L’Ascension, à Lourdes avec les frères, ils ne manqueraient cela pour rien au monde !

Malades ou soignants, on a tous quelque chose à chercher à Lourdes.

Ils s’appellent Jean, Bernadette, Anne, Jean-Marie et Marie-Thérèse… Depuis quelques années pour certains, quelques décennies pour d’autres, ils participent au pèlerinage franciscain qui les rassemble tous les ans à Lourdes pour la fête de l’Ascension. Pourquoi ce choix ? Que cherchent-ils à vivre avec les frères ? Merci à eux d’avoir accepté de témoigner pour En frères.

“Malades, frères, sœurs, bien portants, handicapés… À ce pèlerinage viennent tous ceux qui veulent venir !” lance avec entrain Fr. Christian Brailly. Pèlerin de Lourdes depuis 1986 et aujourd’hui Aumônier national pour l’hospitalité franciscaine, il est aussi au Directoire, ce petit groupe de bénévoles et de frères en charge de l’organisation du pèlerinage franciscain. À travers son témoignage mais aussi ceux d’autres pèlerins, un élément me frappe : ce pèlerinage franciscain à Lourdes est avant tout un temps de retrouvailles entre amis, un rendez-vous d’habitués venus des quatre coins de la France qui se retrouvent pour faire communauté.

UN TEMPS DE RETROUVAILLES

“Il y a un sens de la fraternité, de la famille. On est ensemble, on partage tout : les joies comme les peines ou les épreuves. Il y a des personnes qui ne viennent qu’à Lourdes, c’est leur seule sortie de l’année ! Pour eux, c’est un moment de retrouvailles, de vacances, de partage, d’amour fraternel…” C’est en ces mots que Fr. Christian résume les huit jours de pèlerinage. Un sentiment que partagent Jean-Marie et Marie-Thérèse, respectivement brancardier et hospitalière. Originaires de Sélestat, depuis 2006 ils ont accompagné une quinzaine de fois le pèlerinage franciscain. C’est par le frère handicapé de Jean-Marie qu’ils ont connu la proposition. Ce dernier “y va depuis 50 ans ! C’est sa sortie pour les vacances, il retrouve ses copains, il est vraiment heureux là-bas ! Aujourd’hui, on forme un vrai groupe uni, on est aussi contents de retrouver les autres participants.” “On fait une famille en fait” résume quant à elle Bernadette, hospitalière et pèlerine depuis 2007. “Chacun des participants, de quelque région qu’il soit, aussi bien hospitalier que brancardier, pharmacien, docteurs, malades… On peut vraiment parler de famille franciscaine.”

Anne a participé au pèlerinage de Lourdes à trois reprises en fauteuil roulant. Elle s’exclame d’emblée : “J’ai bien l’intention de continuer ! Il y a ce sentiment de faire partie d’une communauté, avec les frères mais aussi avec les bénévoles.” Elle se souvient particulièrement des catéchèses lors desquelles les pèlerins entendent des témoignages mais sont aussi invités, dans une confiance réciproque, à donner leurs propres témoignages. Aumônier national adjoint, Fr. Florent Nibel accompagne le pèlerinage depuis 1988. “C’est une joie pour moi de revoir les personnes que j’aime beaucoup et de vivre ensemble ces temps de prière, de rencontres et de fraternité. Le miracle que je vois c’est cette fraternité qui se vit entre tous les pèlerins. Je suis frappé par les personnes qui sont proches de malades, leur disponibilité, leur humour, leur bonne humeur.”

UNE QUALITÉ DE PRÉSENCE ET DE COMMUNION

D’où vient ce sentiment que partagent les participants de faire partie d’une famille ? Loin des grands discours, les frères mais aussi les bénévoles on fait le choix de la simplicité dans les relations pour toucher les cœurs par leur présence auprès de chacun. Car handicapés, malades ou soignants, ils sont pèlerins avant tout.

“Certains pèlerins sont seuls parmi ces malades. Durant l’année, ils vivent en Ehpad alors ils attendent ici une vie de fraternité, que l’on soit attentif et que l’on prenne du temps avec eux” témoigne Fr. Florent. En tant qu’aumônier, il estime que son rôle est avant tout d’être présent auprès de chacun, malade, handicapé ou valide. S’il y a des moments de convivialité pour “partager une bière ou une glace avec les personnes malades ou les bénévoles”, cela se traduit aussi par une “disponibilité pour être à leur écoute ou dire une parole. Ce qui me touche beaucoup c’est quand nous passons à la grotte : on tire la voiturette des malades et quand ils touchent le rocher, c’est un moment fort qu’ils vivent et moi je communie à ce moment.” Cette simple présence priante, c’est aussi ce que cherche à vivre Bernadette auprès des malades : “Je ne fais pas de grand discours. Il suffit de les écouter avec attention, de sourire avec bienveillance. Quand je les accompagne à la Grotte pour le chapelet par exemple, je leur prends la main. C’est un temps fort de communion avec eux. La récompense c’est de voir ensuite leurs visages qui rayonnent, leurs mercis émus… L’important pour moi est d’être avec eux, vraiment tout près d’eux.” “Les frères et les bénévoles sont un témoignage de vie, de chaleur et de douceur. Ils sont simples, amicaux et bienveillants, ils sourient tout le temps. C’est très spontané !” complète Anne avec enthousiasme.

