À cœur
ouvert

Fr Jacques Jouët portrait

Fr. Jacques Jouët

“Faire des ponts entre la rue et l’Église”
Comme une libération, avec François d’Assise, la synthèse peut se faire !
fr Jacques jouet guitare musique franciscain

Bio express

29 juillet 1966

Naissance à Pontivy (56).


1986

Groupe de réflexion vocationnelle à Vannes.


1990

Entrée au séminaire interdiocésain de Vannes.


1994

Entrée au postulat à Rouen.


8 septembre 1995

Entrée au noviciat au Havre.


24 mars 2002

Profession solennelle.


8 septembre 2019

Arrivée dans la fraternité de Nantes.

Propos recueillis par Henri DE MAUDUIT

Avant de devenir franciscain, Fr. Jacques Jouët a longtemps hésité entre la musique, la vocation religieuse et les injustices sociales, jusqu’à sa rencontre avec saint François.

“J’ai eu la foi très vite, très jeune” annonce d’emblée Fr. Jacques. Jésus, il le découvre dès sa petite enfance, dans un contexte d’amour familial très chaleureux. Mais ce n’est pas si simple pour autant, car ses parents sont issus de classes sociales bien différentes : “D’un côté, il y a une très grande pauvreté mais l’amour d’une famille et de l’autre, une famille aisée mais qui se déchire”. Un élément important qui jouera plus tard dans sa vocation. “Il a fallu construire des ponts entre des catégories qui s’ignoraient”. Sa joie d’être chrétien passe très tôt par le chant : “Je me souviens me dire à moi-même : je suis bien, je suis heureux… et de chantonner ! Les gens me donnaient alors des bonbons pour que je continue à chanter ! Je n’avais pas peur de dire à tout le monde que quand je serai grand, je serai comme M. le curé !” En sixième, Fr. Jacques quitte son village breton pour entrer au petit séminaire de Ploërmel (56) jusqu’à sa fermeture un an plus tard. Le responsable du séminaire décide alors de créer une formule originale en proposant des rencontres entre jeunes autour de différents thèmes. “Il avait monté, par exemple, le Grand cirque pour Dieu où l’on faisait des spectacles religieux. On se déguisait en clown, en artiste… On mêlait la musique, les chants, le spectacle, avec la prière”. C’est aussi à cette période qu’il intègre une fédération musicale et commence à jouer de la trompette et de la guitare. “On était un peu troubadours. Avec les musiciens et les chanteurs, on allait de paroisse en paroisse dans le diocèse pour animer les messes” évoque-t-il un sourire aux lèvres.

CHANTEUR DE DIEU

À l’âge où l’on cherche sa place dans le monde, Fr. Jacques pense à plusieurs choses. “Je me posais des questions par rapport aux pauvres, j’étais un peu écorché face aux injustices”. Adolescent, il est également marqué par sa rencontre avec le chanteur Jean-Claude Gianadda. “Le fait qu’il chante ainsi avec sa guitare m’a beaucoup touché et remué. Je me suis curieusement vu faire quelque chose comme lui, ça me brûlait”. C’est finalement sa sensibilité face aux injustices qui le poussera, après le lycée et un court cursus en faculté de droit, à saisir une opportunité et effectuer des remplacements en tant qu’éducateur près de Paimpont (56). La question religieuse continue cependant de le travailler et il fréquente en parallèle un groupe de réflexion vocationnelle pendant plusieurs années. En février 1990, après une retraite ignatienne à Penboc’h (56), il prend la décision d’entrer au séminaire interdiocésain de Vannes. Mais la musique n’est jamais loin… “En parallèle, j’avais monté un groupe et j’étais chanteur dans les bars aux alentours de Vannes. Je jouais Brel, Cabrel, Brassens, Maxime Le Forestier… Lorsque j’étais animateur liturgique, mon style était un peu marqué par le côté saltimbanque des bars”.

LA SYNTHÈSE AVEC FRANÇOIS D’ASSISE

Mais Fr. Jacques est lucide. “Je sentais que mon style ne collait pas tellement pour devenir un prêtre diocésain de paroisse”. Il découvre alors la spiritualité franciscaine grâce aux cours d’un professeur du séminaire. “Dans les livres qu’il nous donne, il y en a deux d’Éloi Leclerc : Sagesse d’un pauvre et Le retour à l’Évangile. Ce professeur était passionné et passionnant, il y a quelque chose qui a remué en moi”. La découverte de François d’Assise apporte alors des réponses à ses aspirations personnelles : les liens avec les pauvres, la louange… “Être joyeux tout en étant pauvre ! Comme une libération, avec François d’Assise, la synthèse peut se faire entre tout ce que je cherche : être dans l’Église et travailler pour elle, servir les pauvres, chanter la louange de Dieu, donner ma vie entièrement, être libre, faire des ponts entre la rue et l’Église…” Après quatre ans au séminaire, Fr. Jacques décide donc de poursuivre sa route chez les franciscains, encouragé par son conseiller spirituel : “Il m’a dit : voilà une porte à laquelle tu pourrais frapper. Je suis allé à Rennes et c’est le frère Jean Normant qui m’a accueilli. Je n’avais alors aucune idée de ce qu’étaient les franciscains en France”. Il se souvient de la vie des frères, à Rennes ou ailleurs : “Certains vivaient dans des HLM, il y avait frère Marcelin qui vivait dans une roulotte et qui se rendait sur les terrains des gitans, un autre frère aumônier de prison, un autre encore dans un hôpital psychiatrique. Ça m’intéressait de voir qu’il y avait des frères qui vivaient une pauvreté et une proximité avec les gens”. Aujourd’hui, 19 ans après sa profession solennelle, Fr. Jacques continue de chanter tout en répondant à son désir de servir les pauvres. Entre la bure et la guitare, la synthèse est faite !

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