Pâques dans la lumière du Crucifix de Saint-Damien

Le crucifix de Saint Damien au couvent franciscain de Bruxelles (Chant d'Oiseau).
Ce crucifié n’est pas le symbole d’un échec qu’il faut pleurer. Il est le visage humain du “Dieu, Très haut et glorieux”.

Le crucifix de Saint-Damien a tenu, dans la conversion de saint François, une place majeure. Il a habité son cœur, hanté sa mémoire tout au long de sa vie. On peut dire qu’il est une des sources de la spiritualité franciscaine.

Ce qui frappe en premier notre regard, c’est sa profonde humanité. Ce n’est pas le Christ impassible, majestueux hiératique des icônes byzantines. Ce crucifié n’est pas le symbole d’un échec qu’il faut pleurer. Il est le visage humain du “Dieu, Très haut et glorieux” comme l’indique la prière que François récita, des jours et des nuits, devant ce crucifix. Si ce corps porte encore les stigmates de sa passion, ce n’est manifestement pas le corps d’un cadavre. Il est vivant ! Non seulement il est vivant, mais il est glorifié, lumineux, irradié par la lumière de l’Esprit ! Aucune trace de jugement ou de reproche dans ses yeux largement ouverts. Visage de compassion et de tendresse, “Il est l’image du Dieu invisible” (Col. 1, 5). Le mystère de la Croix devient, pour François, la plus forte parole de révélation. Dieu dit tout quand il se tait pour donner sa vie pour les hommes, ses frères. Dès lors, la prière quotidienne de François sera essentiellement un long regard d’amour.

LE NOUVEL ADAM

Il est le nouvel Adam, le Premier-né d’une nouvelle création, la figure de l’humanité transfigurée par la puissance de l’Esprit. Il est le premier homme de l’histoire humaine qui accède à la plénitude de la vocation de l’homme. “Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins… Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié” proclame Pierre (Ac. 2, 32-36). Cette Résurrection-Ascension est évoquée dans le médaillon qui est au-dessus de la tête du Christ, manifestant ainsi l’unité du mystère pascal qui englobe la passion, la Résurrection et la glorification du Christ. Le “Christ monte vers le Père” dont la main, tout en haut, est comme tendue pour l’accueillir. Et tout autour se trouve une assemblée joyeuse d’anges et de saints qui chantent l’Alléluia de la victoire de l’Agneau pascal comme le dit l’Apocalypse : “Tu es digne de recevoir l’honneur, la gloire, la puissance et toute bénédiction.” C’est bien la totalité du mystère pascal que nous contemplons. “Que le Père, dans sa gloire, illumine les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints, et quelle puissance incomparable il déploie pour nous, les croyants : c’est l’énergie, la force de sa vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ, quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux… Il a tout mis sous ses pieds et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la Tête de l’Église qui est son Corps.” (Ep. 1, 18-22).

Le médaillon situé au haut du crucifix de saint damien
Le médaillon au-dessus de la tête du Christ évoque la « Résurrection-Ascension ».
Le visage du christ, les yeux grands ouverts, sur la crucifix de saint damien
« Aucune trace de jugement ou de reproche dans ses yeux largement ouverts. »

LA MORT EST VAINCUE

Dans cet événement-parole, François contemple l’incroyable amour de Dieu, sa véritable puissance, la profondeur du péché, la misère de l’homme capable de refuser la lumière, de tuer la vie mais aussi sa grandeur, puisqu’il est sauvé à un tel prix. Christ est vivant ! En cette nuit pascale, tout bascule. La mort est vaincue. La terre a un avenir. L’histoire a un sens. L’homme est devenu immortel ! Comment ne pas crier cette Bonne Nouvelle qui jaillit comme un feu de joie en cette nuit bienheureuse ? Elle illumine nos ténèbres. Elle éclate comme un printemps gonflé de sève. Elle réchauffe la terre et les cœurs engourdis par l’hiver d’une angoisse multiséculaire. La création tout entière, après des millénaires de lente germination, entrevoit soudain son achèvement.

Fr. Michel HUBAUT, OFM

“Dieu Très-Haut et glorieux, viens éclairer les ténèbres de mon cœur ; donne-moi une foi droite, une espérance solide et une parfaite charité ; donne-moi de sentir et de connaître, afin que je puisse l’accomplir, ta volonté sainte qui ne saurait m’égarer.”

Saint François d’Assise.

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