À cœur
ouvert

Frère Yannick portrait

Fr. Yannick Le Maou

“Voilà ce que je veux vivre !”
Très tôt, j’ai eu la conviction ferme de la présence de Jésus auprès de moi.
Yannick Le Maou et Michel Laloux discutent

Bio express

29 mars 1960

Naissance à Conflans-Sainte-Honorine.


Juillet 1990

Pèlerinage à Assise.


Décembre 1990

Entrée au postulat à Fontenay-sous-Bois.


8 septembre 1991

Entrée au noviciat à Besançon.


13 juin 1998

Profession solennelle à Orléans (le jour de la saint Antoine).


De 1999 à 2005, puis depuis 2019

Responsable du premier accueil et de l’admission au postulat.


De 2003 à 2012, puis depuis avril 2019

Définiteur provincial.


Depuis juin 2022

Économe provincial.

Propos recueillis par Henri DE MAUDUIT

Fr. Yannick, Économe provincial en fraternité à Paris et élu au Définitoire lors du Chapitre provincial, nous partage son chemin vocationnel.

C’est au confluent de l’Oise et de la Seine, à Chennevières dans le quartier breton de Conflans-Sainte-Honorine, qu’est né Fr. Yannick. Dans une famille dont le père anticlérical a tenu à ce que ses enfants soient baptisés, il est élevé dans la foi dès sa petite enfance par sa grand-mère paternelle. “C’est elle qui m’a donné le goût de la prière. Chez elle, la Bible était toujours ouverte et chaque soir elle en lisait un passage.” se souvient-il. Une habitude qu’il prend lui aussi très jeune, vers l’âge de 8 ans. “La Bible a toujours été sur ma table de chevet. Je lisais particulièrement l’Évangile de Matthieu. À la maison, j’étais le seul à avoir la foi, ce que les miens ne comprenaient pas, et, quand j’ai voulu suivre le catéchisme, la réponse fût négative. Très tôt j’ai eu la conviction ferme de la présence de Jésus auprès de moi et de sa fidélité inaltérable.”

DE SAINT ANTOINE À SAINT FRANÇOIS

Après cinq années à l’École Hôtelière de Paris, il commence à travailler. Sa pratique religieuse devient beaucoup plus importante. En parallèle, il s’engage dans le mouvement des scouts protestants, les Éclaireurs unionistes. “Je vivais dans le 18e, près de Notre-Dame-de-Clignancourt, puis j’ai déménagé Porte de Versailles où la paroisse était Saint-Antoine-de-Padoue.” Un clin d’œil puisque, non sans humour, il se souvient de la dévotion toute spéciale de sa mère pour le saint portugais. “Qu’elle priait comme ça, simplement, parce qu’elle avait perdu des choses qu’elle voulait retrouver, ça m’agaçait prodigieusement !” se souvient-il. À l’intérieur, sa réaction est la même: “Près du chœur, se souvient-il, il y avait une grande statue de François d’Assise qui, lui évidemment, n’avait jamais un cierge car ils étaient tous aux pieds de saint Antoine !” Malgré tout, approfondissant la vie d’Antoine de Padoue, il découvre petit à petit celle de François d’Assise et commence à lire les sources franciscaines. Il est alors touché par l’exclamation de François entendant l’Évangile de l’envoi des disciples en mission. “Voilà ce que je veux, voilà ce que je cherche, voilà ce que de tout mon cœur je brûle d’accomplir.” (1 Ce 22)

QUESTIONS ET INTERPELLATIONS

À 28 ans, Fr. Yannick travaille dans des palaces parisiens et ressent un écart de plus en plus grand entre sa vie professionnelle et les valeurs qu’il porte en lui. “Dans ces grands palaces, il y avait une forme de pauvreté humaine importante — des personnes brillaient certainement de l’extérieur mais leurs vies paraissaient vides et très solitaires — et cela m’a interpellé, je me suis dit que je n’étais pas à ma place ici.” “À l’époque, je continuais de fréquenter les Éclaireurs unionistes. Nicolas, un des accompagnateurs du mouvement voulait m’intégrer au niveau national dans l’équipe spirituelle. Voyant ma foi et mon investissement, il me rappelle l’interrogation du pape Jean-Paul II et me retourne la question : “France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? Qu’as-tu fait de ton baptême ?” et toi que fais-tu de ton baptême ? Sans qu’il s’en rende compte, cet appel m’a conduit à cheminer vers la vocation religieuse.”

PREMIÈRES RENCONTRES

Son désir de discernement le conduit alors à faire de nombreuses retraites. Au cours de l’une d’entre elles, à Saint-Benoît-sur-Loire, il tombe sur un tract de la Route d’Assise. “J’ai rapidement pris contact avec les frères et mon cheminement a commencé. Je me suis d’abord rendu au Couvent Saint-François à Paris.” Il raconte, comme si c’était hier. “C’était un dimanche après-midi, tout était noir dans le hall, aucune lumière… J’ai attendu quelques minutes, j’ai sonné en vain. Et puis, d’un coup, j’ai vu la porte s’ouvrir : le Fr. Gildas, très âgé, est passé dans le couloir avec sa bure, tout chétif, et m’a regardé dans un grand sourire ! Je suis resté jusqu’à la messe à 17 h 30 qui était présidée par le Fr. Lucien Merlin. Pendant l’homélie, il a sorti quelques blagues, les gens riaient… Cela m’a beaucoup étonné !” Quelques temps plus tard, la Route d’Assise lui permet de rencontrer d’autres frères et de poursuivre son discernement. “J’ai été très marqué par les lieux, notamment l’ermitage de San Urbano avec son cloître ouvert sur l’extérieur. Pour moi c’était vraiment significatif de la vie franciscaine : notre cloître, c’est le monde.” Une vie mi-contemplative, mi-apostolique qu’il mènera quelques mois plus tard lorsqu’il entrera au Postulat interne, continuant de travailler dans l’hôtellerie en journée mais rentrant le soir dans la communauté des frères de Fontenay-sous-Bois !

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