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ouvert

Fr Danick Labinal portrait photo

Fr. Danick Labinal

“Je leur ai dit : je vais essayer”
Ce n’était pas la vie coincée que certains pouvaient imaginer, cloîtrée derrière une grille !

Bio express

10 juin 1959

Naissance à Ganges (34).


1982

Rencontre avec les frères de Marseille.


Septembre 1983

Pèlerinage à Assise.


Octobre 1983

Rassemblement.


17 mars 1984

Entrée chez les frères à Grambois (84).


30 septembre 1989

Profession solennelle à Montfavet (Avignon) chez les clarisses.


Depuis août 2011

En communauté à Brive-la-Gaillarde (19).

Propos recueillis par Émilie REY

Fr. Danick Labinal est originaire des Cévennes et il a toujours “baigné” dans une atmosphère catholique. Longtemps servant d’autel, engagé dans les paroisses et les chorales de sa région, il n’aurait cependant jamais imaginé devenir religieux !

“Je n’ai jamais connu de crise de foi” lance-t-il dans un large sourire avec son accent occitan ! Fr. Danick se livre : “À l’adolescence, j’étais un bon vivant ; je sortais et je dansais car nous aimons danser dans la famille ! Mais cela ne m’empêchait pas d’avoir une pratique religieuse. Les deux étaient liées et cohabitaient. Certes, les copains me taquinaient un peu en m’appelant “le curé”, mais je ne peux pas dire que j’avais la vocation. J’aimais simplement l’église, les chants, les parfums, la mystique et surtout la liturgie qui a été et qui demeure encore, une véritable école de foi”. Après un parcours qu’il qualifie lui-même d’“éclectique”, entre des études littéraires, de mathématiques, juridiques et le service militaire, il se retrouve à la Société Marseillaise de Crédit. “J’étais alors guichetier-payeur et, en janvier 1982, un ami catéchiste m’a invité à prendre un repas avec le curé de la paroisse Belle-de-Mai à Marseille. Après le repas, j’ai jeté un œil dans la bibliothèque. J’ouvre la revue Missi, éditée par les jésuites, et je lis : “François, le saint patron des écologistes” ! Je n’avais jamais milité pour l’écologie mais j’ai toujours aimé la nature et les animaux, j’en rapportais d’ailleurs souvent à la maison. Cependant je connaissais saint François et les petits oiseaux comme on connaît saint Antoine et les objets perdus !”

DE FRANÇOIS AUX FRANCISCAINS

Fr. Danick découvre alors Le cantique des créatures et des photos de l’ermitage des Carceri. Il emporte même la revue et la “dévore de A à Z” ! “J’avais 23 ans, cela m’a saisi. Je me suis dit, c’est l’hameçon que Dieu jette pour t’accrocher !” L’ami catéchiste lui partage alors un montage sur Assise et saint François puis lui offre l’ouvrage : Moi, François d’Assise, de Carlo Carretto. “Je l’ai lu et relu, cela m’a encore plus marqué. L’ami en question m’a alors dit : tu me parles toujours de saint François mais il y a des franciscains à Marseille !”. À cette époque, les frères étaient boulevard Chave, dans le quartier de la Plaine, bien implantés et en mission auprès des pauvres. “Après la banque, j’ai commencé à aller aux Vêpres puis à la messe quotidienne. Et quand les frères commencent à voir un jeune assez fidèle, ils viennent spontanément le saluer et lui poser des questions. On a commencé à se tutoyer et j’ai pris des repas avec eux. Le gardien, Fr. Jacques Simonetta, m’a beaucoup marqué, lui-même avait été séduit par la simplicité des frères tapant la belote dans le couvent ! Ce n’était pas la vie coincée que certains pouvaient imaginer, cloîtrée derrière une grille !”

PAUVRES AU MILIEU DES PAUVRES

Fr. Danick égrène le nom des frères qu’il a rencontré : Fr. François-Régis Fine, Fr. Norbert Pellet, Fr. Macaire Goubran, Fr. Marie-Laurent Perroy, Fr. Richard Guigonis… et se souvient : “J’aimais leur prédication, simple et vigoureuse. Cette communauté avait quelque chose d’attachant, les frères étaient pauvres avec les pauvres alors que, moi, je travaillais au milieu des liasses de billets avec pour objectif d’ouvrir des comptes en banque ! J’étais un peu sur deux planètes”. Ce temps de discernement dure deux ans : “J’ai alors ressenti le besoin d’aller à Assise, c’était en septembre 1983, dans le cadre d’un pèlerinage organisé par Fr. Jean Léveilley. J’arrive à Assise et puis déception… C’était beau mais je m’attendais à plus ! Et, un soir, où nous avions un peu de liberté, je suis parti dans la ville. Arrivé place de la commune, il y avait une fête avec des chorales ! Et que vois-je ? Des jeunes frères en habit qui dansaient la farandole ! Je me revois encore, accoudé à un mur, et c’est comme si une voix m’avait soufflé : mais vas-y, c’est pour toi !”

DÉCOMPLEXÉ

Fr. Danick ne tarde pas à rejoindre la danse, dévalant ainsi les rues d’Assise en pleine nuit ! Arrivée dans une salle des fêtes, la joyeuse équipe se met à déclamer des poèmes en italien sur une estrade. “Les gens étaient enthousiastes et nous avons vu arriver des frères âgés avec leur barbe blanche faisant tourner leurs cannes au rythme des chants ! Cela m’a encore plus décomplexé par rapport à l’image du religieux que l’on pouvait avoir à l’époque”. À son retour, en octobre 1983, Fr. Danick participe à un rassemblement de jeunes aspirants à la vie franciscaine, à Azieu. Après quelques pas en compagnie du Provincial de l’époque, Fr. Jean-Christophe Cominardi, ce dernier lui dit : “Tu as trois choses à faire : tu pries, tu réfléchis et tu m’écris”. “J’ai revu les frères lors de l’engagement de l’un des leurs, Fr. Christian Balandreau. Et le 8 décembre, pour la fête de l’Immaculée Conception, je me suis décidé à écrire ma lettre de demande d’entrée chez les frères”. Fr. Danick se souvient de l’annonce à ses parents : “Même s’ils sont croyants et catholiques, ils avaient le regret de ne pas avoir de petits-enfants, la peur de me voir perdre une bonne situation, l’impression que je quittais une stabilité certaine, en un mot : ils voulaient que je sois sûr. Je leur ai dit : je vais essayer. Dire autre chose aurait été prétentieux. Il y a eu des larmes et un besoin d’expliquer ce que je ressentais, mais j’étais bien avec les franciscains et j’ai fait confiance à ce ressenti”. Cette confiance l’habite encore aujourd’hui et l’aventure fraternelle se poursuit depuis 37 années de vie religieuse dans la paix et la joie !

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