Deux jeudis par mois, au couvent Saint-François à Paris, des jeunes se retrouvent autour d’un repas suivi d’un temps d’échanges sur un thème : c’est le Parcours franciscain, lancé en septembre 2021 dans le cadre de la Pastorale des jeunes et des vocations. Mais le jeudi 24 mars, la rencontre a pris une tournure légèrement différente. Ce soir-là, une dizaine d’entre eux sont entrés dans la démarche synodale du diocèse de Paris.

Le 9 octobre 2021, le pape François annonçait l’ouverture d’un synode sur la vie de l’Église avec pour thème : “Pour une Église synodale : communion, participation et mission”. Il interrogeait tous les fidèles : « En ouvrant aujourd’hui le parcours synodal, commençons par tous nous demander – pape, évêques, prêtres, religieux et religieuses, frères et sœurs laïcs – : nous, communauté chrétienne, incarnons-nous le style de Dieu, qui chemine dans l’histoire et partage les défis de l’humanité ? Sommes-nous disposés à vivre l’aventure du cheminement ou, par peur de l’inconnu, nous réfugions-nous dans les excuses du “cela ne sert à rien” ou du “on a toujours fait ainsi” ? »

LE REGARD DES JEUNES SUR L’ÉGLISE
Ce sont ces questions que les jeunes du Poulailler ont décidé de prendre à bras-le-corps, s’inscrivant dans la démarche proposée par le diocèse de Paris. Des échanges fructueux que nous vous partageons : « Nous voulons voir l’Église comme lieu de la joie, de l’apprentissage de la profondeur où s’interroger sur le sens de la vie, pour nous-mêmes et pour le partager aux autres. » Et s’ils regardent aussi les blessures de l’Église, ils désirent « s’entraîner à avoir un regard lucide et en même temps plein d’espérance pour continuer de vivre ce que le Christ nous invite à vivre. »
Au-delà de ce qu’ils vivent, ils ont aussi été amenés à se poser question suivante : à partir de mon expérience personnelle, de quelle Église est-ce que je rêve ? Au cours de la soirée, ils ont témoigné à tour de rôle, les yeux parfois rêveurs et le sourire toujours sur les lèvres : « On veut une Église beaucoup plus joyeuse et rayonnante ! » ; « Je rêve d’une Église qui ait la joie de se retrouver pour manger ensemble, pour partager, pour faire la fête et aller à la messe le dimanche. Bref, qu’elle soit là dans tous les moments du quotidien. » ; « Moi, je rêve d’une Église dans le monde mais pas du monde, qui soit centrée sur les petits et qui soit dans la joie ! » ; ou encore : « Je rêve d’une Église qui soit unie, soudée et qui puisse nous porter dans tous les moments de la vie. »

ET APRÈS ?
Mais ils n’en sont pas restés là ! Après cette expérience, nos jeunes ont décidé de partager les fruits de leurs échanges dans une lettre adressée à leur évêque (à retrouver ci-dessous). Revenant sur les joies qu’ils vivent dans l’Église, « lieu de foi, de communauté et de fête, structurant pour l’ensemble de leur vie, lieu de mission et de don », ils formulent aussi des souhaits quant à leurs attentes pour l’Église de demain : « Nous désirons vivre pleinement l’accueil : se sentir accueilli pour ensuite accueillir l’autre. Nous souffrons parfois d’une Église qui se crispe et qui préfère la revendication au dialogue. » Et si les avis divergent parfois dans le groupe, ils se rejoignent « sur un désir commun de retrouver, au sein de toutes nos communautés chrétiennes, le sens de l’accueil, de la fraternité, de la rencontre en profondeur, et de la joie des retrouvailles. »
Ainsi au Poulailler, dans ce petit coin de verdure au cœur du XIVe arrondissement de Paris, on essaye de vivre la synodalité en gardant dans le cœur les mots du Saint-Père, prononcés dans son homélie à l’occasion de l’ouverture du synode : « Ne perdons pas les occasions de grâce de la rencontre, de l’écoute réciproque, du discernement. Avec la joie de savoir qu’alors que nous cherchons le Seigneur, c’est bien lui, le premier, qui se porte avec amour à notre rencontre. »

Henri DE MAUDUIT

le synode, mode d’emploi

Démarche d’envergure mondiale à laquelle chaque église locale était invitée à participer, le Synode sur la synodalité s’articule en trois phases. La première, diocésaine, a démarré en octobre 2021.
Tous les catholiques, les paroisses, les mouvements, etc. ont été appelés à créer leurs propres ateliers synodaux et restituer les échanges à leurs diocèses. Pour le diocèse de Paris, une trame a été proposée par les huit bénévoles qui composent l’équipe du synode, elle propose une méthodologie avec des temps de prière et des questions pour s’interroger sur sa relation à l’Église. Chaque groupe est invité à renvoyer sa contribution sur un site dédié.
À partir d’avril 2022, les Synodes des Églises orientales et des conférences épiscopales ont commencé à préparer une synthèse de toutes ces contributions qui s’achèvera en septembre 2022. Dès lors débutera la seconde phase de ce synode, à échelle régionale et continentale, qui donnera lieu à la publication de deux Instrumentum Laboris. La démarche se terminera par la remise d’un document final lors de l’Assemblée générale du Synode des évêques au Vatican en octobre 2023.

Plus d’informations sur le site www.synod.va