L’École franciscaine de Paris annonce son programme 2023-2024

L’École Franciscaine de Paris est un organisme de formation qui se situe dans la longue tradition d’études et de recherches franciscaines, inaugurées à Paris, au XIIIè siècle, d’où sont sortis des noms prestigieux et des idées nouvelles.

L’École franciscaine de Paris fait sa rentrée ! Découvrez le programme pour l’année 2023-2024…

JOURNÉE D’ÉTUDES

Le vendredi 24 novembre 2023, au couvent des capucins, 32 rue Boissonade, 75014 Paris, 9h – 17h
Où en est le “Totum” Colette de Corbie ? Bilan provisoire et réflexion collective.


SÉMINAIRE 2023-2024

Au couvent des capucins, 32 rue Boissonade, 75014 Paris, un vendredi par mois, 15h-17h30.

  • Histoire, droit et réforme dans la Custodie de Terre sainte à la fin du Moyen Âge. Le De privilegiis de Cristoforo da Varese.
    Geneviève ROUMIER, IRHT-CNRS (17 novembre)

À qui se penche sur les origines et fondements de l’implantation franciscaine en terre d’Islam au cours du Moyen Âge, la question qui se pose peut être la suivante : comment cette communauté mendiante, poursuivant un objectif missionnaire perçu comme révolutionnaire à l’époque, a-t-elle pu en un siècle devenir la représentante officielle de l’Église romaine dans le Proche-Orient alors sous domination mamelouke ? Et encore, comment cette même communauté s’est-elle installée et maintenue durablement en terre d’Islam, malgré un contexte politico-religieux complexe, et ce de manière continue jusqu’aujourd’hui ? La recherche historique s’est déjà beaucoup consacrée à l’étude de cette ascension fulgurante de l’ordre des Frères mineurs en Occident durant tout le XIIIe siècle, en mettant notamment l’accent sur la faveur particulière dont cet ordre mendiant a rapidement joui auprès de la papauté. L’attention a donc longtemps été concentrée sur le premier siècle des « huit cents ans de présence franciscaine en Terre sainte », au détriment des deux derniers siècles du Moyen Âge qui ont pourtant vu l’affirmation progressive et croissante de la Custodie de Terre sainte. La redécouverte du bullaire médiéval de la Custodie de Terre sainte, conservé aux archives dans le couvent Saint-Sauveur de Jérusalem, a permis d’éclairer ces deux derniers siècles du Moyen Âge, qualifiés parfois d’ « automne du Moyen Âge », d’après le titre d’un célèbre ouvrage de Johan Huizinga. Rédigé à la fin du XVe siècle par un frère de l’Observance, il se révèle riche et complexe puisqu’il s’agit à la fois d’un livre contenant les copies des lettres pontificales adressées à la Custodie entre le XIIIe et le XVe siècle, et d’un traité juridique qui classe et justifie les privilèges accordés par les papes dans ces lettres. On étudiera ainsi comment, dans cette œuvre mixte, l’auteur Cristoforo da Varese agit sur trois niveaux pour donner au lecteur de ses lignes une description complète et solide des droits des Frères mineurs en Terre sainte : il fait œuvre d’historien en portant un regard rétrospectif sur les trois premiers siècles d’histoire franciscaine au Proche Orient ; il ajoute à cela son regard de canoniste dans un exposé argumenté des droits des frères ; enfin, l’alliance de l’histoire et du droit est mise au service de la réforme, celle menée par l’Observance qui s’affirme dans les couvents de Terre sainte durant tout le XVe siècle.

  • Les Clarisses d’Orbe. Depuis sainte Colette de Corbie et Louise de Savoie jusqu’à l’exode et la suppression.
    Paul-Bernard HODEL, Université de Fribourg (8 décembre)

Le couvent des Clarisses d’Orbe, fondé par sainte Colette en 1427, reçoit à la fin du XVe siècle Louise de Savoie. Au moment de la Réforme, les sœurs quittent Orbe et finissent par se réfugier à Évian où elles demeurent jusqu’à la Révolution. Ces différents lieux expliquent la dispersion des archives entre la Suisse, la France et l’Italie. Cette séance évoquera les deux principales figures de sainteté liées au monastère d’Orbe en cherchant à faire le point sur les sources de son histoire.

