À cœur
ouvert

fr christian brailly

Fr. Christian Brailly

“Dieu nous aime tels que nous sommes”
“Si tu es fidèle à ce que tu promets, je te promets la vie éternelle.”

Bio express

6 octobre 1957

Naissance à Mens (38).


1985

Arrivée à Lyon et rencontre des sœurs de la Chardonnière.


4 octobre 1986

Entrée au noviciat à Azieux (42).


23 mars 1988

Profession temporaire à Azieux (42).


12 janvier 1992

Profession solennelle à Marseille.


Depuis juillet 2008

En communauté à Avignon.

Propos recueillis par Émilie REY

Depuis onze ans, frère Christian Brailly vit en communauté à Avignon. Il revient avec nous sur son parcours vocationnel et fait le lien avec sa mission actuelle au crématorium d’Avignon…

Je n’ai jamais été très fort à l’école. Heureusement, il y avait le catéchisme et l’église, des lieux qui m’apaisaient tel un refuge. Je me rappelle avoir tout de suite accroché avec le message de Jésus : aider les autres, pardonner même à ceux qui nous font du mal… Puis j’ai vécu ma vie… j’ai été cuisinier et, au cours d’une eucharistie, j’ai rencontré à nouveau le Seigneur. J’avais comme l’impression de l’avoir laissé tomber durant des années et je suis parti en stop à Lyon !

J’AI DÉCOUVERT LA JOIE

J’ai alors vécu en foyer – le foyer Sainte-Bernadette – et avec le responsable, on allait accueillir les pauvres en soirée pour qu’ils ne dorment pas dehors. Au bout de quelques semaines, les sœurs franciscaines de la Propagation de la foi, situées à la Chardonnière (Francheville Le Bas), m’ont proposé de venir travailler chez elles. J’ai alors tissé une belle amitié avec leur supérieure, sœur Clotilde. C’est elle qui m’a prêté un jour le livre Sagesse d’un pauvre du frère Éloi Leclerc. Cela a été une première rencontre avec saint François, je n’avais jamais entendu parler des franciscains ! Chez les sœurs, j’ai aussi découvert une joie de vivre. Elles riaient, elles dansaient même La danse des canards ! Elles symbolisaient tout ce à quoi j’aspirais et je leur en ai parlé ! Je ne peux que les remercier ; elles ont été des sœurs, des mères, des confidentes ! C’est d’ailleurs l’une d’entre elles qui a pris contact avec les frères de Lyon et, en 1986, je suis rentré au Postulat.
Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas un homme d’écriture et j’avais un peu honte ou un peu peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir répondre. J’ai été très touché par l’accueil et la simplicité des frères. Ils m’ont pris là où j’en étais, m’ont aidé à poser un autre regard sur ma vie et à dépasser ces barrières et ces souffrances que je portais en moi. Ils m’ont aidé à reprendre confiance en moi. Il y a eu les frères et surtout l’amour du Seigneur. J’ai fait des erreurs, pris de mauvais chemins mais, durant ces années de discernement, la conviction que le Seigneur m’aime et qu’il m’a pardonné s’est renforcée en moi. J’ai l’impression qu’Il m’a dit : “tu es tordu mais j’ai besoin de toi !”.

TÉMOIGNER DE L’ESPÉRANCE

Étant un homme très pratique, pendant le Noviciat, j’ai demandé à garder un mi-temps et j’ai été aide-ménager dans un foyer-logement et à domicile. Ce travail, c’était déjà la mission et j’en avais besoin : besoin de servir l’autre et d’apporter de la bonne humeur. Je me rappelle avoir fait le clown, le père Noël et je le fais parfois encore à l’une ou l’autre des manifestations franciscaines ! Je dois dire que j’ai toujours été très proche des aînés. Le rapport à la vieillesse et à la mort m’a toujours questionné. Pour vous dire, petit, étant enfant de chœur, je servais tous les enterrements du village ! J’y ai toujours senti un appel de Dieu, un espace où témoigner de l’espérance.
Toujours durant mon Noviciat, j’ai demandé aux frères à être formé pour accompagner des funérailles. J’ai créé par la suite bien des équipes de funérailles. Accompagner des familles en deuil, c’est vivre cette expérience d’abandon. Moi-même dans mon parcours, j’ai souvent crié “Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” (Psaume 22). C’est dans ces moments de solitude et de vide que Dieu vient remplir nos vies. Je dis aux familles que j’accompagne qu’elles ont le droit de douter car douter, c’est déjà croire ! C’est là que François d’Assise me parle le plus. Lui aussi il a douté puis il a tout abandonné pour se mettre dans les bras du Seigneur. J’ai aussi été séduit par la simplicité de François. À Marseille, j’étais chef de cuisine à l’Armée du salut puis à l’association Les violettes, au Roucas Blanc, qui accueille des paralysés.
Que de belles et simples rencontres j’ai vécues. Cela a confirmé ma vocation. Depuis toujours, je me sens appelé à aller vers les pauvres, les petits, les blessés et les rejetés de la vie. Les servir c’est, d’une manière, rendre ce que j’ai reçu mais avant tout leur dire “Dieu vous aime, vous aussi tels que vous êtes”. En tant que frère, je n’ai pas à juger, je n’ai qu’à accueillir et encore davantage ceux qui sont loin de l’Église. Le Seigneur m’a tellement donné qu’encore aujourd’hui, j’aimerais pouvoir partager la moitié de mon bonheur et de ma santé !
J’ai fait ma profession solennelle dans l’Ordre des frères mineurs en janvier 1992, à Marseille. Je me souviens de la litanie des saints, allongé face contre terre et je me disais “mais as-tu conscience de ce que tu fais ?”. Et puis, j’ai mis mes mains dans celles du frère Jean-Paul Arragon, notre Provincial de l’époque, et il m’a dit ces mots qui m’habitent encore au quotidien : “Si tu es fidèle à ce que tu promets, je te promets la vie éternelle”. Le Seigneur ne me laisse pas tomber, il met chaque jour sur ma route des frères et des sœurs avec qui je peux partager et rester fidèle à ma promesse.

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