Bien que native de la région, je ne me souviens plus précisément à quel moment j’avais découvert l’existence de La Cordelle. Je me souviens, en revanche, avoir senti à quel point ce lieu était apaisant pour moi et je m’y rendais la plupart du temps seule pour me ressourcer en silence, bercée par le chant des oiseaux, du vent et des abeilles.
En colère après la religion et ignorant à peu près tout de la bible et des rites chrétiens à cette époque, je rencontrais Dieu seule, à ma façon.
Juillet 2018
Par une chaude fin d’après-midi d’été, alors que je m’apprêtais à rentrer chez moi après avoir donné une journée de cours de dessin à Vézelay, je me souviens avoir ressenti un besoin irrépressible de me rendre dans cette chapelle. J’ai poussé la porte tout doucement et je découvris avec surprise et déception que la chapelle n’était pas vide : une dizaine de personnes étaient assises sur les bancs en silence. A l’instant où j’allais renoncer à entrer, un prêtre en robe de bure se leva, saisit un livre du temps présent et me le tendit en disant : « Vous voulez prier avec nous ? »… Sans comprendre ce qui se passait en moi, je fondis en larmes, touchée au cœur par cette invitation pour moi aussi improbable qu’inattendue.
Ce soir-là, je participe aux vêpres, pour la première fois. J’essaye de suivre, de chanter avec ceux qui étaient là, des sanglots dans ma voix. Autant de tendresse, de simplicité et de bienveillance, de la part de ces gens que je ne connaissais pas…
Ce soir-là, je suis rentrée chez moi à pied, le cœur rempli. Le Seigneur était venu me chercher à travers ce petit groupe de chrétiens. À partir de ce jour-là, pour moi, plus rien ne sera comme avant.
Sophie
