Retraite jeunes pro’ : « Pour Zundel, la Création est un désir de Dieu de communiquer sa Vie »

Je crois qu’aujourd’hui l’émerveillement peut nous aider à retrouver une forme de réconciliation dans notre relation à Dieu et aux autres.

Depuis plus de 30 ans, Fr. José Kohler se passionne pour la spiritualité du théologien suisse Maurice Zundel (1897-1975). Du 27 février au 2 mars 2025, il animera une retraite pour étudiants et jeunes pro’ chez les sœurs clarisses de Cormontreuil (Reims), sur le thème : « Création, amour et émerveillement, avec saint François et Maurice Zundel ». Il nous en dit plus sur cette initiative et les affinités spirituelles de ces deux figures.

Fr. José, en tant que frère franciscain qu’est-ce qui vous touche dans la pensée de Maurice Zundel ?

Découvrir et lire Maurice Zundel m’a apporté une manière neuve, moins moralisante, de parler de Dieu, de la foi, des Hommes ou encore de la vie de l’Église.
Sa pensée m’a aussi donné un second souffle au niveau de la théologie car il en fait quelque chose de très vivant ! Avec lui, la théologie n’est pas affaire d’idées intellectuelles mais une question de relation. Dieu, c’est avant tout celui qui veut être en relation avec nous. Ainsi son fils Jésus nous manifeste un Dieu vivant, qui n’est pas dans son Ciel mais qui cherche à entrer en relation avec l’Homme.

En quoi Maurice Zundel et saint François d’Assise se rejoignent-ils ?

Maurice Zundel s’est beaucoup nourri de saint François dans sa spiritualité et à l’inverse, des franciscains tels qu’Éloi Leclerc ont parfois cité ce théologien suisse. Personnellement, Maurice Zundel a éclairé ma manière de voir la pauvreté chez saint François. Longtemps, chez les franciscains, on parlait de la pauvreté avec l’idée de la séparation, de ce que l’on doit abandonner. Pour notre théologien suisse c’est l’inverse : la pauvreté c’est ce qui peut m’aider à entrer en relation. Elle peut me libérer de ce que je garde afin de me rendre capable d’un mouvement vers l’autre, pour accepter de recevoir et de partager. Comme François qui reçoit la Création, la voit comme un don : dès lors il peut s’émerveiller et louer le Créateur.

La pensée de Maurice Zundel est très vaste. Quel sera l’axe de cette retraite ?

Le thème de la retraite, « Création, amour et émerveillement », nous conduira à aborder ce sujet central chez Zundel qu’est la relation. Mais quel est le lien avec la Création ? Pour Zundel, la Création n’est pas de la simple mécanique mais un désir de Dieu de communiquer sa Vie. Notre Dieu est relation, Il a créé le monde dans un acte d’Amour, pour former une alliance et entrer en relation avec l’Homme. Ce sera la base de notre réflexion tout au long de la retraite.


Quelle est l’actualité de sa pensée ?

La relation de l’Homme vis-à-vis de la Création est blessée aujourd’hui. J’entends souvent dire qu’il est le pire de la Création, cela me peine ! S’il a ses torts, il ne faut pas oublier sa vocation particulière vis-à-vis de la Création. Et je crois que Maurice Zundel peut nous parler tout particulièrement sur cette question de l’Homme et de sa relation au créé.
Si l’Homme fait partie de la Création, il est aussi appelé à transcender le monde biologique et physique. Comment ? Grâce à sa capacité à s’émerveiller, c’est-à-dire à sortir de lui-même pour entrer dans une louange. A travers cette louange s’ouvre alors un dialogue avec Dieu et les autres. Et je crois qu’aujourd’hui l’émerveillement peut nous aider à retrouver une forme de réconciliation dans notre relation à Dieu et aux autres.


BIO EXPRESS

Né en suisse en 1897, Maurice Zundel étudie la théologie à Fribourg où il est ordonné prêtre en 1919. Nommé vicaire à Genève, il abandonne rapidement l’enseignement des « dogmes » dans ses catéchèses à l’université, pour une vie de témoignage de l’amour divin basé sur la relation et la générosité.
Influencé par la pensée de François d’Assise, la pauvreté prend également une place essentielle dans sa vie : il n’aura de cesse à vivre et à appeler à la désappropriation de soi, seule façon d’être vraiment libre.
Jugé trop original par son évêque, il est exilé et envoyé en Italie, en France et en Angleterre. En 1972, à l’invitation du pape Paul VI, il prêche une retraite de Carême au Vatican qui lui vaudra sans doute d’être dès lors officiellement accepté par l’Église. A sa mort en 1975, il laisse une œuvre considérable composée d’une vingtaine d’ouvrages, ainsi que de nombreux articles et conférences.

Source : https://mauricezundel.com/qui-est-maurice-zundel-breve-biographie/

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