Semaines sociales de France, rencontres et synergies

Ça a interpellé de voir que « l’Église régulière » vient aussi répondre aux questionnements de la société.

Du 24 au 26 novembre 2023, à Lyon, la 97ème rencontre des Semaines Sociales de France avait pour thème « Écologie : Préparons-nous à un changement radical ». L’esprit franciscain était présent, retour de trois participants.

DE L’INITIATIVE PERSONNELLE AU « FAIRE ENSEMBLE »

La matinée du dimanche était consacrée au thème « Osons une écologie intégrale ». C’est dans ce cadre-là que Fr. Frédéric-Marie Le Méhauté était invité, pour donner une conférence sur le thème « Partir des plus pauvres pour changer radicalement ». Présent tout au long du week-end, il a aussi pu profiter de l’ensemble de l’évènement et nous partage ses observations. « Ce qui était intéressant c’est qu’il y avait à la fois le rappel du constat sur la crise écologique (climat, biodiversité, pauvreté, migration) et en même temps une multitude de petites initiatives. Certes elles ne prétendent pas changer le monde mais elles contribuent malgré tout à développer des solutions locales dont on espère qu’elles pourront un jour faire vraiment évoluer la situation. » Il note aussi la force de cet évènement qui est « de faire se rencontrer des publics qui ont du mal à se rencontrer aujourd’hui, d’entendre les contraintes, de les partager et de voir que c’est ensemble qu’on peut les faire bouger. Face à l’urgence écologique, on propose souvent des actions personnelles, des petits efforts du quotidien. C’est une bonne chose, ça permet de maintenir une attention. Et en même temps, veillons à ne pas rester dans le « je vais faire ceci » pour passer au « nous ». Car on voit bien que ce qui donne du sens, ce n’est pas tant des solutions techniques individuelles qui vont nous permettre de nous sauver et d’affronter les défis mais c’est le collectif, c’est de retrouver le sens du faire ensemble. Ainsi la fraternité franciscaine telle que nous cherchons à la vivre, a déjà une portée écologique qu’on ne mesure pas toujours. »

LA CORDELLE VITRINE POUR LES FRÈRES

En sortant de la conférence, les visiteurs auront peut-être pris le temps de déambuler parmi les stands. Ils auront alors remarqué une grande pancarte « Paix et Bien » et été accueillis par Thibaud, chargé de projet pour l’ermitage franciscaine de La Cordelle. Présent tout au long du week-end, il témoigne : « C’est un évènement qui m’était complètement inconnu et ça a été une vraie surprise pour moi de découvrir cette rencontre du catholicisme social. J’ai trouvé que c’était un rendez-vous très qualitatif pour aborder l’écologie, il y avait vraiment de tout : des intervenants politiques, des techniciens, des experts du GIEC, des militants, des élus… et même des religieux ! Il y avait donc une vraie cohérence dans la présence franciscaine à cet évènement. Les gens étaient heureux, je pense, de voir un Ordre religieux qui s’inscrit dans ces thématiques-là. Le fait que les religieux ne soient pas à part dans leur bulle mais qu’ils viennent jusqu’à eux, c’est une manière de dire : nous aussi on est concernés pas l’écologie et on propose quelque chose. Dans notre cas, c’est l’exemple de La Cordelle mais aussi des propositions faites par les frères pour les jeunes pro. Je pense donc que ça a interpellé de voir que « l’Église régulière » vient aussi répondre aux questionnements de la société. »

HÉRITAGE ET SYNERGIES

Passés les stands, les visiteurs auront repris le chemin des salles de conférences de pour assister, en fin de matinée, à la table ronde sur le thème « Acteurs pour une écologie intégrale, des pistes ». Là, ils auront certainement entendu les questions de Joseph, 25 ans, familier des WEFA et invité pour réagir aux intervenants. « Les Semaines sociales de France ont en effet proposé à des jeunes de divers groupes de participer en posant quelques questions aux intervenants. J’y suis allé au nom du collectif Lutte et Contemplation, à l’aune d’une semaine intense en mobilisation pendant la COP 28. C’était une belle découverte que ces Semaines sociales de France, que je ne connaissais pas du tout ! Je me suis senti rejoint par l’héritage de cette « vieille Dame » (pour reprendre l’expression de sa présidente, Isabelle de Gaulmyn). C’était beau de voir des générations de chrétiens qui se sentent appelés à réfléchir et à s’engager pour un monde plus juste, socialement et écologiquement. J’ai beaucoup aimé discuter avec d’autres participants, pour la plupart plus âgés, qui sont eux aussi engagés ou prêts à se laisser interpeller par les questions d’écologie intégrale, abordées ce weekend. J’ai aussi été touché par tous leurs remerciements et encouragement pour ce que l’on porte avec Lutte et Contemplation. »
« Le témoignage de Lucie Pinson au cours de cette table ronde m’a particulièrement parlé. Elle a insisté sur le rôle de la finance dans la transition écologique et a dénoncé le rôle de certaines banques dans le financement des énergies fossiles. Comme en écho, nous nous sommes retrouvés le jeudi matin suivant à une quinzaine devant le siège de la Banque populaire à Lyon, pour un cercle de silence visant à rappeler le rôle de cette banque dans le financement des nouveaux projets fossiles et à intercéder pour la COP 28 qui venait de débuter. Quelques personnes avaient entendu parler de cette action aux Semaines sociales et s’était jointes à nous. C’est chouette de voir les synergies qui peuvent émerger de tels rassemblements ! J’en ressors boosté dans mon désir de suivre Dieu en m’engageant au service d’une transition écologique juste et solidaire ! »

Henri DE MAUDUIT

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