Route d’Assise – Le témoignage d’Antoine

Par leur témoignage et leur rayonnement, ils m’ont redonné quelque chose que j’avais peut être un peu perdu, mis de côté : la Joie de croire.

20 juillet 2022, il est 3h du matin et le réveil sonne déjà. Il est l’heure de se mettre en route direction l’Italie, terre de saint François d’Assise et de sainte Claire. Une petite bande de jeunes, et moins jeunes, de tous horizons, de tous azimuts, venus pour se mettre dans les pas du Povorello, pour mieux le découvrir, pour mieux se découvrir. Découvrir aussi, à travers le témoignage de sa vie, la marque du Christ sauveur, infiniment présent à nos côtés.

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » « Et pour vous, qui suis-je ? » « Ou demeures-tu ? » Des questions énigmatiques, sans réponses précises. Des questions qui offre une invitation, qui mettent en route. Pratique me direz-vous, lorsque l’on décide de pèleriner, de s’élancer chaque matin pour quelques heures de marche contemplatives.
Au long de ce pèlerinage, j’ai apprécié l’équilibre entre temps de silence et partage en petit groupe. Partir le matin avec une question à ruminer, des interrogations. Les partager, ou non, avec le groupe. Se dé-couvrir, se laisser aller à partager, en confiance avec d’autres ce qui nous porte intérieurement.
Avec l’histoire de saint François, l’occasion de se rendre compte de la portée du message évangélique d’un Dieu amour, qui se fait présent dans tout et particulièrement dans nos faiblesses, nos pauvretés. Pour mieux les accepter, les assumer avec Lui. La montée à Poggio Bustone et la cérémonie du pardon ont raisonné en moi.

« Ouvrant les yeux, François, tu croises le regard du Christ qui prend sur lui notre lèpre (…), choisit la pauvreté et l’humilité pour qu’enfin nous lui ouvrions notre cœur blessé. »

Désir de Dieu et désir de l’homme. Avec saint François, c’est Jésus lui-même qui nous pousse à sortir à la rencontre de ceux qui partagent notre existence. Il nous pousse à quitter nos lieux de sécurités pour s’ouvrir à la richesse de nos différences. Ce rappel, m’aura été fort utile pour la reprise de mon travail en tant qu’éducateur spécialisé. Pour oser aller vers celui vers qui, de prime abord, j’ai quelques méfiances. Se détacher un peu de soi-même pour se donner tout entier aux jeunes que je vais accompagner dans la réinsertion et dans l’aide à la réduction des risques liés aux consommations de drogue. J’ai parfois du mal à aimer en vérité les personnes que j’accompagne, à faire preuve d’une juste empathie.
Ce pèlerinage aura été une belle pause, utile pour relire ma vie avant la rentrée et de nouvelles perspectives. Et dans cette relecture, y chercher Son passage et Sa présence.

« Tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de Toi. »

Psaume 62

Je retiens les partages en groupe. C’est toujours vivifiant de se nourrir des interrogations et de la foi de chacun. Les questionnements et le témoignage de foi de Léa, avant qu’elle ne fasse sa première communion, la conversion de Vivien et son année d’évangélisation, le cheminement de Sylvain, de Marie-Alix, de Xavier.

Passer dans les différents ermitages, lieux de vie et de passage de saint François, permettent de mieux se rendre compte et s’imaginer son histoire : dans l’un il rédige une première règle pour l’ordre qui peu à peu s’agrandit, dans l’autre il trace un Tau, sa signature et futur symbole de l’ordre franciscain, dans un autre il loue la Création pour sa beauté.
J’ai particulièrement aimé l’ermitage de San Urbano. Simple, sans fioriture. La pierre italienne, la vue sur la vallée et quelques géraniums. La pauvreté et la simplicité prôné par saint François me rejoignent particulièrement. Elles permettent d’être plus disponible aux autres, et à Dieu. Se rendre compte des petites joies et contempler les merveilles de notre Terre. Pour tout cela rendre grâce. Tout ceci m’engage à Lui laisser une plus grande place dans mon quotidien. A cultiver cette disponibilité de corps et d’esprit, si difficile je trouve avec toutes les sollicitations qui nous arrivent chaque jour.

RENCONTRES HUMAINES SINCÈRES

Je remercie pour la belle fraternité que nous avons réussi à créer au fil des jours. Tous différents dans nos températures à la foi, dans nos sensibilités, nos origines… Chacun a pu partager ses talents (chants, danses). C’est aussi avec les temps de services et les animations des prières, des messes que nous nous sommes découverts. Tu nous as établis en frères ; les uns auprès des autres.
J’ai apprécié cette simplicité dans les relations, sans statut, sans supériorité. Je n’ai pas ressenti cette barrière, cette frontière invisible, cette gêne entre le prêtre et les laïcs, comme on peut la ressentir couramment dans nos églises. Sacralisation du prêtre qui souvent limite les relations à de simples rencontres dominicales, sur le parvis de la messe et nous prive d’amitiés et de rencontres humaines sincères.
Ils Te suivent et ils sont heureux, ils transpirent la joie : avec la présence des laïcs franciscains, des sœurs et des frères engagés dans une vie consacrée ainsi que des futurs postulants, j’ai vraiment été impressionné par l’actualité du message de François qui continue de rejoindre et de parler à des jeunes. Beaucoup, par leur témoignage et leur rayonnement m’ont redonné quelque chose que j’avais peut être un peu perdu, mis de côté : la Joie de croire. Toute simple. Celle de témoigner de sa foi, avec le sourire, en vérité, avec simplicité.

Tu n’es pas un vieux saint à oublier François. Ton message, ta radicalité, ton attention pour le petit me parle dans notre société ou inégalités et clivages ne cessent d’augmenter.
Merci Seigneur pour les balbutiements de ma foi, moi qui Te cherche jour après jour, qui ai soif de me sentir aimé, tout petit que je suis.
Tu es si loin, si peu, si grand. Te suivre c’est dire adieu à tout et à rien. Te suivre est un long chemin. Mais vraiment, « il est juste et bon » de lâcher du lest, lâcher nos peurs, nos interrogations pour marcher à Ta suite.
Sois présent pour tous ces amis rencontrés.

30 juillet 2022, il est 2h30 du matin, et le réveil sonne déjà. Il est temps de revenir en France.

« (…) Allez, je vous envoie, deux par deux ! Soyez, des frères bienheureux. »

Antoine

Contact