Les franciscains ont une longue tradition des pèlerinages. De son vivant, saint François d’Assise allait à Rome et s’est rendu en Terre sainte…
“L’homme est fondamentalement pèlerin. De tout temps il sort de son quotidien, de sa routine ou de ce qui l’éprouve pour marcher vers un ailleurs. Jérusalem, Éphèse, Compostelle, les hauts lieux ne manquent pas. À travers l’histoire de l’Église et des hommes, ils redisent notre condition de pèlerin”, partage frère Jean-Dominique Dubois, accompagnateur de pèlerinages depuis de nombreuses années en Terre sainte et en Italie. Cette condition de pèlerin, « saint François lui-même l’a rappelée à ses frères dans sa Règle : soyez « pèlerins et étrangers en ce monde » » souligne Fr. Didier Brionne, qui revient d’Assise où il accompagnait 130 jeunes de l’Enseignement catholique du diocèse de Créteil.
Pèleriner, pour François et pour beaucoup d’hommes et de femmes jusqu’à aujourd’hui, c’est faire l’expérience du détachement du quotidien et d’un ressourcement dans la foi et la vie fraternelle. Cette attitude et cette recherche de dépouillement sont au cœur de la spiritualité franciscaine. “Accompagner un groupe à Assise, c’est le faire entrer dans la découverte de lieux mais c’est encore, pour le frère que je suis, manifester le choix de ma vie donnée au Christ à la manière de François. En tant que frère, j’habite ce lieu de l’intérieur et, chaque fois que j’y retourne, je me laisse volontiers réinterroger dans mon cheminement spirituel. Il y a du partage et de l’engagement personnel dans la spiritualité”, confie Fr. Didier qui a guidé plus d’une vingtaine de groupes à Assise.
UNE MANIÈRE FRANCISCAINE ?
“Ma première fois à Assise, je devais avoir onze ans, c’était au petit séminaire des franciscains de Saint-Nazaire. J’y suis ensuite retourné comme franciscain et maintenant comme guide !” partage celui qui est aujourd’hui le gardien de la fraternité de Paris. Mais alors, au-delà d’une très bonne connaissance des lieux, qu’est-ce que cela change de partir avec les franciscains ? “Je dirais que la manière d’accompagner des frères, est moins académique, moins livresque, moins érudite peut-être”. François n’était pas un érudit, il voulait être le frère de tous. “Dans les groupes que j’accompagne, j’essaie de faire passer cet esprit de famille, de convivialité et de simplicité. Je recherche cette vérité du contact avec les frères et les sœurs résidants sur les lieux. Il est important que les pèlerins prennent conscience de la diversité de vivre de l’esprit de François d’Assise !”, poursuit-il encore.
“La fraternité, un trésor à vivre”. Une fraternité que les pèlerinages franciscains ont désormais érigée en devise comme le dévoile Fr. Dominique Joly, directeur des pèlerinages franciscains. En charge de la proposition de nouveaux itinéraires franciscains, de leur organisation, du partenariat avec les agences et guide lui-même, Fr. Dominique met l’accent sur le pèlerinage franciscain qui se déroule, chaque année, à Lourdes pour l’Ascension.
“Pour les malades et les handicapés, ce temps est souvent leur rayon de soleil de l’année. Quand on revient de Lourdes, on est certes fatigué, mais satisfait de lire le bonheur dans les yeux de tous”, partage frère Dominique. À Lourdes, on entend plus facilement parler du grand pèlerinage des Assomptionnistes, pourtant, savez-vous que la procession aux flambeaux, et plus tard, la procession du Saint-Sacrement, furent initiés par un frère capucin ?
LOURDES ET LES FRANCISCAINS
Vicaire à Saint-Gaudens, le frère Marie-Antoine Lavaur fut le promoteur de la procession aux flambeaux de la cité mariale. Le capucin rencontra sainte Bernadette avant qu’elle ne parte pour Nevers. La conversation qu’il eut avec la voyante ravit son âme. “Chacune de ses paroles est, pour moi, une perle précieuse que j’ai pieusement enchâssée dans l’écrin de mes plus religieux souvenirs”, écrira-t-il. Il prit une part très active à l’initiation des pèlerinages à la Grotte, il en prêcha des centaines !
Chaque année, le sanctuaire marial de Lourdes propose un thème pastoral. “Pour 2020, le thème est l’Immaculée conception. Il nous touche particulièrement en tant que franciscains car, peu le savent, mais c’est le bienheureux Jean Duns Scot, théologien franciscain du XIIIe siècle, qui a posé les bases du dogme de l’Immaculée promulgué, en 1854, par le pape Pie IX”.
Lors de la 16e apparition, le jeudi 25 mars 1858, Bernadette reçoit en effet de la Dame cette révélation qu’elle ne comprend pas “Je suis l’Immaculée Conception”. Alors pourquoi ne pas profiter du prochain pèlerinage franciscain à Lourdes, du 18 au 22 mai, pour “recevoir, en frères, ce message de Marie elle-même”, lance Fr. Dominique. Et si vous n’êtes pas libre en mai, pourquoi ne pas vous aventurer sur les pas du Padre Pio en septembre ! On dit qu’aujourd’hui il y aurait plus de pèlerins à San Giovanni Rotondo qu’à Lourdes ! “Né à la fin du XIXe siècle et mort en 1968, ce fils de saint François d’Assise laisse rarement insensible. Padre Pio bouscule par son envergure”. Pour beaucoup, ce sont les stigmates du Padre Pio qui questionnent. Il y a pourtant tant à apprendre du sens de ses stigmates et du témoignage qu’elles rendent au monde d’aujourd’hui. “Il a mené une vie de souffrances à vous décourager les plus aguerris ! C’est pour cela que j’ai beaucoup de plaisir à guider sur les pas de François d’Assise et du Padre Pio, deux témoins de la bonté de Dieu” conclut Fr. Jean-Dominique.
Alors à bientôt, lors d’un prochain pèlerinage avec les franciscains !
Propos recueillis par Émilie REY