Jeunes avec François

Guillaume Maréchal

“François a réussi à mettre de la cohérence dans sa vie avec l’Évangile”
J’aime que les franciscains se saisissent de ces questions de société et les rapprochent de l’Évangile.

Engagé au Poulailler, l’afterwork de la fraternité de Paris, Guillaume Maréchal, 31 ans, partage ses réflexions sur le rôle que peut jouer l’Évangile dans notre société en crise.

Si je viens d’une famille catholique, pendant quelques années je me suis éloigné de l’Église et de la foi. J’y suis revenu assez naturellement à un moment ou je ne m’y attendais pas. Je me suis senti tel le fils prodigue ! Il y a environ un an, alors que je randonnais avec un ami dans le Morvan, nous avons croisé un homme qui avait été récemment guéri d’un cancer et qui marchait sur les chemins d’Assise pour rendre grâce. On a eu un beau moment de partage avec lui et quelques mois après, ce souvenir m’est revenu et je suis parti sur les chemins d’Assise avec, dans mon sac à dos, une petite bibliothèque : Sagesse d’un pauvre, Les Fiorettis, etc. En rentrant de cette marche, j’ai voulu aller plus loin avec les franciscains pour approfondir ce que j’avais cru comprendre à travers ces lectures. J’ai alors découvert l’afterwork “le Poulailler” qui se réunit au couvent de la rue Marie-Rose, j’y suis allé pour voir, par curiosité.

RETOUR À L’ÉVANGILE

Au Poulailler, on parle beaucoup des crises actuelles et du contexte d’incertitudes. Et je crois que l’Église y a toute sa place : dans les questions de bioéthique ou de fin de vie par exemple, mais aussi dans les questions de modèle économique ou de justice sociale. Mais pour cela, il me semble que l’enjeu principal c’est celui du retour à l’Évangile. Comment le mettre en cohérence au sein de nos vies, de notre société, en termes de sens à donner à la place de l’homme mais aussi de raison d’être de notre société ? La simplicité évangélique pourrait permettre d’accueillir plus encore les personnes et questionner notre vie politique en général. En tout cas, j’aime que les franciscains se saisissent de ces questions de société et les rapprochent de l’Évangile. Ils nous apportent leur vision là-dessus et ça me nourrit d’un point de vue spirituel et très concrètement. C’est un espace de partage et d’échanges qui est riche, c’est une bouffée d’air. Je suis aussi nourri par l’échange et le partage qu’on a entre jeunes. Après avoir abordé pas mal de constats, on est davantage dans l’action ces derniers mois. On propose des choses à mettre en place au sein de nos vies pour nous rapprocher de nos convictions spirituelles, écologiques, sociales, etc.

LA RADICALITÉ COMME CHEMIN

À travers quelques lectures, j’ai aussi découvert saint François. Ce que j’ai tout de suite aimé chez lui, c’est sa radicalité à travers son message qui est à la fois contemplation de l’Homme et de la terre, et action. Je trouve qu’il représente bien ce que le pape François définit comme l’écologie intégrale, avec notre relation à Dieu, notre relation à l’homme et notre relation à la Terre. Le retour de François à l’Évangile est, pour moi, un exemple à suivre pour sortir du malaise d’une société tiraillée entre des injonctions paradoxales. Il porte un projet de société à l’opposé des ambitions individuelles et matérialistes d’aujourd’hui. Je trouve qu’il a réussi à mettre de la cohérence dans sa vie et dans son œuvre à travers l’Évangile. J’aime aussi ses moments de doutes et de tentations. Comme dans Sagesse d’un pauvre : il voit que son ordre le dépasse et que ce n’est plus exactement comme il l’avait imaginé. Il doit alors abandonner ce qu’il a dû faire pour s’approcher de la volonté de Dieu. La façon dont il se sort de ces moments-là me parle beaucoup parce que c’est un chemin pour nous aujourd’hui : en vivant au plus près de l’Évangile et en choisissant des vies radicales.

UN WEEK-END POUR S’ENRICHIR ENTRE JEUNES

En début d’année, j’ai aussi pu participer au WEFA (Week-end avec François d’Assise) à Brive. J’ai aimé l’ambiance qui s’en est dégagée, à la fois joyeuse et sobre. J’ai senti ce que vivent les frères là-bas. C’est quelque chose de précieux et de guidant parce que ça ouvre, pour moi, un chemin différent dans une société du plaisir instantané, de consommation individualiste… Les frères nous partagent la preuve d’une joie simple, partagée entre frères et avec nous, et la voie d’un mode de vie qui, à mon avis, est une réponse évidente aux crises qu’on rencontre. Ensemble, je vois qu’il y a une volonté commune de s’engager, elle vient vraiment du cœur, mais en même temps, il y a aussi des hésitations, des doutes sur comment le faire, comment vivre sa foi, son engagement, sa radicalité, sa volonté de faire plus, etc. Je trouve qu’on s’enrichit de nos expériences et de nos questionnements mutuels et même si on n’a pas toujours les mêmes avis, ça fait plaisir de se retrouver avec ces personnes avec qui on a une direction commune !

Guillaume MARÉCHAL

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