Jeunes avec François

Xavier Philippe

“Avec les frères et les sœurs, les échanges étaient libres”
Quelque chose de rafraîchissant dans les relations.
Xavier Philippe Route d'Assise pèlerinage

Après dix jours sur les pas de saint François lors de la Route d’Assise, Xavier, 30 ans et enseignant dans un collège à Deuil-la-Barre (Val-d’Oise), nous partage sa découverte de la spiritualité franciscaine et la manière dont elle l’interpelle aujourd’hui.

J’ai grandi dans une famille où mes parents m’ont transmis la foi catholique, que j’ai pu développer, entre autres, à travers le scoutisme. Je l’ai redécouverte plus récemment à travers un désir personnel d’approfondir ce qui m’a été transmis. En discutant avec mon père spirituel, alors que je cherchais à faire un pèlerinage pour l’été qui approchait, il m’a suggéré de regarder du côté des franciscains. Je me suis alors inscrit à la Route d’Assise un peu par hasard, sans trop savoir où j’allais atterrir.

LA JOIE DE LA FRATERNITÉ

Pendant ces dix jours de marche à travers la campagne italienne, j’ai été marqué par la grande fraternité qui s’est vécue. Dans ma vie, j’ai toujours été très bien accompagné et conseillé par les prêtres que j’ai pu rencontrer, avec toutefois toujours ce sentiment d’une hiérarchie et d’un échange assez descendant. Ce qui m’a agréablement surpris avec les frères et sœurs franciscains, c’est la disponibilité et la simplicité dont ils ont fait preuve. Les échanges étaient libres, fraternels en somme.
Cela a quelque chose de rafraîchissant dans les relations et je pense que toutes les personnes ayant participé à la Route d’Assise venaient également chercher cela. Au sein du groupe, il y a ainsi eu une complicité qui s’est très vite mise en place. L’avantage de marcher chaque jour est que cela donne du temps pour discuter et rencontrer les différents membres. Et si certains n’étaient pas habitués à marcher, cela a généré une entraide très féconde entre nous. Le seul fait d’être ensemble nous mettait dans une joie simple. Ainsi, à la fin du pèlerinage, nous sommes allés à Assise avec nos instruments (accordéon, guitare, djembé…) afin de danser dans les rues d’Assise, rejoints rapidement par un groupe de pèlerins portugais !

SE LAISSER INTERPELLER

Ce qui me touche chez saint François, c’est sa volonté de vivre selon l’Évangile, son appel à lâcher prise, à une grande pauvreté et à une attention particulière envers les plus nécessiteux. Finalement, revenir à une simplicité dans sa vie de tous les jours. Dans la mesure où on vit des crises sociales, migratoires, politiques, cela m’interpelle beaucoup aujourd’hui sur la place de l’Église et son rôle, son enseignement sur ces questions assez clivantes.
Cette expérience franciscaine et les textes comme l’encyclique Laudato si’ me nourrissent beaucoup sur la notion de fraternité et d’écologie : Qu’est-ce que c’est que de vivre la fraternité au quotidien ? Quel équilibre peut-on trouver entre respecter l’environnement et garder une primauté pour l’Homme ? En tant qu’enseignant, je suis confronté à des enfants d’origines variées, ayant chacun leurs difficultés propres, leurs centres d’intérêt, leur éducation. Comment être fraternel avec chacun dans une société où les personnes sont d’apparences si différentes ? Toutes ces questions sont d’une grande richesse et permettent d’éprouver ma foi sur des principes de réalité.

LA ROUTE CONTINUE

Début octobre, j’ai découvert “le Poulailler”, l’afterwork des frères au couvent de Paris. J’y ai trouvé une grande simplicité et les autres jeunes que j’ai pu rencontrer partagent – je pense – cette même conviction. C’est intéressant de pouvoir échanger sur notre foi pour grandir et ne pas s’enfermer sur soi-même. Cela crée une forme de communauté où l’on accepte de rencontrer des personnes que l’on n’a pas choisies et de discuter avec elles de sujets qui nous préoccupent.
Aujourd’hui, j’ai envie de continuer sur ce chemin-là. La spiritualité franciscaine me rejoint et m’apporte beaucoup. Et je crois, comme le disent aussi les frères, qu’ils sont heureux de ces échanges qui sont féconds autant pour nous que pour eux. Malgré nos vocations ou choix de vie différents, on se sent ainsi faire pleinement partie de l’Église.

Xavier PHILIPPE

Contact