Madagascar: « Assurer la formation de nos jeunes »

Avoir des jeunes, c’est une grâce et notre devoir, c’est de leur procurer de bons formateurs, à chacune des étapes de leur formation.

Le 8 décembre 2020, la Custodie de la Bienheureuse Vierge Marie à Madagascar et l’Île Maurice célébraient le 60e anniversaire de la présence franciscaine sur l’île. À cette occasion, Fr. Jean-Pierre Rasolonjanahary, actuel Custode, nous partage les défis qu’il rencontre avec ses frères.

Propos recueillis par Émilie REY

Les fidèles du couvent Saint-François, rue Marie Rose à Paris, se souviennent encore du sourire du Fr. Jean-Pierre qui quitta la France, après l’obtention de son doctorat, en septembre 2017. À peine rentré à Madagascar, il fut nommé maître des étudiants en philosophie puis, en décembre 2019, élu par ses frères Custode. “Je ne m’attendais pas à cela” dit-il encore aujourd’hui avec surprise. Et s’il ne devait retenir qu’un chantier prioritaire pour la Custodie de la Bienheureuse Vierge Marie, ce serait, sans hésitation, la formation. “Aujourd’hui, trois districts de brousse et quatre paroisses urbaines sont confiés aux franciscains. Dans le domaine de l’éducation, nous avons aussi la charge de deux lycées : le lycée Saint-François d’Assise à Alarobia Bemaha et le lycée Saint-Joseph à Ambohijafy-Andraikiba. Mais notre plus grand défi, c’est la formation de ceux qui aspirent à notre vie franciscaine. Ils sont 49 jeunes et si on rapporte leur nombre aux frères qui ont déjà fait profession, ils sont largement majoritaires” (voir encadré ci-dessous). Fr. Jean-Pierre nous éclaire avec quelques chiffres : “75 % de notre budget annuel est consacré à la formation et nous n’arrivons à assumer, en propre, que 25 % de cette dépense. Heureusement, nous bénéficions du soutien de la Curie générale à Rome, de la Province du Bienheureux Jean Duns Scot de France et de Belgique, de nos frères canadiens de la Province du Saint-Esprit, de la Mission franciscaine de Waterford (USA) ou encore de MZF (Missionszentrale der Franziskaner) ; je les remercie tous encore. L’une de mes missions, avec le frère économe, est bien d’œuvrer à une plus grande participation de notre Custodie dans la prise en charge de ces jeunes”, partage-t-il, réjoui de la vitalité de la vocation franciscaine sur l’île mais pleinement conscient des enjeux qu’elle soulève.

DES PROJETS D’AUTOSUBSISTANCE

La Custodie a fait le choix de mettre en place des projets d’autofinancement et d’autosubsistance, tout particulièrement pour les fraternités qui ne sont pas maisons de formation. Depuis deux ans, la réflexion s’intensifie comme en témoigne la création d’une commission dédiée : le Conseil de développement économique (CDE). Elle a pour mission d’accompagner le Conseil custodial et les fraternités concernées vers plus d’autonomie financière. “On tâtonne encore beaucoup. Ce qui est sûr, c’est que les subsides que nous sollicitons à l’extérieur ne vont qu’aux maisons de formation car ces jeunes frères doivent d’abord étudier et discerner leur vocation”. Plusieurs petits projets agricoles et d’élevage sont ainsi nés dans les fraternités de la Custodie. “Jusqu’à présent, les frères étaient quasi tous engagés en pastorale ; c’est essentiel mais les paroisses à Madagascar sont pauvres et ne peuvent subvenir aux besoins de leurs pasteurs. Il nous faut donc réfléchir, dès aujourd’hui, à comment inciter les jeunes frères à se doter de compétences professionnelles et de savoirs techniques pour subvenir aux besoins de leur fraternité”.

PENSER L’AUTONOMIE BIEN EN AMONT

C’est dans cet élan qu’un atelier de menuiserie a été ouvert dans la maison des postulants, à Soavantanina, et qu’une ferme d’agro-élevage a vu le jour à Soamahatamana. “Nous sommes maintenant à la recherche d’un champ pour développer de l’agriculture et de l’élevage. Aujourd’hui, nos terrains couvrent à peine 25 hectares, c’est trop peu par rapport au nombre de frères que nous sommes”. Ce souci de l’équilibre financier se traduit aussi dans les projets futurs : “La maison qui accueille les frères en théologie est située dans la capitale. Les frères n’ont qu’un maigre potager. Ainsi, nous projetons d’acheter un terrain en dehors de la ville pour déplacer, dans un avenir proche, la maison de théologie en ce lieu. L’autonomie d’une maison doit se penser bien en amont du projet”. Mais cet enjeu de la formation ne se limite pas à des calculs économiques. “Nous avons le souci de la qualité de la formation et j’insiste vraiment sur le mot “qualité”, car nous ne sommes pas en recherche de nombre, nous avons déjà beaucoup de vocations. Avoir des jeunes, c’est une grâce et notre devoir, c’est de leur procurer de bons formateurs, à chacune des étapes de leur formation. Actuellement, seul le Maître des novices répond à l’exigence d’un formateur. Les autres frères, très précieux, enseignent avec leur formation presbytérale. Eux-mêmes avouent parfois être un peu dépassés. Pour remédier à cela, nous pensons à l’envoi de certains frères en France et ailleurs. En mai, un conseil se tiendra et nous verrons ce qui est décidé en ce sens, nous remettons tous entre les mains du Seigneur”.

Soutenez l’œuvre de nos frères à Madagascar

La Fondation franciscaine de notre Province, la Fondation François d’Assise, soutient l’installation et l’équipement d’une porcherie à Andranomanelatra. Accompagnons ensemble nos frères de Madagascar vers une plus grande autonomie, vous pouvez adresser votre don par chèque à l’ordre de : Fondation François d’Assise au 7 rue Marie Rose Paris 14e ou faire un don en ligne : www.fondationfrancoisdassise.fr. MERCI !


ALLER PLUS LOIN

La Custodie de la Bienheureuse Vierge Marie

L’entité custodiale est composée de deux pays : Madagascar et l’Île Maurice. Actuellement, elle rassemble 9 fraternités et 4 maisons “filiales”, c’est-à-dire affiliées à une fraternité dont, parmi elles, des maisons de formation. Les franciscains sont au nombre de 74 frères qui se répartissent ainsi : 37 frères profès temporaires, 4 frères profès solennels laïcs, 1 frère diacre et 32 frères prêtres. Autre chiffre important, actuellement 49 jeunes sont en formation : Postulat (6), Noviciat (6), Philosophat (20) et Théologat (14), année de découverte franciscaine (3).

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