Retour sur la visite du Ministre général en France

Vous ne vous résignez pas à une fin inexorable.

Les Frères de la Province du Bienheureux Jean Duns Scot en France et Belgique furent heureux d’accueillir Fr. Massimo Fusarelli et Fr. Albert Schmucki, Définiteur Général, du 17 au 22 juin derniers. Une visite animée par un profond désir de rencontrer les frères et de mieux comprendre les défis de l’actualisation du charisme de saint François dans l’hexagone.

Après avoir été accueillis par Fr. Michel Laloux, actuel Provincial, Fr. Massimo et Fr. Albert purent participer à la rencontre du Définitoire, à Paris. La démarche « Résurgence » leur fut présentée. « Il s’agit d’un processus dont le but initial était, face à la crise démographique, la redéfinition de nos présences et de nos missions à l’horizon 2030. Cela va bien au-delà. Nous découvrons, au fil des mois, que ce processus nous fait replonger aux sources de nos vocations individuelles et communautaires. Il nous provoque à un renouveau missionnaire dans une France sécularisée, il vient éveiller des appels nouveaux » se réjouit Fr. Michel Laloux.

Fr. Massimo réagissait : « Vous ne vous résignez pas à une fin inexorable. Vous avez connu plusieurs mouvements missionnaires notamment en petites fraternités dans des contextes marginalisés. Vous avez une pratique de la vie religieuse, vous n’hésitez pas à expérimenter, cela est un patrimoine pour l’Ordre. Je perçois dans cette dynamique de « Résurgence » un souci de fidélité à votre vocation. Et je vous renouvelle mon invitation au dialogue pour véritablement discerner ensemble ce qui plaît au Seigneur et ne pas tomber dans de la programmation stratégique ».

Parmi les autres points abordés avec le Définitoire de France-Belgique : la tempête des abus qui a secouée l’Église de France. « Nous ne sortons pas indemnes de cette catastrophe et nous sommes héritiers de ces trahisons mais cela nous invite à réfléchir à des modes de gouvernance évangéliques ; c’est une occasion de conversion comme le disait Fr. Massimo » témoigne Fr. Frédéric-Marie Le Méhauté, Vicaire provincial. Les frères de France-Belgique disent avoir ressenti la proximité et le soutien de l’Ordre dans cet important combat en faveur de la protection des mineurs et du respect de l’intégrité de chaque personne côtoyant les frères.

Franciscains de Paris lors de la rencontre du Ministre général frère Massimo Fusarelli en juin 2024.
Avec la fraternité de Paris, première étape de la visite.
Frère Michel Laloux, Ministre provincial des franciscains de France-Belgique, avec Fr. Massimo Fusarelli, Ministre général des frères mineurs et Fr. Albert Schmucki, Définiteur général.
De gauche à droite : Fr. Michel Laloux, Fr. Massimo Fusarelli et Fr. Albert Schmucki.

Autre enjeu des années à venir : le regain d’intérêt d’une frange de la jeunesse chrétienne pour la figure de François d’Assise. Le Général a pu constater les efforts de cohérence, de structuration et de synergie entre les services de la Communication provinciale et de la Pastorale des Jeunes et des Vocations. Dans son bilan, Fr. Massimo encourageait ainsi les frères : « Votre réflexion et vos choix disent l’ouverture, le dialogue, la confrontation à la culture et à la mentalité actuelle. Réjouissez-vous d’être présents avec eux, d’être une matière, un sujet, une occasion de questionnement vocationnel ».

