Origine des conformités franciscaines

Vitrail du couvent de Besançon, avec l'emblème des conformités franciscaines
En “conformité” avec l’Évangile.

Véritable sceau des franciscains, les “Conformités” sont pourtant bien moins connues que le Tau. Fr. Michel Hubaut nous explique l’origine et le sens de cet emblème.

Comme les magasins Carrefour ont leur logo, la famille Franciscaine a le sien. Oui, me direz-vous, c’est le fameux Tau que les frères et les sœurs portent pendu autour du cou ou accroché au revers du veston depuis une quarantaine d’années. Eh bien non ! Dans les siècles antérieurs et jusqu’à aujourd’hui, l’emblème de la famille franciscaine est “les Conformités”. Elles représentent sur une croix, deux bras qui s’entrecroisent, celui du Christ qui est nu et celui de François stigmatisé qui sort d’une bure. Cet emblème, que l’on retrouve sur tous les continents, sculpté ou peint sur la pierre ou le bois, atteste souvent d’une ancienne implantation franciscaine disparue ou oubliée, un couvent détruit ou abandonné. C’est ainsi qu’en Corse, de nombreuses églises paroissiales ont leur autel marqué par les “Conformités”.
D’où vient le nom de cet emblème ? D’un ouvrage de la fin du XIVe siècle du franciscain Barthélemy de Pise : le traité “De Conformitate vitae Beati Francisci ad vitam Domini Jesu redemptoris nostri.” De la conformité de la vie du bienheureux François à la vie du Seigneur Jésus notre rédempteur, faisant de François un “autre Christ” !

Le symbole des conformités au sanctuaire franciscain de l’Alverne, en Italie.
Les conformités, gravées sur le pupitre de la chapelle du couvent Saint-François à Paris.

ATTACHÉ AU CHRIST

Mais, d’où vient le graphisme de cet emblème ? Selon les historiens, il apparaît pour la première fois sur un blason attribué à saint Bonaventure qui, une fois devenu cardinal, s’était choisi cet emblème. Il ne souhaitait pas exalter François comme un autre Christ mais voulait signifier que chaque frère mineur, par sa profession, est définitivement attaché au Christ. Ce blason se serait répandu dans les Flandres à la fin du XVe siècle. De fait, au musée franciscain de Rome, sur un tableau réalisé par un artiste flamand pour la canonisation de Bonaventure (1482), on voit, à côté du chapeau de cardinal, un écusson avec deux mains croisées transpercées par un même clou.
Cet “emblème des Conformités”, tel que nous le connaissons désormais, aurait donc subi une évolution sur le plan graphique et sur celui de sa signification. Des deux mains réunies par un même clou, on est passé aux deux bras croisés, montrant l’un la plaie du Christ, l’autre, les stigmates de François. Du symbole d’une union indéfectible au Christ, l’emblème est devenu le signe de la conformité exceptionnelle de François au Christ par les stigmates, et donc un symbole de gloire et d’honneur pour l’Ordre des frères mineurs. Mais au-delà de cette évolution, cet emblème peut nous inviter, aujourd’hui encore, à la suite de saint François, à modeler notre vie sur celle du Christ, à être toujours plus en harmonie en “conformité” avec l’Évangile. Comment suivre le Christ sans assumer, un jour ou l’autre, son itinéraire pascal.

Fr. Michel HUBAUT, OFM

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