Originaire de la Province du Verbe Incarné(*) et en mission à Strasbourg depuis 2023 pour des études de théologie, Fr. Marcellin a également intégré, il y a quelques mois, l’équipe de la Pastorale des jeunes et des vocations de notre Province. Il nous partage aujourd’hui son chemin vocationnel.
Propos recueillis par Henri DE MAUDUIT
Savane, forêts, cascades, grands mammifères… Au nord du Bénin, le parc national de la Pendjari foisonne de vie. C’est à quelques kilomètres de la plus grande réserve faunique d’Afrique de l’Ouest qu’est né frère Marcellin Barka, à Natitingou, ville aujourd’hui en plein développement.
Il y fait la rencontre des franciscains dès son plus jeune âge. « Les frères étaient responsables de la paroisse où on se rendait en famille pour la messe. J’étais servant de messe et j’appartenais aussi à la Jeunesse franciscaine avec laquelle on rendait des services à la communauté. Cette proximité, à travers ces engagements que j’avais, m’a permis de découvrir les frères, le charisme franciscain et leur mission. Ce n’était pas une approche de loin, mais du quotidien », se souvient-il.
UN DÉSIR DE SERVIR
Avant-dernier d’une famille de cinq enfants, sa mère travaille en tant qu’éducatrice spécialisée à la Direction départementale de la famille et de la protection de l’enfance (Atacora-Donga) et son père est employé en station-service. S’il n’y a pas de « grande ferveur » dans la pratique religieuse familiale, les parents encouragent néanmoins les enfants à la prière. Cela nourrit, chez Marcellin, un désir déjà profondément ancré. « Je sentais une très forte attirance pour aller à l’église et je m’y rendais avec beaucoup de constance. J’étais particulièrement poussé par un désir de servir que j’avais au fond de moi et aussi de découvrir des choses à propos de la vie chrétienne. Comme un petit feu intérieur qui s’était allumé grâce à la pratique et aux sacrements d’initiation. »
VERS UN CHOIX DE VIE COMMUNAUTAIRE
Pendant ses années de collège et lycée, un désir de devenir franciscain grandit en lui. « Je me disais que ça allait passer, je ne le prenais pas très au sérieux ! Finalement, cet appel intérieur s’est accroché ! », raconte Fr. Marcellin, les yeux rieurs.
Dans sa famille maternelle, il se remémore un de ses oncles, « premier prêtre diocésain de toute la région. » Une réalité qui ne le séduit pas tellement, son appel le poussant plus vers un choix de vie communautaire. « Malgré leurs différences, je voyais que les frères arrivaient à se mettre ensemble pour travailler, à se coordonner pour proposer des activités communes. » Notre frère cite aussi le sens de l’accueil et l’accessibilité. « Ils étaient disponibles, même sans rendez-vous ! Pour rencontrer un frère, il n’y a pas de protocole. Je me rappelle aussi avoir été marqué par la simplicité de vie des frères. Même pour la liturgie, ils étaient habillés sobrement. J’ai découvert que l’on peut vivre simplement, sans s’encombrer », conclut-il.
« JE N’AI FORCÉ AUCUNE PORTE »
Quand il a annoncé la nouvelle à son père, il se souvient d’un visage devenu sombre, marqué par une forme de déception. « Il voyait que mes projets, et en particulier mon désir d’enseigner, s’arrêtaient. Étant donné qu’il n’était pas trop dans les affaires de religion, il ne voyait pas bien où mon choix vocationnel pouvait aboutir et ce que l’Église pouvait apporter. Mais j’ai été touché par sa réponse : « Écoute Marcellin, je ne peux pas t’obliger à porter une chemise que tu ne veux pas porter. Si tu sens que tu seras bien dans cette vie, mes prières t’accompagnent ». Pour ma mère, c’était le contraire : « Si c’est ton choix, si tu as ce désir au fond de toi, vas-y ! » »
Par la suite, son choix suscitant des remarques de son entourage, quelques doutes traversent son appel. « Pas mal de personnes ont, d’une certaine façon, essayé de me dissuader ou, du moins, ne m’encourageaient pas car elles ne voyaient pas d’avenir pour moi dans l’Église. Je me rappelle, dans mes prières, avoir dit au Seigneur : « Voilà le désir qui est là, en moi. Si c’est ce choix de vie auquel tu m’appelles, que les portes puissent s’ouvrir jusqu’au bout. Et si tu penses que ce n’est pas ça, que je me trompe, arrange-toi pour que je rencontre des difficultés, que je n’aille pas loin dans ce cheminement. Si ce n’est pas ça, ferme-moi les portes ! » » Dans sa prière d’abandon, il remet ce désir intérieur à la volonté du Père. « Finalement, quand je relis mon parcours, je n’ai forcé aucune porte ! »
DU BÉNIN À STRASBOURG
En 2009, il écrit sa lettre de demande pour entrer au postulat. « J’ai exprimé mes motivations, disant que j’étais séduit par la simplicité de vie, saint François et la vie communautaire. J’ai reçu une réponse positive et j’ai intégré le postulat au Togo la même année. » Quelques années plus tard, il confie, dans un large sourire, à propos de sa profession solennelle : « J’ai eu la chance de la faire dans ma paroisse d’enfance, là où j’ai connu les franciscains ! »
Après son ordination, Fr. Marcellin se voit confier, par son provincial, une mission au Bénin auprès des jeunes. Quatre ans plus tard, c’est en France qu’il est envoyé pour continuer ses études, intégrant alors un master de théologie à Strasbourg. « Là-bas, j’ai retrouvé frère Hugues Roquette que j’avais connu alors que j’étais collégien au Bénin. » La boucle est bouclée !
(*) Province franciscaine regroupant le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Burkina Fasso.