Retour sur le chantier bénévole de l’été 2024 à La Cordelle

Nous nous sentons profondément chanceux. Tout ne peut pas se dire ici (…) et j’ai le sentiment de ne pouvoir qu’effleurer l’essentiel.

Comme depuis maintenant deux ans chaque été, nous avons rendez-vous à La Cordelle, dans la chaleur du mois d’août, pour un chantier bénévole. Notre objectif ? Restaurer les murs de clôture de l’ermitage.

« Nous », c’est moi Marion et Arnaud, mon compagnon, tous deux maçons-tailleurs de pierre. Nous avons choisi de partager notre vie et notre passion en travaillant une partie de l’année ensemble, et en encadrant des chantiers bénévoles, notamment l’été. Nous dispensons alors quelques conseils techniques à des jeunes comme à des moins jeunes désirant en savoir plus sur le travail de la maçonnerie.

A La Cordelle, le chantier est d’autant plus particulier que le lieu et ses habitants m’ont happé il y a de cela maintenant plusieurs années (retrouvez le témoignage de Marion). Comme beaucoup d’autres personnes proches de ces lieux, j’entretiens avec l’ermitage une relation fidèle : un endroit qui m’emporte et me nourrit, où je puise le calme et le ressourcement nécessaire à ma vie.
Arnaud a choisi de me suivre et vit lui aussi désormais sa propre histoire avec les pierres qui composent les lieux. Peu dissert, je n’ai pas matière à vous en parler mieux que cela : c’est une forme de mystère qui n’appartient qu’à lui. Il aime être ici. Nous aimons être ici.

UNE JOYEUSE FOURMILIÈRE

Mais calme et ressourcement n’ont pourtant pas été les maîtres mots de cette semaine de chantier du 15 août ! Voici que, cette année, une joyeuse bande de compagnons scouts (18 ans et plus), chanteurs, blagueurs et pleins d’entrain, se sont joint au petit groupe déjà constitué pour vivre ce chantier 2024, venant troubler la quiétude habituelle du flanc nord de la colline éternelle.
Très vite, la fourmilière s’organise. Très vite, chacun prend acte de nos consignes, de nos conseils, de notre vision dispensée. Toujours avec émotion, j’écoute moi-même Arnaud parler à mots couverts de son amour pour la pierre, des outils pour la travailler et du bâti qu’elle génère. L’écoute du petit groupe se révèle de grande qualité et l’intelligence collective se met vite à l’œuvre. J’observe et accompagne, ravie, émerveillée, la dépose puis la repose des deux parties du mur de clôture en travaux cette année : l’un proche de la chapelle le long du chemin de Compostelle montant à Vézelay, l’autre au niveau du chevet de l’ancienne église du couvent. Le tout s’est joué en quatre jours et demi expéditifs et pourtant immenses.
Comment, en si peu de temps, tant de choses peuvent se jouer ? « La magie de la Cordelle », comme beaucoup l’ont évoqué, a fait son œuvre, une fois de plus. Quatre jours et demi de confiance et de partage, rythmés par la présence amicale et essentielle des frères et de l’équipe de cuisine, « ciment » de la convivialité.
Ciment ou mortier ? Aucun ciment à la Cordelle, que du travail à la chaux, pour un résultat objectivement très réussi : une maçonnerie évoquant la pierre sèche, typique du patrimoine bourguignon, et travaillée comme autrefois, la joie et l’humour en plus ! Quel bonheur de faire ensemble, de rire, d’échanger, comme nous l’avons vécu de cette manière.

LA SÈVE DE LA RENCONTRE

Nous nous sentons profondément chanceux. Tout ne peut pas se dire ici, et Arnaud gardera le secret de ce qu’il a vécu au cours de ces moments. Quant à moi, j’ai le sentiment de ne pouvoir qu’effleurer l’essentiel.
Je pourrais vous parler de « Mon ami Edouard », une chansonnette qui fait mal aux jambes, ou de « Trois nains qui s’en vont à la mine », je pourrais vous parler des salades colorées du midi de Thierry, de la douceur du soir, des chants pendant la vaisselle, du bruit des pierres que l’on taille, que l’on pose, que l’on retourne, que… « attends, peut-être que si tu la décales un peu sur ta gauche… ».
Il me reste l’émotion qui me traverse à mesure que j’écris ces lignes et que je retrace ces quelques jours hors du temps, emplis de la sève de la rencontre, de ce qu’il s’est dit, écrit, produit, partagé entre chacun ces jours-là. Finalement, un temps qui nous aide, nous porte, nous emporte… une nouvelle fois !

Marion

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