“C’est merveilleux d’accompagner ces personnes, parce qu’elles vivent l’Évangile plus que moi. On reçoit des leçons de vie et elles me donnent le goût d’aller à Lourdes !” s’exclame Fr. Christian. Parce que ce pèlerinage franciscain, c’est aussi cette réciprocité dans la relation, un équilibre qui place chaque personne sur un pied d’égalité. Malades, handicapés, bénévoles ou frères… Tous bénéficient des bienfaits du pèlerinage, comme en témoigne Bernadette. Après une expérience diocésaine à Lourdes, elle confie : “Avec les franciscains c’est autre chose : c’est la gaieté, la spontanéité, la simplicité, de la vraie fraternité. Auprès d’eux, j’ai moi-même trouvé beaucoup de compréhension et de réconfort à une époque où je traversais une période difficile.” C’est aussi le cas de Jean-Marie et Marie-Thérèse : “On vit huit jours de vie fraternelle pour accompagner mais aussi porter nos intentions. Malades ou soignants, on a tous quelque chose à chercher à Lourdes. C’est cela qui nous porte.”

DE LA FIDÉLITÉ DE L’ENGAGEMENT PRIS

“Mais le pèlerinage, ce n’est pas seulement quelques jours à Lourdes, c’est toute l’année !” lance avec énergie Fr. Christian. Car les liens qui unissent les pèlerins dépassent le cadre du pèlerinage, le prolongent d’une certaine manière et ouvrent à une dimension fraternelle totale. “Plusieurs fois par an, je garde des relations par lettre ou au téléphone avec certains. Prier pour les malades et handicapés, pour les membres de l’hospitalité, les appeler de temps en temps, être en lien par la prière et l’amitié : c’est toute l’année qu’il faut vivre son pèlerinage !” Pour Jean qui accompagne des malades depuis vingt ans au pèlerinage, c’est la même chose : “En dehors du pèlerinage, je visite certains malades, qu’ils soient des pèlerins actuels ou anciens.” “Je n’arrête pas de communiquer avec les bénévoles mais aussi les malades. Il y en a trois ou quatre avec lesquels je garde un lien tout au long de l’année, on s’écrit” raconte aussi Bernadette.

Mais au-delà de ces liens, ce sont aussi des temps de rencontres qui sont organisés dans l’année. Notre hospitalière continue : “Comme dans toutes les régions, l’hospitalité Nord-Belgique se retrouve plusieurs fois dans l’année, avec et sans les malades de notre région. Ça nous permet de garder contact régulièrement.” “On organise aussi une fois par an une fête des malades” complète Jean. “On va les chercher dans les hôpitaux, on fait des gâteaux et on organise une messe avec des anciens pèlerins de Lourdes.” Monique, pèlerine octogénaire qui a découvert le pèlerinage franciscain il y a un an, a pu à son tour s’émerveiller de ce lien avec les bénévoles : au cours d’une réception à l’occasion de la nouvelle année avec les pèlerins “une dame m’a vu arriver et m’a tout de suite dit : “Alors, ça va mieux ? C’est moi qui vous ai aidée à Lourdes l’an dernier quand vous êtes tombée de votre lit !” “J’ai été très touchée, elle se souvenait de moi !” se souvient-elle.

Au-delà du lien, c’est aussi un véritable engagement qui perdure tout au long de l’année pour aider à l’organisation du pèlerinage : envoi des dossiers, répartition des chambres, gestion des inscriptions, etc. Mais aussi poser des jours de congés ou pouvoir s’engager financièrement. “Il y a des bénévoles, ça fait des années qu’ils viennent à Lourdes : ils paient leur pèlerinage, ils prennent sur leurs congés annuels et ils travaillent du matin au soir sur place !” s’exclame Fr. Christian, plein d’admiration. Comment ne pas penser à Jeannine ou encore Éliane qui a donné cinquante ans de sa vie au Secrétariat du pèlerinage de Lourdes. Nous n’avons pu l’interviewer mais qu’à travers ces quelques lignes, elle soit remerciée pour sa fidélité, sa discrétion et son écoute légendaire ! “C’est un engagement total” reconnaît Jean. Tous les ans, il organise ainsi avec d’autres bénévoles une quête franciscaine au sein de leur paroisse pour aider certains pèlerins qui n’ont pas les moyens de partir. “Maintenant, j’ai comme un contrat moral avec les malades : je ne pourrais pas rester chez moi au mois de mai en sachant que les copains sont là-bas ! Une fois qu’on a goûté à l’eau de Lourdes, on revient tous les ans prendre une nouvelle dose !”

Henri DE MAUDUIT

©François de Terris
©François de Terris
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©François de Terris
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Il est encore possible de s’inscrire à notre pèlerinage franciscain, du 15 au 19 mai 2023 ! Informations et inscription : auprès de Jeannine Soldner (pele-franciscains@orange.fr, 06 70 49 91 67) ou de Gérard Daniel (adpf67@gmail.com, 0784123455).

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