À cœur
ouvert

Fr. Didier Van Hecke

“Chez les frères, j’ai trouvé une vie joyeuse, fraternelle, souple et priante”
Ce fut la découverte fulgurante d’une figure qui me parlait…

Bio express

14 juillet 1954

Naissance à Mâcon


1978

Pèlerinage à Rome et à Assise


1980

Entrée au séminaire à Dijon


20 septembre 1982

Entrée au noviciat


23 février 1987

Profession solennelle


1995-2001 et 2005-2008

En Afrique (Togo et Côte d’Ivoire)


Depuis septembre 2021

Gardien de la fraternité de Marseille

Propos recueillis par Henri DE MAUDUIT

Fr. Didier Van Hecke, gardien de la fraternité de Marseille depuis 2022, nous partage son itinéraire vocationnel. Un chemin qui s’est fait pas à pas…

Quatrième d’une famille de six enfants, Fr. Didier passe son enfance et une partie de sa jeunesse en région parisienne où il grandit “dans les joies d’une famille nombreuse.” Fils d’un père officier dans l’armée, il évolue dans un milieu catholique pratiquant et reçoit une éducation chrétienne. En grandissant, au lycée, Fr. Didier confie avoir “laissé ces choses de côté” mais il n’en reste pas moins engagé, entre l’aumônerie de son école et les Scouts de France. Deux lieux qui vont nourrir et construire sa foi.

À L’ÉCOLE DU SERVICE ET DE LA VIE FRATERNELLE

Le bac en poche, il entre à la faculté de pharmacie de Lyon. Là-bas, il rencontre les Petits frères des pauvres auprès desquels il s’engage pour rendre visite à des personnes âgées. Un service qui “donne du sens” à sa vie. En parallèle, il garde un pied chez les Scouts de France ainsi que dans une aumônerie de lycée où il est animateur. Poussé par cette soif d’engagement et de rencontres, il participe à l’un des premiers grands rassemblements internationaux de jeunes en 1972 : le Concile des jeunes à Taizé, un lieu qui l’a beaucoup marqué. Après trois ans de pharmacie, Fr. Didier bifurque vers une école d’infirmier. Diplômé, il trouve un travail en tant qu’infirmier à domicile et s’installe à Mâcon, en colocation avec trois autres jeunes. “On avait fait le choix d’une vie communautaire fraternelle, avec des valeurs telles que l’accueil, la solidarité, etc.” Derrière ces nombreux choix, un premier désir de vie religieuse aurait pu se dessiner, mais il ne souhaitait pourtant pas autre chose que se marier et avoir des enfants. “À l’époque, je n’ai jamais pensé être ni prêtre ni religieux, et je ne connaissais même pas saint François !”

UN DOUX TRAVAIL INTÉRIEUR

Il n’allait pourtant pas tarder à le rencontrer. L’été 1978, il part à Rome et à Assise avec des amis et sa paroisse. “Je n’avais jamais rien lu sur saint François et ne savais pas ce qu’était un franciscain. Ce fut la découverte fulgurante d’une figure qui me parlait à travers son style extrêmement libre et audacieux.” À son retour en France, la vie reprend mais il rencontre un aumônier franciscain qui vit alors en petite fraternité dans la banlieue lyonnaise. “Quelque chose travaillait doucement au fond de moi, même si j’avais toujours ce désir de fonder une famille.” Un temps de discernement qui n’est “pas simple” mais pour lequel il décide d’aller jusqu’au bout, lorsque le curé de sa paroisse lui suggère de prendre le temps de réfléchir à ce qu’il veut faire de sa vie. “Il m’a conseillé, avec insistance, de rentrer au séminaire, ce que j’ai fait pendant deux ans à Dijon. J’ai pu apprécier la formation philosophique et théologique, l’étude de la Bible, l’éthique, etc. Je commençais alors doucement à envisager un projet de vie religieuse”, confie-t-il. Il effectue aussi plusieurs séjours chez les frères, dans les fraternités de Besançon, Strasbourg et Bonne Fontaine. “Dans ces lieux, j’ai trouvé une vie joyeuse, fraternelle, souple et priante. J’y retrouvais tout ce à quoi j’aspirais : à la fois le souci des pauvres et le côté intellectuel. J’ai pu prendre conscience que je pouvais y vivre quelque chose. C’était de l’ordre d’une certitude intérieur, je me suis dit : oui, Seigneur, je pense que tu m’appelles sur ce chemin. Et mon histoire, ce que j’ai vécu avant, fait qu’il y avait une cohérence dans ce choix.” À la fin de sa seconde année, Fr. Didier prend la décision de rentrer chez les franciscains. “À partir du moment où j’ai été dans une perspective de vie religieuse, j’ai tout de suite pensé aux franciscains et rien d’autre. Il me semblait que ce projet de vie correspondait à ce que je portais, à mon propre désir de vie communautaire que j’avais déjà vécu de manière laïque dans une vie fraternelle, de prière et d’engagement au service des plus petits. Mais à la suite de saint François, ce projet s’affirmait de façon plus radicale.”

DES PETITS CHOIX AU GRAND CHOIX

Pour certains, il y a un déclic soudain, une “illumination”. Fr. Didier, lui, parle de points de repère qui l’on fait cheminer petit à petit. “L’évènement est notre maître intérieur”, dit-il en citant le philosophe Emmanuel Mounier. “Dans ma situation, il y a un certain nombre d’évènements où Dieu m’a touché et qui m’ont fait prendre des virages. Il n’y a pas eu une certitude absolue mais une succession de petits choix et d’engagements que j’ai pu faire dans la fidélité : des petits pas les uns après les autres. Et si j’ai pu faire un grand pas en entrant chez les franciscains, c’est parce qu’il y a eu tous les autres pas avant. Je peux le dire aujourd’hui avec le recul, mais c’est quelque chose qui se confirme chaque jour, au fur et à mesure que l’on avance et que l’on fait des choix.” Petits choix qui, pas à pas, peuvent nous emmener loin : le 1er octobre prochain, Fr. Didier fêtera les 40 ans de sa profession simple !

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