À cœur
ouvert

Fr. Massimo Fusarelli

“Servir le Christ, accompagner les pauvres, et être avec des frères”
Je voulais le sacerdoce, annoncer le Christ, évangéliser le monde ou encore réformer l’Église.

Bio express

30 mars 1963

Naissance à Rome.


30 juillet 1983

Premiers vœux.


9 janvier 1989

Profession solennelle.


30 septembre 1989

Ordination sacerdotale.


2003

Rejoint la Curie générale comme Secrétaire général pour la formation et les études de l’Ordre.


2 juillet 2020

Élu Ministre provincial de la Province Saint Bonaventure (Latium et Abruzzes).


13 juillet 2021

Élu Ministre général de l’Ordre.

Propos recueillis par Claire RIOBÉ

“Quand je repense à ma vocation franciscaine, je retrouve un fil rouge, présent jusqu’à aujourd’hui: cet amour intérieur de servir le Christ et de vivre une vie qui Lui est entièrement consacrée, ce désir d’accompagner les plus pauvres, et faire tout cela avec d’autres frères. Je dirais que ce sont les trois choses qui m’ont guidé jusqu’à aujourd’hui.” Fr. Massimo Fusarelli, notre Ministre général élu en juillet 2021, a fraternellement accepté de nous partager sa vocation franciscaine.

Je suis né à Rome le 30 mars 1963, dans une famille très simple, pas vraiment religieuse. J’ai reçu tous les sacrements, mais seulement par tradition, car nous ne priions jamais ensemble et n’allions pas à la messe. Mes parents étaient même anticléricaux, en particulier mon père, qui était un ouvrier. Ils m’ont éduqué avec une certaine sévérité, en m’apprenant la sobriété et l’honnêteté du travail. En fait, les valeurs franciscaines, je les ai d’abord découvertes à la maison ! Je garde énormément de gratitude envers eux, car je leur dois le choix de ma vocation et le fait de m’y être tenu jusqu’au bout. Quand je regarde l’adolescence des jeunes d’aujourd’hui, je me dis que la mienne était bien plus simple, à l’époque ! J’étais un garçon réservé et avais un côté intellectuel rebelle, qui aimait beaucoup débattre de politique. Je m’opposais aux idées de mon père, et ai commencé à faire des recherches, de mon côté. À 16 ans, je me suis rapproché, avec un ami, de la paroisse franciscaine de Tivoli. Pour la première fois, j’ai découvert là-bas le contact quotidien avec l’Évangile et la vie au sein d’un groupe de jeunes. Cette expérience m’a ouvert les yeux sur le monde.

UNE SOIF DE RADICALITÉ

J’avais 19 ans, en 1982, lorsque j’ai décidé de rentrer dans l’Ordre. J’avais beaucoup d’enthousiasme, une envie de radicalité. J’étais sûr de mon choix, je voulais le sacerdoce, annoncer le Christ, évangéliser le monde ou encore réformer l’Église. Mon caractère n’a pas vraiment changé, mais disons que j’étais un peu plus impulsif. Quand j’y repense, cela me fait sourire. Je vois que j’étais très jeune, trop d’ailleurs, dirait-on aujourd’hui ! Je me souviens très précisément du moment où j’ai annoncé mon entrée au couvent à ma famille. À ma mère, d’abord, qui se trouvait à la maison. Je suis entré dans la cuisine et ai commencé à lui parler, encore et encore, sans arriver à cracher le morceau. Tout d’un coup, elle m’a regardé et m’a dit : “Mais au fond, Massimo, qu’est-ce que tu veux ?”. Je crois qu’elle avait déjà un peu compris… les mères sont comme cela, elles devinent certaines choses rien qu’en nous voyant ! Sur le moment, elle a beaucoup pleuré et a tenté de m’en dissuader. Quelques jours plus tard, j’ai parlé à mon père. Il ne m’a jamais vraiment dit ce qu’il en avait pensé, d’ailleurs. Il m’a seulement répondu : “Écoute, si c’est ça que tu veux, vas-y. Mais si tu fais un choix, assume-le jusqu’au bout, comme un homme.” Bien sûr, je ne suis pas resté franciscain car mon père me l’avait demandé, mais je garde cela en moi jusqu’à aujourd’hui : “Un choix est un choix, suis-le jusqu’au bout.”

LA VIE FRANCISCAINE CONSUMÉE

J’ai passé mon noviciat à Fonte Colombo, dans la vallée de Rieti, auprès d’une communauté de frères particulièrement dynamique. Les lieux étaient restés austères, et nous vivions de façon très simple et traditionnelle. Travail, silence, prière : c’est à leur contact que j’ai découvert la vraie vie franciscaine, consumée ! Je garde de très beaux souvenirs de cette période, mais il y a aussi eu de la souffrance, car j’ai vécu là-bas ma première crise vocationnelle. C’était juste après Noël, j’étais fatigué et voulais quitter les franciscains. J’ai failli tout arrêter. L’aide d’un frère formateur, très simple, m’a aidé à persévérer. Par la suite, j’ai été envoyé six ans à Frascati, près de Rome, pour mes études de théologie et de philosophie. Là aussi, ça a été une expérience très forte, car j’ai commencé là-bas à avoir un profond doute spirituel et intellectuel. Un doute affectif : “Mais où est Dieu face à tout ce qui se passe dans le monde ?” J’ai continué à prier et à vivre en communauté, mais ça me consumait de l’intérieur. Je me disais que peut-être, au fond, je ne croyais plus. Mais ce qui m’a finalement aidé à dépasser ce doute du rationalisme, c’est de découvrir le doute de mon propre cœur, plus profond. C’était un cri que je portais en moi, et que j’ai pu exprimer et laver. Et ainsi, je suis arrivé au jour de ma profession solennelle, le 9 janvier 1989, dans un très grand calme intérieur !

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