur regard sur celui qu’ils ont promis de suivre : le Christ.

Enluminure d’une “Légende et vie de saint François d’Assise” (1504).
Enluminure d’une “Légende et vie de saint François d’Assise” (1504).

LE BIOGRAPHE DE FRANÇOIS

Toujours animé par ce même souci d’unité et de communion, il se lance dans la rédaction d’une biographie de saint François. “Il voulut présenter le charisme authentique de François, sa vie et son enseignement. Il rassembla donc avec un grand zèle des documents concernant le Poverello et il écouta avec attention les souvenirs de ceux qui avaient directement connu François.” (Benoît XVI, Audience générale du 3 mars 2010). C’est ainsi que naît la célèbre Legenda Major. En 1263, le Chapitre général de Pise l’approuve et l’impose comme seule biographie officielle. François est présenté comme un chercheur passionné du Christ.

UN CARDINAL AU SERVICE DE L’UNITÉ DE L’ÉGLISE

En 1273, le pape Grégoire X le fait cardinal. On raconte qu’à l’arrivée des envoyés du pape, apportant avec eux le galero cardinalice, ils le trouvent lavant la vaisselle avec ses frères. La légende fait dire à Bonaventure : “Laissez-moi d’abord finir la vaisselle !” Le pape convoque à la même période le IIe concile œcuménique de Lyon (1274) afin de rétablir la communion entre l’Église latine et l’Église grecque. Il demande à Bonaventure de participer à la préparation de ce concile mais il tombe malade et meurt, à Lyon, dans la nuit du 14 au 15 juillet 1274. Il est canonisé en 1482 par Sixte IV et proclamé docteur de l’Église, en 1587, par le pape Sixte Quint.

Cette tapisserie d’Aubusson (1290) raconte l’anecdote du saint recevant le chapeau de cardinal.
Dans l’église Saint-Bonaventure, à Lyon, cette tapisserie d’Aubusson (1290) raconte l’anecdote du saint recevant le chapeau de cardinal.

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