Jeunes avec François

Étienne

En catholique et militant écologiste
Carrière professionnelle, mode de vie, vocation, projets, il y a mille façon avec lesquelles François peut parler au XXIe siècle.

Étienne Gaillard a 26 ans et il participait dernièrement au week-end Laudato si’ organisé au couvent de Paris (29 février-1er mars 2020). Coordinateur à France nature environnement Normandie, une association de défense de l’environnement basée à Rouen, il nous partage ce que François apporte à sa vie de croyant et de militant…

« Frère Loup, si tu acceptes de faire la paix, je te promets que les habitants de Gubbio te nourriront jusqu’à la fin de ta vie. » Du haut de mes sept ans, je découvrais le premier témoignage de ce que pouvait être un acte d’évangile. Quand on a une bande dessinée des Chercheurs de Dieu, des parents habitués des retraites à Assise et un frère qui s’appelle François, il est clair que le chemin de conversion s’apparente davantage à Obélix tombant dans la marmite que Paul sur le chemin de Damas !
Baigné dans un univers médiéval qui m’a toujours passionné, l’histoire de saint François a fortement résonné en moi. J’ai pu longuement relire sa vie, essayer de comprendre ses actes et m’attarder sur sa constante quête de Dieu jusqu’à l’apparition des stigmates ; épisode éprouvant, là où le titre « chercheur de Dieu » prenait tout son sens dans la vie de François. J’ai vite été attiré par l’humilité et l’intégrité de ce saint. Son humanité aussi était attachante, de par sa jeunesse de joyeux drille, ses errements personnels, sa rencontre avec le sultan.

UN CLIN D’ŒIL AU LOUP DE GUBBIO

Un autre aspect qui explique mon attrait pour saint François d’Assise est son rapport à la Création. Tout petit, j’ai eu une passion dévorante pour les animaux. En grandissant, je me suis orienté vers une hypokhâgne/khâgne avant d’intégrer l’Institut d’études politiques de Lille, où j’ai eu la chance de pouvoir suivre le master développement soutenable. Cette décision a été mûrie par un exposé que j’ai dû préparer, en mars 2015, sur la gestion publique du loup en France : Comment s’était produit le retour de cet animal dans les montagnes françaises ? Comment les hommes ont-ils géré son retour ? À ma manière, j’adressais un clin d’œil à François d’Assise et à Frère Loup !
Ces études m’ont amené à travailler pour France nature environnement Normandie. Le fait de travailler en tant que catholique dans le milieu écologiste donne une dimension toute particulière à mes attaches franciscaines. Laudato Si a bientôt cinq ans et malgré le trop faible nombre de prises d’initiatives, cette parole a eu sa résonance. Les questions gênantes du type « Mais t’es pour ou contre le mariage pour tous ? » ont pu laisser place, dans certains milieux, à des remarques encourageantes : « C’est bien ce que dit le Pape sur l’écologie ». Saint François n’est pas étranger à cela, mais attention à ne pas en faire un militant écologiste, il n’a pas eu à lutter contre un projet de barrage géant ou à s’alarmer de la sixième extinction des espèces.

GARDER L’ESPÉRANCE DANS LE VISEUR

Dans un métier à la croisée des chemins entre rigueur professionnelle et militantisme, la foi m’apparaît très souvent comme nécessaire. Face à des projets qui ne sont pas menés à terme, à la difficulté d’envisager un « monde d’après », à la prise en compte de décisions politiques lentes ‑ qui sont le propre de notre système démocratique ‑ la foi aide à garder dans le viseur cette espérance qui fait parfois défaut même à des écologistes chevronnés. L’espoir, la volonté de réussir ces projets, l’impression parfois de faire fausse route, sont autant de sentiments qu’a dû connaître le saint patron de l’écologie. Carrière professionnelle, mode de vie, vocation, projets, il y a mille façons avec lesquelles François peut parler au XXIe siècle. Et l’écologie n’en est qu’une dimension.

Étienne GAILLARD

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