  • La pauvreté comme vertu : Bonaventure face au défi aristotélicien
    Leonardo FIGREDA, doctorant FSC (Modène)-EHESS (Paris) (25 janvier)

Le débat sur la pauvreté volontaire, tel qu’il se développe au XIIIe siècle, a traditionnellement
trouvé sa place dans le cadre de la controverse entre mendiants et séculiers. Sans doute,
l’aversion idéologique témoignée par une partie du corps enseignant de la faculté de théologie
de Paris à l’égard des deux nouveaux ordres réguliers a nécessité, chez ces derniers, une
conscience aigüe de leur propre identité spirituelle. Les franciscains ont élu la vie pauvre
comme trait distinctif de leur propre vocation évangélique, et ils ont cherché à la présenter
comme ingrédient essentiel de la perfection chrétienne. Bonaventure de Bagnoregio (1221-
1274) a eu un rôle éminent dans cette entreprise intellectuelle. Mais son engagement ne s’est
pas limité à la promotion de la vie pauvre en tant qu’élément surérogatoire. Peut-être, fut-il
confronté à un autre défi. Vers la seconde moitié du siècle, la réception intégrale de l’Ethique
à Nicomaque
marque désormais l’influence profonde de l’aristotélisme dans le domaine de la
réflexion morale. En 1273, lorsqu’il prononce sa cinquième collation sur l’Hexaëmeron,
Bonaventure semble avoir accepté ce terrain conceptuel. En reconnaissant la légitimité du
modèle éthique aristotélicien, il essaye de montrer que tout en adoptant ces critères de
définition de la vertu, la pauvreté volontaire demeure une option morale excellente.

  • Gouverner une province : les tertiaires réguliers de l’ordre de saint François de la province Saint-Louis de Lyon, XVIIe-XVIIIe siècles.
    Adrien AUREILLE, Université Jean Moulin Lyon III (1er mars)

Les Archives Départementales du Rhône et de la métropole de Lyon conservent un riche fonds (8H1-91) consacré aux tertiaires réguliers de la province Saint-Louis de Lyon, et principalement à l’administration générale de ladite province. Une histoire sociale des religieux de cette province n’étant pas réalisable (absence des registres de profession comme des registres de sépultures), nous avons privilégié une histoire administrative de la province (aspect souvent négligé ou mis de côté depuis plusieurs décennies par les historiens), en faisant une étude précise des règles et des constitutions de l’ordre et en cherchant à comprendre leurs évolutions au cours du temps. De plus, grâce au volumineux Registre des décrets et des ordonnances des chapitres provinciaux (8H9) mais aussi aux registres des actes et écritures des provinciaux (8H50-78), nous avons pu étudier la hiérarchie régulière et le respect de la discipline. Nous nous sommes intéressé en particulier aux difficultés liées au respect des règles mais aussi aux différents statuts des religieux au sein de la province : nous avons notamment étudié le cas des frères servants/oblats et leur volonté de s’affirmer face aux frères lais. Ces longs procès sont très bien conservés dans les archives et permettent de comprendre ce qui agita le plus cette province régulière à l’époque moderne. Ainsi, ce travail de recherche est largement axé autour de questions administratives et judiciaires, afin de comprendre le gouvernement d’une province au sein d’un ordre encore peu étudié par l’historiographie, qui plus est à l’échelle provinciale.

  • Diplomatie et mission : le réseau du Père Joseph (1624-1638).
    Guilhem DE ROMREE, Sorbonne Université (5 avril)

Connu pour son action politique et diplomatique auprès du cardinal de Richelieu, le Père Joseph est aussi le préfet des missions des capucins français dans plusieurs pays étrangers. Dans ce cadre, l’Éminence grise développe tout un réseau, grâce auquel les agents du roi de France, en premier lieu les ambassadeurs et les consuls, garantissent l’apostolat des missionnaires. Toutefois, il arrive aussi que les capucins jouent eux-mêmes un rôle de représentation et de négociation auprès des autorités étrangères, mettant leur mode de vie singulier au service des intérêts français. Par ailleurs, tous les membres de ce réseau prennent part à la collecte et à la transmission de l’information politique et diplomatique, parfois secrète. Les missionnaires dirigés par le Père Joseph sont donc vus comme des connecteurs de mondes. Étudier le Père Joseph missionnaire, c’est ainsi nuancer l’opposition franche et traditionnelle entre le capucin et le diplomate.

  • Qu’est-ce qu’un scandale dans un monastère du XVIIe siècle ? L’affaire des cordelières de Provins.
    Nicolas SCHAPIRA, Université Paris Nanterre (17 mai)

Qu’est-ce qu’un scandale ? La séance vise à faire réfléchir sur cette notion et à lui donner un contenu historique à partir de l’examen d’une affaire qui, au temps du règne personnel de Louis XIV, a mis sur la place publique des récits concernant les rapports amoureux entre des clarisses d’un couvent provinois et les pères cordeliers qui avaient autorité sur cette abbaye. A Provins, les pratiques qui ont fini par faire scandale, et qui représentent un écart indéniable à la norme, existaient vraisemblablement de longue date. Le rapport entre cette norme et d’autres phénomènes sociaux constituera un premier terrain d’investigation : qu’est-ce qui fait que des pratiques a-normales ne font pas scandale ? L’analyse du passage de ces pratiques au scandale constituera un deuxième moment de la séance : on s’intéressera à la médiatisation de ce qui devient alors une affaire. Dans un troisième temps, on s’intéressera à l’analyse des sources qui documentent ce scandale, et notamment à l’expérience du témoignage qui a été celle de religieuses du XVIIe siècle.