Après avoir rencontré la communauté des frères de Paris, la deuxième étape de leur visite les emmenait à Vézelay (Bourgogne) à la découverte de la plus vieille implantation de l’Ordre en France. C’est en effet en 1217 que le Bienheureux Pacifique et quelques frères s’établirent dans un petit ermitage, « La Cordelle », encore habitée par trois frères. À l’appel de l’Ordre et dans le sillon des encycliques du Pape François, les frères creusent, dans cet écrin de verdure, la dimension contemplative chère à saint François. Et pour permettre à l’ermitage de traverser encore les siècles et aux frères de vivre pleinement cette double dimension de la contemplation et de l’accueil inconditionnel, un projet de rénovation a été réfléchi avec l’ensemble des frères de la Province. Il  a pu être détaillé au Ministre et au Définiteur général en présence des nombreux bénévoles engagés aux côtés des frères. Ce projet devrait durer deux années et débutera cet été par des fouilles archéologiques.

Rencontre à La Cordelle (Vézelay), avec des bénévoles engagés autour du projet de rénovation de l'ermitage franciscain.
Rencontre à La Cordelle (Vézelay), avec des bénévoles engagés autour du projet de rénovation de l’ermitage franciscain.

Du Centre de la France, Fr. Massimo et Fr. Albert partirent ensuite pour l’Ouest et la fraternité de Nantes. Il s’agit d’une des trois maisons (sur dix en tout) qui accueillent les aînés de la Province. Un déplacement qui a touché les frères qui se sont vus salués ainsi : « Vous êtes vieux, vous êtes malades… mais vous êtes vivants ». Face au vieillissement de l’Ordre, particulièrement accentué en Europe, Fr. Massimo et Fr. Albert, rencontrant tour à tour le gardien mais aussi la Commission des frères aînés de la Province, purent admirer le souci et les efforts engagés pour vivre en frères « jusqu’au bout »  et maintenir le lien fraternel notamment avec les frères en maisons de retraite. Fr. Massimo invitait cependant les frères à un point d’attention : «  Dans les années à venir vous allez être encore davantage confrontés à ce défi du vieillissement. Cela ne doit pas peser que sur les épaules des plus jeunes, il est donc nécessaire de continuer à étudier une juste répartition des charges et des responsabilités pour les structures de vos frères aînés. »

A Nantes, le Ministre a rencontré la Commission Interculturalité et Internationalité. Fr. Miki Kasongo, Définiteur et coordinateur de ladite commission, en a rappelé la mission : accueillir, accompagner et écouter les frères venant d’autres provinces d’une part et, d’autre part, préparer et accompagner les fraternités qui accueillent en vue du meilleur vivre ensemble interculturel. Fr. Massimo saluant ce travail de la commission, a souligné que la Province France et Belgique est parmi les rares provinces dans l’Ordre à faire un travail de fond sur cette réalité. Et a demandé à la Commission de lui fournir tous les comptes-rendus qui serviront d’inspiration pour l’Ordre.

Rencontre avec les membres de la Commission Interculturalité et Internationalité, dans le jardin du couvent franciscain de Nantes.
Rencontre avec les membres de la Commission Interculturalité et Internationalité, dans le jardin du couvent franciscain de Nantes.

C’est enfin dans la cité phocéenne, à Marseille, que s’achevait cette semaine en présence des frères d’ d’Avignon et de Marseille. Un passage qui venait redire l’attention de l’Ordre et plus encore de toute la Famille Franciscaine pour ce bassin méditerranée, lieu de tant de tragédies humaines mais aussi creuset d’un vivre-ensemble dans l’altérité sans égal et assurément prophétique.

Le Ministre n’ayant pu se rendre dans toutes les communautés de la Province de France-Belgique, une rencontre en Zoom permit à tous les frères de le saluer et de l’interpeller sur tel ou tel sujet. Il concluait :  « Je vous demande également, tout en comprenant la fatigue qui est la vôtre, de rester ouverts aux perspectives de l’Ordre et de la Conférence (COTAF) afin d’élargir les frontières mentales, spirituelles et géographiques de votre vie franciscaine. Nous sommes une grande famille et vous pouvez aussi trouver ailleurs de l’inspiration ».

Article écrit par Emilie Rey,
chargée de communication de la Province du bienheureux Jean Duns Scot

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