À cœur
ouvert

Fr. Jean-Marie Miki Kasongo

“Si c’est ta voie, tu y arriveras”
“J’ai reçu les rudiments de ma foi dans l’œcuménisme et l’interreligieux.
fr Miki Kasongo Clarté Dieu

Bio express

14 septembre 1979

Naissance à Kamina (Congo-Kinshasa).


14 septembre 2001

Entrée au Postulat à Lukelenge (dans le Kasaï Congo).


14 août 2002

Entrée au Noviciat à Lubumbashi.


8 septembre 2008

Profession solennelle.


24 juillet 2010

Ordination sacerdotale.


28 juillet 2011

Arrivée dans la fraternité de Paris pour poursuivre sa thèse.


22 avril 2022

Élu définiteur de la Province de France-Belgique.

Propos recueillis par Henri DE MAUDUIT

Fr. Jean-Marie Miki Kasongo, de la Province Saint-Benoît l’Africain (Congo-Kinshasa), a été élu au Définitoire lors du Chapitre provincial, il nous partage dans ce numéro son chemin vocationnel.

Originaire de Kamina, un diocèse fondé par les franciscains dans le Katanga, au sud du Congo Kinshasa, Fr. Miki Kasongo est le deuxième d’une famille de six enfants. “Mes parents, catholiques pratiquants, nous emmenaient à la messe le dimanche dans une paroisse franciscaine, la cathédrale Regina Pacis. J’ai donc grandi dans un socle franciscain. Il y avait également un encadrement des jeunes et des vocations bien structuré”, se souvient-il. Dans ce terreau familial favorable à l’épanouissement de sa foi, il se remémore tout particulièrement de week-ends passés chez son grand-père paternel.

UN SOCLE ŒCUMÉNIQUE

Petit-fils d’un pasteur adventiste, il se rappelle avoir été étonné par sa manière de lire la Bible et de prier. “Avant de commencer sa journée de travail à la ferme, mon grand-père priait de façon spontanée et ça m’inspirait beaucoup”, confie Fr. Miki. “Il disait par exemple : Seigneur je te rends grâce pour la pluie tombée toute la nuit et qui arrose la terre. Avec mes petits-enfants, nous allons retourner cette terre pour semer du maïs, donne-nous la force en cette journée…”
Et au cœur de ces différences, entre foi catholique et foi protestante, un grand respect dont il reste marqué. “Lorsqu’on restait chez lui le samedi, le soir il nous disait : “Rentrez chez vous parce que vous avez votre messe catholique demain !” Il n’imposait pas sa croyance et nous respectait dans notre différence. J’ai reçu les rudiments de ma foi dans l’œcuménisme et l’interreligieux.”

ÉTONNEMENTS PERSONNELS ET FAMILIAUX

“Puis un déclic est venu !”, s’exclame Fr. Miki dans un claquement de doigts. “Au début, c’est resté un peu enfoui, je n’en parlais à personne. J’avais alors 12 ou 13 ans et un été, nous sommes allés en vacances à la campagne chez le grand frère de papa, à 200 km de la maison. On a traversé plusieurs villages mais à chaque fois, je ne voyais aucune église, aucune communauté religieuse ! J’étais troublé, d’autant plus qu’on avait voyagé le dimanche. Je me disais : Mais comment font ces gens ? Ils ne vont pas à l’église, ils ne prient pas ? Comment vivent-ils sans Dieu ?” À son retour, il confie cela à sa mère qui lui répond : “Il n’y a pas assez de prêtres. S’il y en avait plus, je pense qu’on construirait des paroisses, on implanterait des communautés religieuses tout le long du trajet que tu as pris pour aller chez ton oncle.”
S’il ne ressent pas pour autant un appel vocationnel, il garde en lui ce questionnement et continue de se projeter vers des études de droit pour devenir juriste. Quelques années plus tard, à 16 ans, il assiste à l’ordination de trois frères franciscains et s’étonne de leur envoi en paroisses à Kinshasa, à Lubumbashi et ailleurs. “Je me suis dit : mais on les envoie là où il y a déjà beaucoup de religieux ! Et ces gens-là, sur la route, ils n’auront pas de religieux pour leur annoncer la Parole de Dieu ? À ce moment-là, j’ai eu comme une intuition forte qui me disait : et toi, si tu me donnais ta vie ?”
Très tourmenté, Fr. Miki décide d’en parler à ses parents. “Je me souviendrai toujours de l’air grave de mon père. Il m’a regardé et m’a dit : tu sais très bien que dans notre tradition africaine, au décès du père, c’est le fils ainé qui devient l’héritier et qui va aider la famille, sa mère et ses frères et sœurs. Tu vas renoncer à cela ?” Et quand son père en parle à ses cousins, les réactions ne sont pas moins pleines d’incompréhension. “Comment peut-on gaspiller cette intelligence ? Au lieu d’aller à l’université et de produire un juriste, tu vas entrer au couvent et disparaître, on ne parlera même plus de toi ?” Alors qu’il fait face à ces réactions, son père lui dit cette phrase qu’il se souvient avoir reçue comme une libération : “On verra, si c’est ta voie, tu y arriveras.”

DU PROJET FAMILIAL AU CHOIX PERSONNEL

En dépit de ces étonnements familiaux, sa vocation reste pour lui une évidence. “Avec toutes ces questions de traditions et de projets pour ma vie, tout reposait sur de la production, comme si j’étais une entreprise ! Je pense que si cet appel vocationnel avait été faible, leurs arguments l’auraient emporté sur mon choix.”
Il part alors à la rencontre du curé de sa paroisse, un franciscain croate, qui lui présente les différentes congrégations religieuses au Congo. “Ce qui m’a fait pencher pour les franciscains, c’est d’abord l’aspect de fraternité interculturelle. Je voyais ces frères congolais, croates, polonais, belges, américains… vivre ensemble et parler ma langue maternelle ! Et puis, je restais marqué par leur proximité avec les pauvres : ils étaient disponibles pour parler avec eux, les loger, les humaniser parce que nous sommes tous non seulement frères et sœurs en humanité, mais aussi créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.”
Bac en poche, il travaille pour sa paroisse : pastorale des jeunes, maçonnerie, plomberie, peinture, jardinage, bricolage, etc. Une expérience qui lui permet de continuer à mûrir sa vocation. Le 14 septembre 2001, jour de ses 21 ans, il entre au Postulat. Un anniversaire qu’il n’est pas près d’oublier !

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