Emprunter les chemins de la catholicité – Témoignage d’Agnès

Il s’agit de perpétuer et de réinventer à La Cordelle un chemin tracé depuis des siècles : au milieu de la création, vivre les promesses des Béatitudes, joie, simplicité, miséricorde.

Ce matin, le vent chasse les nuages au-dessus des collines du Vézelien et apporte la pluie. Une bénédiction pour la terre assoiffée. Mais ailleurs, le vent attise les feux de forêts. Ailleurs encore, la violence humaine détruit impitoyablement les conditions de vie, dresse les populations les unes contre les autres et provoque des guerres fratricides au nom de Dieu.

Est-ce qu’à La Cordelle, nous vivons à l’abri de ces déchaînements, comme dans une cachette oubliée des intempéries sociopolitiques ou ecclésiales ? Il suffit de regarder les murs épais de la chapelle portant les cicatrices des guerres ; il suffit d’être à l’écoute de celles et ceux qui viennent chanter les psaumes, célébrer le mystère d’un Dieu qui s’expose sur la Croix. Non, nous ne sommes pas à l’abri mais au milieu des souffrances de notre monde. Il s’agit de les accueillir, de les soigner, de les confier à Celui qui appelle à sa paix, à une unité retrouvée. Unité ? Mais comment ? La terre de nos Églises est calcinée, nous avons hérité de ces divisions et vivons privés de la présence réciproque les uns aux autres. On s’est habitué à ne plus communier avec les Églises orthodoxes et orientales ; puis on s’est habitué à ne pas beaucoup se fréquenter entre protestants et catholiques, en tout cas pas pour la prière et encore moins pour la célébration eucharistique. Pourtant nous demandons à Dieu l’unité et la paix, pour son Église et pour l’humanité tout entière.

“RÉPARE MON ÉGLISE”

Quand on vit à Vézelay, on peut être ambitieux et modeste en même temps: soigner les blessures de la division entre chrétiens (et entre humains) est à la portée de chaque baptisé. “Répare mon Église” : la parole entendue par François d’Assise résonne toujours. L’action, au jour le jour, est bien modeste : rejoindre la communauté des frères franciscains pour prier ensemble, célébrer ensemble, partager l’accueil et la Parole reçue. En venant vivre à Vézelay, je ne pensais pas trouver une telle fraternité humaine et ecclésiale. Je ne pensais pas que mon engagement œcuménique de longue date dans la vie communautaire, que le ministère pastoral et le travail théologique, se poursuivrait ici dans un nouveau partenariat, un chemin de communion, à l’écart des balises habituelles d’ignorance et de médisance.

M’engager pour le renouvellement des lieux m’apparaît, dès lors, une évidence. Il s’agit de perpétuer et de réinventer à La Cordelle un chemin tracé depuis des siècles : au milieu de la création, vivre les promesses des Béatitudes, joie, simplicité, miséricorde. Les bâtiments doivent refléter et servir cette promesse dans le langage d’aujourd’hui.

Agnès Von Kirchbach, pasteure protestante

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