Jeunes avec François

Raphaëlle

“La joie des sœurs était contagieuse”
Raphaelle Goulet Togo
J’ai réalisé qu’il s’agissait d’une joie invisible, pourtant présente dans les cœurs.
Raphaelle Goulet Togo

Raphaëlle a 22 ans et étudie le droit lorsqu’elle décide d’aller voir à quoi ressemble l’application des grands principes des droits humains de ses cours magistraux. Elle part comme volontaire au Bureau national catholique de l’enfance (BNCE) au Togo…

« Le Seigneur t’appelle, va, quitte ton pays… » Cette chanson que l’une des sœurs de la Pouponnière de Lomé chantait, me colle toujours à la peau. Si j’avais déjà voyagé et étudié à l’étranger, c’est véritablement durant mon séjour au Togo que j’ai quitté mon pays.
Dernière d’une fratrie de cinq enfants, 22 ans à l’époque, je suis habitée par l’espoir d’un monde plus beau, convaincue qu’avec l’amour on peut tout… J’ai étudié le droit : les droits de l’homme, le droit international puis, au retour du Togo, les droits africains. Je crois que j’avais envie de voir à quoi ressemblait l’application des grands principes des droits humains appris à l’université. Et puis je voulais découvrir un peu l’Afrique. Je suis donc partie six mois à Lomé, comme volontaire au Bureau national catholique de l’enfance (BNCE) – Togo. J’ai logé chez les sœurs franciscaines de Lomé, à la Pouponnière.
Les premiers temps furent difficiles. Il y avait sans cesse du monde à la Pouponnière mais je me sentais très seule. Jusqu’à ce que je comprenne avec le cœur que Jésus, ma foi, est mon rocher. Petit à petit, après le dîner avec les sœurs, j’ai appris à passer mes soirées avec Dieu, dans ma petite chambre. Une simplicité d’abord forcée mais que je recherche aujourd’hui dans ma vie. Être juste là, juste à Lui, vraiment présente au moment.

UNE JOIE INVISIBLE

Il faut dire que la joie des sœurs était contagieuse. J’ai beaucoup aimé vivre avec elles, partager leur simplicité, leurs repas, assister aux Vêpres. En un mot : être témoin de leur foi au quotidien. Au moment du bénédicité, elles disaient souvent : « Merci pour ce repas que nous partageons dans la Joie ». Je ne comprenais pas cette phrase, surtout les soirs où aucune sœur ne parlait, où chacune semblait morose. J’ai réalisé qu’il s’agissait d’une joie invisible, pourtant présente dans les cœurs. Et je l’avais en moi aussi ! La prière quotidienne, la simplicité des échanges, la rencontre avec l’autre… telle fut la recette de ma joie et le fil rouge de mon séjour là-bas ! Et Dieu m’a fait un autre grand cadeau : j’ai un peu appris la langue parlée à Lomé et cela a changé ma vie sur place.
L’activité principale des sœurs chez qui je vivais est de recueillir des bébés orphelins ou abandonnés. C’est un engagement où l’on ne peut pas faire « pause ». Grâce à elles, j’ai vu quelle force Dieu nous donne pour persévérer. Cela m’a accompagné dans ma mission au BNCE-Togo où les actions juridiques et de plaidoyer (le cœur de ma mission) étaient au ralenti quand je suis arrivée. Ce fut d’ailleurs une difficile leçon d’humilité : découvrir que l’on n’avait pas besoin de moi. Et pourtant, je me suis creusée la tête pour faire quelque chose d’utile !

UNE LEÇON D’HUMILITÉ

Certains collègues m’ont conseillé d’effectuer une partie de mon volontariat dans une ville voisine : Atakpamé. Ce fut encore une nouvelle expérience avec des débuts difficiles. Apprendre à connaître d’autres sœurs, gagner leur confiance, m’intégrer dans leur petite famille, prendre le taxi collectif seule – sans jamais vraiment savoir à quelle heure j’arriverais au travail ! – observer à nouveau les activités du BNCE, constater que l’on n’avait davantage besoin de moi ici ! Mais Dieu est tellement bon ! Encore, il me guidait. Il m’a appris à faire confiance. A la fin de mon séjour, je saluais les gens sur le chemin du travail, j’avais partagé des super moments avec les sœurs, découvert une nouvelle ville, je m’étais fait de nouveaux amis. Je comprenais qu’un volontariat de solidarité ce n’est pas tant d’être utile pour « sauver le monde » mais aller à la rencontre, car c’est là que peut se passer le vrai changement pour soi et pour l’autre.
Je suis toujours en contact avec les sœurs franciscaines, je pense souvent à elles et je les remercie de tout mon cœur pour tout ce que je continue de recevoir d’elles !

Raphaëlle GOULET

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