Fr. Rogatien, à l’écoute des Pèlerins de l’Eau Vive

Frère Rogatien avec les pèlerins de l'eau vive à Paris
Ce n’est pas un aumônier, c’est un frère ! Il fait partie de la communauté !

Au couvent de Paris, un jour par semaine, Fr. Rogatien Desplanques pose sécateur et dé à coudre pour rejoindre les Pèlerins de l’Eau Vive, une association catholique qui intervient auprès des malades de l’alcool et de leur entourage. Rencontre…

“Quand je suis arrivé chez les Pèlerins de l’Eau Vive, ce n’était pas à cause de l’alcool mais grâce aux fleurs !” lance Fr. Rogatien avec des yeux rieurs.
Un dimanche, tandis que la responsable de l’association vient à la messe chez les frères, elle demande à rencontrer celui qui réalise les compositions florales. “Au cours d’une discussion, elle me propose de réaliser les compositions florales pour le pèlerinage de l’été des Pèlerins de l’Eau Vive, à Pontmain. J’ai accepté et puis on m’a ensuite proposé de venir au chapelet… Ça fait 25 ans que ça dure”, raconte avec simplicité Fr. Rogatien.

UNE MISSION VÉCUE EN FRÈRE

D’abord à Rennes puis à Nantes, où il est nommé responsable d’antenne pendant neuf ans, Fr. Rogatien est désormais engagé, depuis presque dix ans, dans deux antennes à Paris et à Neuilly-sur-Seine.
C’est dans cette dernière que je l’accompagne un beau jour du mois de janvier. Du couvent Saint-François, rue Marie Rose, à la paroisse de Saint-Pierre-de-Neuilly (92), d’une ligne de métro à une autre, c’est un itinéraire qu’il connaît par cœur.
En chemin, je l’interroge sur sa mission et le rôle qu’il joue. Il répond simplement : “Écouter. Chez les Pèlerins de l’Eau Vive, il faut beaucoup écouter et ne pas porter de jugements.” Arrivés à la paroisse de Saint-Pierre-de-Neuilly (92), Fr. Rogatien s’engage vers le fond de l’église où nous passons une porte discrète. Là, il retrouve le petit groupe, appelé “Cœur”, qui se réunit tous les vendredis après-midi. Je suis accueilli par des visages joyeux et plein d’amitié. D’emblée je les questionne sur la place de notre frère missionnaire au sein de ces réunions. “Qu’est-ce que cela change pour vous d’avoir un aumônier qui vous accompagne ?” La réponse fuse : “Ce n’est pas un aumônier, c’est un frère !” lance Thérèsa, l’une des membres, suivie par les autres d’un rire aux éclats. “Il fait partie de la communauté !” La confirmation d’un authentique lien fraternel, d’une famille joyeuse et soudée.

SE PORTER LES UNS LES AUTRES

La plupart des personnes qui font partie des Pèlerins de l’Eau Vive sont soit des anciens aujourd’hui guéris ou en rémission, soit des conjoints qui ont pâti de l’environnement d’une personne alcoolique. C’est le cas de Béatrice, responsable de ce Cœur : “J’ai choisi d’accompagner mon mari en ne buvant plus d’alcool, même si je ne buvais pas beaucoup. C’est là que l’on voit combien c’est difficile. J’ai rejoint les Pèlerins il y a 25 ans, au moment où mon mari, Thierry, a été hospitalisé pour être sevré.” Et si ce dernier s’est rapidement guéri, elle a fait le choix de rester solidaire avec le groupe. “Après la guérison de mon mari, on s’est dit qu’il était important ensuite d’aider les autres qui vivent la même chose, pour se soutenir les uns les autres, prier ensemble… On est alors entraînés vers le haut !”
Fr. Rogatien vit, lui aussi, cette pleine solidarité. Sur le chemin du retour, il me confiera beaucoup prier pour les membres de l’association et se rendre avec eux à la chapelle de la Médaille miraculeuse pour les confier à Marie. Comme dans une relation d’amitié, il prend aussi des nouvelles de chacun qu’il connaît particulièrement. “On se voit parfois aussi en dehors des réunions ou bien on échange par SMS.”

Le temps de prière du chapelet avec les pèlerins de l'eau vive
Le temps de chapelet est animé sous le regard de Notre-Dame des missions impossibles.

LA PRIÈRE AU CŒUR DE LA GUÉRISON

Après avoir pu témoigner individuellement, la rencontre s’achève par un temps de prière autour d’une petite statue de “Notre-Dame des missions impossibles”. “Nous disons le chapelet parce que c’est la prière du pauvre. Alors les Pèlerins de l’Eau Vive l’ont adopté pour demander la guérison par l’intercession de la Vierge Marie”, raconte Fr. Rogatien.
Christine, abstinente depuis six ans, confie l’importance que la prière a eue dans sa guérison. “C’était important de rejoindre un groupe enraciné dans la prière, car j’avais besoin de guérir dans mon corps mais aussi de consolider ma foi. Pour moi, l’un n’allait pas sans l’autre. Je m’étais éloignée de Dieu et ici, j’ai pu vivre une véritable réconciliation avec la foi et retrouver une certaine dignité. C’était à la fois comme une bouée de sauvetage, une récompense, et un aiguillon.”
Thérèsa participe aux rencontres pour accompagner son mari Michel. Un geste solidaire qu’elle vit avec tous les autres Pèlerins. “Ces temps de prière sont une vraie force qui sort du groupe. Ici, tout le monde peut témoigner sur ce que Dieu a fait dans leur vie, en toute simplicité.” Car dans ce “Cœur”, chacun peut partager en confiance et avec ses frères et sœurs, une parole libérée qu’il a sur son cœur.

Henri DE MAUDUT


Pour aller plus loin

L’association des Pèlerins de l’Eau Vive
Fondée à Lourdes par un médecin, cette association propose, depuis 1979, une mission catholique parmi les malades de l’alcool pour accueillir, écouter, partager et prier. En plus de ces rencontres hebdomadaires en “Cœurs”, l’association propose des pèlerinages annuels et régionaux, ainsi que des réunions de formation avec des médecins alcoologues. Pour en savoir plus : www.pelerinsdeleauvive.org

En févier 2023, Le Jour du Seigneur venait à la rencontre du groupe des Pèlerins de l’Eau Vive à Saint-Pierre-de-Neuilly (92).

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