Générations connectées

Je porte désormais la conviction que c’est un moyen privilégié pour l’évangélisation des jeunes.

Les 23-25 janvier derniers, une quarantaine de frères mineurs – capucins, conventuels et franciscains – se sont retrouvés, à Nevers, autour de la réflexion : Générations connectées et Dieu dans tout ça ? Une session, nullement réservée aux spécialistes, pour réfléchir ensemble à la relation entre médias sociaux et vocation religieuse.

Les frères ont pu progresser grâce aux précieuses interventions et enseignements de Fr. Sébastien Robert, salésien et de Sr. Elisabeth Drzewiecki, SSFA. Ce fut d’abord une occasion de : « se rencontrer, de visage à visage, entre frères des trois branches, occasion de re-connaissance mutuelle dans l’échange et la prière, qui m’a permis de mesurer une approche très différente de l’usage des téléphone ou ordinateurs. Avec beaucoup de chaleur et de pédagogie, frère Sébastien nous a invités à ne pas avoir peur des réseaux sociaux – canaux incontournables pour rejoindre notamment les plus jeunes – et à en maîtriser les codes afin qu’ils restent des outils avec lesquels garder une saine distance » partage Fr. Nicolas Morin.

Cette prise de conscience d’un « monde à évangéliser » implique de mieux en comprendre sa culture et ses pratiques actuelles. Les notions de « peur » et d’être comme « dépassés » reviennent à plusieurs reprises dans les paroles des participants tel le Fr. Henri Laudrin : « J’ai découvert la jungle des médias sociaux et j’attends le Robin des bois parce que c’est une zone de non droit… Mais ce qui m’a intéressé c’est de découvrir, ensemble, la culture d’un nouveau monde et cela sans en avoir peur. » Une culture marquée par le besoin de rendre visibles certains aspects de soi jusque-là considérés comme relevant de l’intimité : « je retiens surtout deux mots : la cohérence et l’extimité. La cohérence de vie et de comportement tant sur les médias sociaux que dans notre vie de religieux. L’extimité est un terme que je ne connaissais pas. Je l’ai un peu approfondi sur internet. Ce besoin de « partager » par l’image me laisse toujours un peu perplexe » développe Fr. Jean-Paul Arragon.

Ces nouveaux outils permettent d’ouvrir une réflexion sur ce que nous voulons communiquer et à qui nous souhaitons le partager. Cela questionne aussi la communication au sein même de nos fraternités et de la province : « j’ai été marqué, dans les réalisations des Salésiens, combien leur communication est décentrée : ils ne cherchent pas tant à communiquer sur eux-mêmes qu’à donner le parole aux jeunes-mêmes. Et nous, franciscains, que cherchons-nous à transmettre quand nous communiquons ? Une belle image de nous-mêmes ? Proposer l’Évangile ? » questionne Fr. Nicolas Morin. « Nous avons perçu, en commençant à chercher des repères communs, que ces médias nous amènent à échanger sur des secteurs de notre vie qui semblent aller de soi mais que nous vivons parfois dans un certain individualisme assumé : le temps, nos relations, la tension/la prière, et même nos « compensations » » complète Fr. Eric Moisdon.

Alors que certains frères ont profité de la formation pour ouvrir un compte Facebook, d’autres se sont initiés à Tweeter. Fr. Eric Moisdon conclut : « Je me faisais encore l’illusion de pouvoir vivre « sans », par crainte majeure d’y perdre trop de temps, mais je porte désormais la conviction que c’est un moyen privilégié pour l’évangélisation des jeunes. Mais cela implique de nous former davantage ». Un désir de poursuite de la formation exprimée par bien d’autres pour continuer à se familiariser à cette culture numérique.

Fr. Jean-François Nevoux, OFM

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