À cœur
ouvert

Fr. Dominique Joly

“Les frères m’ont accueilli comme si j’étais l’un des leurs”
En un instant, ma décision était prise, comme une espèce de conviction qui surgit en moi.

Bio express

7 avril 1955

Naissance à Besançon.


1973

Voyage à Assise.


1977

Entrée au postulat à Strasbourg.


4 avril 1983

Profession solennelle.


1982

Aumônier national des forains (jusqu’en 2009).


24 juin 1984

Ordination sacerdotale.


2004

Directeur des pèlerinages franciscains.


2009

Ministre provincial de la Province des Trois Compagnons.


2022

Définiteur de la province.

Propos recueillis par Henri DE MAUDUIT

Fr. Dominique Joly, en fraternité à Strasbourg et Définiteur provincial, est aussi aumônier des gens du voyage du Bas-Rhin. Une mission qui n’est pas sans lien avec son cheminement vocationnel.

Né dans le Haut-Doubs et issu d’une famille catholique pratiquante, il confie d’emblée : “Je ne me souviens pas du moment où j’ai voulu être prêtre… Je crois que j’ai toujours voulu le devenir.” Entouré d’un oncle prêtre et une tante religieuse, il se souvient avoir grandi dans un cadre porteur pour sa foi. “Parfois, plutôt que de regarder la télévision, je préférais aller aux complies ou aux vêpres à l’église, le dimanche”, s’amuse celui qui a aussi été longtemps enfant de choeur.

DU SÉMINAIRE AUX FRANCISCAINS

Après le petit séminaire à Maîche, puis à Besançon jusqu’à la terminale, il prévoit d’aller au grand séminaire de Dijon. Mais au cours d’un week-end de rencontre avec des séminaristes, il change d’avis. “Après toutes ces années scolaires en internat, je n’avais pas du tout envie de me retrouver dans la même situation.” Et quand il partage ses doutes au supérieur du séminaire, ainsi que son désir de trouver une vie plus communautaire en contact avec des gens simples, il se voit répondre : “Va voir les franciscains, ce n’est pas tellement ton genre mais ça te plaira peut-être !”

Il se rend donc auprès de la communauté la plus proche, la fraternité de la Chapelle-des-Buis, sur les hauteurs de Besançon. Il se remémore un accueil chaleureux de la part des frères. “J’avais l’impression de ne pas être pris pour un collégien. J’ai senti une ouverture, que les frères prenaient au sérieux ma démarche. Et j’ai été très touché par les relations fraternelles. Les frères m’ont accueilli comme si j’étais un frère, l’un des leurs.” Lorsqu’il se confie à ses parents, il se souvient de la remarque de son père : “Si tu choisis la vocation religieuse, il faut que tu restes fidèle, que tu tiennes dans le choix que tu as fait.”

D’ASSISE À STRASBOURG, AVEC LES FRÈRES

Il a alors 18 ans et le bac en poche. À la surprise de ses parents, il souhaite “prendre le large” avant d’entrer chez les frères et décide d’aller faire des études à Strasbourg. Il accepte néanmoins une invitation des frères pour les accompagner à Assise. “J’étais complètement insouciant”, sourit Fr. Dominique. “Je devais rejoindre les frères à Milan mais je n’avais aucune notion du temps de trajet et quand je suis arrivé, les frères étaient déjà partis !” Sans se laisser abattre, il fait appeler les frères dans les haut-parleurs de la gare, en vain… Il embarque malgré tout dans un train pour Florence et, de péripétie en péripétie, après quelques gares manquées et un voyage qui se termine en auto-stop, il retrouve les frères 24 heures plus tard à San Urbano di Narni. “J’ai vécu quelque chose de très riche. Je me souviens d’avoir été émerveillé par la beauté des paysages et la découverte d’Assise. Et j’ai pu découvrir saint François que je ne connaissais pas encore beaucoup. Jusque-là, j’avais été séduit plus par la vie des franciscains que par saint François lui-même.”
De retour à Strasbourg pour ses études, il s’inscrit à la fac en psychologie. Rapidement, il se met en relation avec les frères d’une petite fraternité franciscaine installée en milieu gitan, au Polygone. Avec d’autres jeunes, ils constituent un groupe qui se réunit souvent chez les frères pour prier, échanger, prendre un repas commun. “À ce moment-là, j’ai participé aussi à la fondation de l’association Appona (Association pour la promotion des populations d’origine nomade d’Alsace) pour venir en aide aux gens du voyage en situation difficile : problèmes économiques ou de délinquance. Avec un frère aumônier des gitans, nous allions rencontrer les familles”, se souvient-il. Ce premier contact avec le monde forain le marque. “J’étais fasciné d’être dans un monde très différent du mien. Petit à petit, j’ai découvert leur culture musicale, leur langue…”

L’APPEL

Après avoir goûté à la liberté de ces années étudiantes, et malgré ce voyage en Italie, l’envie d’entrer chez les frères lui passe. “Une bonne chose pour préparer la suite en toute liberté”, confie-t-il. Un jour pourtant, comme un coup de foudre, il ressent un appel. Il s’en souvient comme si c’était hier : “J’étais seul en train de marcher dans les bois et soudain je me suis dit intérieurement : C’est là que je veux faire ma vie, chez les franciscains ! En un instant, ma décision était prise, comme une espèce de conviction qui surgit en moi.” Fraternité, simplicité dans les relations, attachement au Christ, et l’Évangile au centre de la vie… “Cette vie avec les frères correspondait à ce que je recherchais, c’était un modèle qui me convenait.”
“À cette époque, dans la lancée du concile Vatican II de mai 1968, on était un peu contestataires. On ne voulait pas de couvent mais une Église ouverte, c’était un idéal”, raconte Fr. Dominique. Mais séduit par la figure de saint François, notamment à travers la lecture de biographies et écrits du Poverello, il désirait être “aussi radical que lui dans la vie selon l’Évangile, lui qui était entièrement donné au Christ.” Il entre alors au Postulat dans cette petite fraternité de Strasbourg qu’il connaît bien, proche des forains, des bateliers et des gens du voyage qu’il servira ensuite pendant plus de 25 ans !

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