François-Joseph fréquente le Poulailler parisien et s’est rendu à Brother Sun pour rencontrer des personnes animées par l’amour du Christ et les questions de justice écologique et sociale.
Parmi la petite assemblée réunie autour de la pasteure Caroline Ingrand-Hoffet, en ce vendredi 29 août à Notre-Dame de Reinacker, il y a François-Joseph, 25 ans, habitant en Seine-Saint-Denis. En fin d’études d’histoire, le jeune homme écoute attentivement la Franco-Suisse retracer son engagement au sein de la paroisse de Kolbsheim (67) contre le projet de « Grand contournement ouest » de Strasbourg qui menaçait notamment des forêts centenaires. Si le projet a été mené à terme, Caroline n’en reste pas moins marquée par l’aventure fraternelle vécue avec les nombreux zadistes(1) qu’elle a accueillis au sein du presbytère durant tout le mouvement. « J’ai trouvé intéressant que Caroline aborde la réaction des institutions, que ce soit à l’échelon paroissial ou national. Certains de ses confrères ont exigé des blâmes pour sa proximité avec ce mouvement qui, je le rappelle, ne recherche pas la confrontation directe ou violente, mais est un mouvement de présence. Il est bon de questionner ensemble le positionnement de nos institutions et ce qu’on doit faire vis-à-vis de cela, non pas pour les changer de l’intérieur, mais pour essayer d’avoir un regard critique et oser dire « non » ! Car il y a des choses qui sont plus importantes que de sauvegarder la face de l’institution. » Depuis quelque temps, François-Joseph s’est rapproché de milieux militants. Alors, cet échange était important et l’encourage à aller à la rencontre d’autres personnes et collectifs qui concilient vie militante et Évangile.
COMPRENDRE L’AUTRE
Dans son souci de poser les fondations de son engagement chrétien, François-Joseph participait, le lendemain, au carrefour animé par Cécile Dubernet, enseignante-chercheuse en Science politique et Relations internationales à la Catho à Paris. Dans un monde où violence et conflits se sont imposés et banalisés, comment entendre la non-violence dans le cadre d’engagements militants ?
Un thème approfondi l’après-midi durant un atelier sur les peurs collectives également porté par Cécile Dubernet. « J’ai pu mesurer à quel point il y a des peurs qui sont nourries pour accentuer une division entre les citoyens : je pense à la peur des immigrés, des musulmans, etc. On a regardé quels sont les mécanismes qui nourrissent ces peurs et qui empêchent le rapprochement et le dialogue. En tant que phénomène social, c’est super intéressant et cela fait partie des champs que j’aimerais approfondir pour mieux comprendre comment fonctionne notre société. Faire un peu de sociologie ne fait jamais de mal, surtout quand on veut comprendre et aimer l’autre. »
UN BONHEUR OFFERT À TOUS
Il poursuit : « Je considère qu’en tant que chrétien, nous nous devons d’investir massivement ces questions et ces mouvements de justice sociale et d’égalité des droits. Le Christ est venu sur terre pour sauver le monde et apporter le bonheur à tous et ce dès maintenant. »
François-Joseph se met en porte-à-faux avec celles et ceux qui oseraient dire que « si la vie sur terre est dure, c’est pour préparer le paradis ! » « C’est un non-sens total », réagit- il vigoureusement « et les théologiens franciscains l’ont d’ailleurs développé. J’ai perçu, par exemple chez Jean Duns Scot(2), qu’avant même la Croix et la Passion du Christ, l’Incarnation était le témoignage de l’importance de l’être humain aux yeux de Dieu. Un Dieu qui vient sur terre avant tout pour être avec nous. Et c’est d’ailleurs le message de la crèche vivante imaginée et diffusée par François d’Assise. Cela remet au centre de notre foi l’idée que le bonheur de l’être humain est voulu par Dieu, ici et maintenant. »
Et c’est bien cette primauté de l’amour de Dieu pour chaque homme et chaque femme qui met en mouvement François-Joseph et alimente ses premiers pas de militant. Nul doute que son engagement bénévole prochain au Dorothy(3), à Paris, continuera à faire grandir sa réflexion théologique et politique.
Émilie REY
(1) Zadistes, de l’acronyme « Zad » (Zone à défendre), désigne des militants, souvent issus des milieux écologistes et anticapitalistes, qui occupent des espaces pour y développer des projets à vocation politique et/ou sociale contre des projets d’aménagement qui porteraient préjudice à l’environnement.
(2) Théologien franciscain écossais du XIIIe siècle, également le saint patron de la province de France et de Belgique.
(3) Café-atelier associatif créé par des chrétiens et ouvert à tous dans le 20e arrondissement de Paris.