  • Duns Scot et la question juive.
    Jacob SCHMUTZ, UCLouvain (14 juin)

Le philosophe et théologien franciscain Jean Duns Scot (v. 1266–1308) est célèbre pour avoir proposé la solution la plus radicale à la « question juive » durant le Moyen Age : réunir les Juifs de force, les expulser des royaumes chrétiens, baptiser de force les enfants qu’on leur aura enlevés pour en faire de bons chrétiens, et exiler les derniers juifs restants sur une île lointaine jusqu’à la fin des temps. La violence de ce texte, longtemps occulté par l’historiographie et récemment remis en pleine lumière par les travaux de Sylvain Piron et d’Elsa Marmursztejn pose question : s’agit-il simplement d’une justification circonstantielle, par le théologien franciscain, de la politique d’expulsion des Juifs d’Angleterre par Édouard Ier (1290) ; ou bien ce texte politique est-il l’aboutissement logique d’un anti-judaïsme fondé métaphysiquement et qui est au principe même de sa toute sa théologie ? Nous essaierons de répondre à cette question difficile en analysant d’autres textes consacrés par le Docteur Subtil au judaïsme, et en le confrontant avec les solutions et lectures proposées par ses prédécesseurs.


COURS AU CENTRE SÈVRES

PREMIER SEMESTRE

12 heures, en hybride. Jeudi 17h-19h, 6 fois deux heures : les 9 et 30 novembre ; 14 décembre ; 11 et 25 janvier ; 8 février.

  • Du Tiers-Ordre à l’Ordre franciscain séculier : huit siècles de radicalité évangélique pour tous.
    Dominique LEBON ofm cap et Pierre MORACCHINI

L’histoire des laïcs franciscains – ceux que l’on continue à appeler « tertiaires » – remonte à François d’Assise lui-même. Dès les origines, des hommes et des femmes, des couples et des prêtres ont voulu suivre le Christ à la manière de François d’Assise tout en restant dans le monde. Qui étaient-ils ? comment se pensaient-ils ? Quelles étaient leurs liens avec les différentes branches des frères mineurs ? Comment ont-ils traversé la Révolution et abordé la modernité ? En quel sens furent-ils des acteurs du catholicisme social ? Pourquoi se sont-ils réunis au XXe siècle dans l’Ordre franciscain séculier ? En répondant à toutes ces questions, nous chercherons à aider les actuels laïcs franciscains à mieux percevoir leur identité et leur vocation.

DEUXIÈME SEMESTRE

12h30, en ligne. Du mardi 27 février au mardi 2 avril 2024 (proposition de regroupement en visio le mardi de 19h30 à 20h15).

Comment François d’Assise peut-il être « patron céleste des écologistes » alors que l’écologie n’était pas une préoccupation du monde du XIIIe siècle ? La tradition franciscaine offre une lumière précieuse pour éclairer nos défis contemporains et approfondir notre conversion à l’évangile, car le Poverello est « l’exemple par excellence de la protection de ce qui est faible et d’une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité. » (Laudato Si’ §10). Point essentiel : pas de cantique de frère Soleil sans le baiser au lépreux. Inscription sur le site du Centre-Sèvres : https://centresevres.com/agenda/cours-en-ligne-ecologie-et-experience-franciscaine/
Pour en savoir plus, découvrez cette interview de Fr. Frédéric-Marie.


ATELIER DE LECTURE : CONNAÎTRE LES SOURCES FRANCISCAINES

L’atelier de lecture des sources franciscaines est animé par Fr. Jean-Baptiste Auberger, ofm – Ecole Franciscaine de Paris. Le projet est celui d’une lecture partagée et commentée de la Legenda Major de saint Bonaventure qui fait une relecture théologique et spirituelle de la vie de saint François d’Assise. La Legenda Major a servi de source aux représentations de la série des fresques de Giotto dans la Basilique supérieure Saint-François à Assise.

Les séances ont lieu au Couvent Saint-François, 7, rue Marie-Rose, 75014 Paris (métro 4 – Alésia) de 19 h à 21 h. Les personnes intéressées par cet atelier de lecture prendront contact avec Fr. Jean-Baptiste Auberger (e-mail : jb-auberger@franciscains.fr) qui leur communiquera la date de la première séance.

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