Marie, “Vierge faite Église”

Du Seigneur de majesté elle nous a fait un frère

Saviez-vous que la Vierge Marie est la patronne de l’Ordre franciscain ? Si saint François est à la source de la spiritualité franciscaine, il est un homme du Moyen Âge, pétri par la piété mariale. Pourtant, à cette époque, il n’y avait ni Lourdes, ni Fatima !

Dans les premiers siècles de l’Église, Marie est vénérée, comme Mère du Christ, Mère de Dieu. À partir du IVe siècle, la liturgie, surtout en Orient, célèbre quelques fêtes majeures de la Vierge Marie, en lien avec les mystères de Jésus-Christ. Mais à partir du XIe siècle, le culte marial va se développer pour lui-même, comme une dévotion surtout propre au peuple chrétien et va s’exprimer dans la prière, dans la poésie, dans les arts : peinture, sculpture et architecture. Nos églises, à partir du XIIe siècle, en sont le vivant témoignage puisqu’elles sont souvent dédicacées à la Vierge Marie, Notre-Dame, comme on les appelle en France. On peut dès lors distinguer d’une part une dévotion mariale et, d’autre part, un développement théologique propre aux clercs dont la prédication fait le lien entre les deux. Durant le XIIe siècle, l’influence de Bernard de Clairvaux et des cisterciens est dominante dans la théologie et la piété mariales.

REINE DES ANGES

François d’Assise, lui aussi, est profondément marqué par la liturgie et la prédication concernant les mystères de Jésus et de Marie. Il est en cela accordé à son temps et sa piété s’exprime dans les thèmes et les images popularisés par saint Bernard. Ses écrits témoignent de la vénération pour la Mère de Jésus, qui fut pauvre comme son fils, mais vénérée comme reine des anges et reine de l’Église. Elle est élue de Dieu, sanctifiée par Dieu pour mettre au monde Jésus. Elle intercède pour les hommes, surtout pour les pécheurs. Elle est le modèle de l’âme fidèle, habitée par l’Esprit de Dieu, servante du Très-Haut, soumise à sa volonté, bénéficiaire d’une grâce exceptionnelle. Elle a engendré le Christ au monde et l’engendre aussi dans le cœur des fidèles. Elle représente l’Église des fidèles unis au Christ, “la Vierge faite Église”.
François a placé sa fraternité sous la protection de Marie, vénérée dans la chapelle de la Portioncule comme reine des anges et refuge des pécheurs. Il évoque souvent Marie dans ses écrits, dont l’antienne mariale de son Office de la Passion et de la Pâque résume sa dévotion à Marie : “Sainte Vierge Marie, aucune n’est semblable à toi parmi les femmes de ce monde : fille et servante du Roi très haut, le Père céleste, mère de notre très saint Seigneur Jésus-Christ, épouse du Saint-Esprit. Avec l’archange saint Michel, avec toutes les Vertus des cieux et tous les saints, prie pour nous ton Fils très saint et bien-aimé, notre Seigneur et Maître.” Le fait de rappeler que François s’inscrit parfaitement dans la piété mariale de son époque et qu’on ne peut pas parler d’une théologie mariale qui lui soit propre, ne signifie nullement qu’il n’y aurait chez lui aucune originalité. Il y a dans sa piété, dans ses écrits et dans ses admonitions à ses frères, des priorités et des insistances qui méritent d’être soulignées.

DEVENIR “MÈRES DU CHRIST”

Tout d’abord, il y a dans ses écrits une fréquence des mentions de la Vierge Marie et un vocabulaire particulier qui montrent qu’il ne sépare jamais la présence et l’activité rédemptrice de Jésus, de la présence et de la coopération de Marie. Thomas de Celano, dans sa deuxième biographie de François, énonce cette constatation : “Il embrassait la mère de Jésus d’un amour indicible, pour la raison que du Seigneur de majesté elle nous a fait un frère. Envers elle, il s’acquittait de louanges particulières, répandait des prières, offrait ses affections en si grand nombre et de telle manière que la langue humaine ne pourrait l’exprimer.” (2 Cel, 198).
On peut noter dans cette courte phrase la vénération de François pour le mystère de l’Incarnation, contemplé comme une descente du Créateur vers sa créature, non pour la dominer mais pour s’identifier à elle dans une fraternité inouïe. Or cette œuvre d’humilité divine passe par la maternité de Marie. C’est pourquoi, quand François évoque les mystères rédempteurs de Jésus, il lui associe sa mère, l’humble vierge, la pauvre Dame. Cette contemplation le comble de joie et suscite son action de grâces, comme dans la grande prière qui clôt sa première Règle : “Nous te rendons grâces car, de même que tu nous as créés par ton Fils, de même, par ta vraie et sainte affection dont tu nous as aimés, tu l’as fait naître, vrai Dieu et vrai homme de la glorieuse, toujours vierge, très bienheureuse sainte Marie ; et par sa croix et son sang et sa mort, tu as voulu nous racheter, nous les captifs…” (1 Reg., 23, 3).
Marie nous donne Jésus, par la volonté du Père et l’action de l’Esprit saint, mais elle est aussi notre mère et notre modèle de vie chrétienne par sa disponibilité, son humilité et sa pauvreté vécue réellement avec son fils. En écho à la parole de Jésus – “Qui est ma mère, qui sont mes frères… ? Ceux qui font la volonté de Dieu” –, François déclare que nous pouvons, à notre tour, être mères du Christ en l’enfantant dans l’âme de nos frères, “par un saint ouvrage qui doit luire en exemple pour les autres.” (1LFid.53). Il faut signaler l’insistance de François pour la pauvreté vécue de Marie. En cela, elle inspire et soutient l’essentiel de la vocation du frère mineur : suivre le Christ humble et pauvre. “Quand tu vois un pauvre, ô frère, c’est un miroir qui t’est présenté du Seigneur et de sa pauvre mère” (2 Cel., 85).

Fr. Luc MATHIEU, OFM


PÈLERINAGE MARIAL À BONNE FONTAINE

Chaque année, les franciscains organisent un grand pèlerinage marial à Bonne-Fontaine pour le 15 août. Première messe à 8h30 et messe solennelle à 10h30. Procession mariale à 15h. Possibilité de pique-niquer sur place et d’hébergement à proximité du sanctuaire. Plus d’informations sur le pèlerinage auprès de la fraternité au 03 87 24 30 60 ou par email (ci-dessous).

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