Aller sur l’autre rive : voyage d’études en Egypte pour les franciscains de France

En cette année 2019 où la Famille Franciscaine célèbre l’esprit d’ouverture et de rencontre de saint François d’Assise, la Province du Bienheureux Jean Duns Scot a proposé au Service national pour les relations avec les musulmans de la Conférence des Evêques de France un voyage d’études en Egypte. Il s’est déroulé du 21 novembre au 1er décembre dernier. Une quarantaine de participants, membres de la Famille Franciscaine et personnes engagées dans le dialogue au sein de leur diocèse, paroisse ou d’associations de solidarité, sont partis à la découverte du dialogue islamo-chrétien aujourd’hui en Egypte.

Le voyage était animé par Mgr Rubén Tierrablanca González, OFM, Vicaire apostolique d’Istanbul, le Père Vincent Feroldi, Directeur du Service national pour les relations avec les musulmans, Fr. Stéphane Delavelle, OFM en communauté à Meknès (Maroc) et Fr. Dominique Joly, OFM et Directeur des Pèlerinages Franciscains. Nous avions le désir d’aller nous mettre à l’écoute de l’expérience de nos frères et sœurs présents en Egypte. Ainsi, nous avons été accueillis chez les frères de la Custodie de Terre Sainte au Muski et découvert le Centre franciscain d’Études Orientales. Puis par les sœurs franciscaines missionnaires de Marie présentes dans le quartier de Zamalek (Caire).  Nous avons aussi rendu visite à nos frères de la Province de la Saint Famille et découvert notamment l’orphelinat crée il y a 70 ans dans le quartier du Mokattam (Caire). Lors d’une journée de célébration du 800ème anniversaire à Damiette au sein de l’école des soeurs franciscaines du Coeur Immaculé de Marie, nous avons eu la joie d’assister à une pièce de théâtre racontant la rencontre entre François et le Sultan. Les sœurs sont à la tête d’une école de 1000 élèves, chrétiens et musulmans. C’est l’une des 175 écoles catholiques que compte le pays. En présence du Consul général de France au Caire, M. François Pugeaut et de Mme Manal Awad Mikhail, première femme chrétienne gouverneure de la région de Damiette, nous avons commémoré la résonnance de la rencontre de 1219 dans notre monde d’aujourd’hui.

Parmi les riches échanges que nous avons eus, nous retenons celui avec les membres du mouvement Focolari à Alexandrie ou encore celui avec nos frères Dominicains de l’Institut dominicain d’études orientales. Ils étudient l’islam arabe par ses sources, en vue d’un dialogue académique et interreligieux fécond. Ils travaillent en lien étroit avec l’Université Al-Azhar et soutiennent de jeunes chercheurs musulmans désireux d’approfondir leurs textes avec une méthodologie et des outils contemporains. Cela nous a aidé à mesurer les défis auxquels fait face l’Islam aujourd’hui.

La rencontre de l’autre ce fut aussi celle avec nos frères et sœurs de l’Eglise copte-orthodoxe. A noter l’audience privée que nous a accordée avec beaucoup de bienveillance le Patriarche Tawadros II ou encore Mgr Anba Thomas, évêque d’Anafora. C’est tout l’héritage d’une église fondée par saint Marc et les pères du désert qui s’est ouvert à nous. En ce temps de l’Avent, et avec l’intercession de la Sainte Famille qui nous a accompagnés durant tout ce voyage, nous rendons grâce pour ce que nous donne d’approfondir la rencontre de saint François et du sultan Malek-al-Kamel. « La rencontre est avant tout le fruit d’une amitié et une forme d’expatriation. On sort de chez soi pour rentrer dans la terre de l’autre, dans son histoire, sa culture, son éducation… Souvent notre désir de rencontre est étouffé par notre désir de convaincre l’autre. Mais si nous prenons pas le risque de recevoir l’autre tel qu’il est et de nous laisser bousculer avec la conviction que Jésus Christ est suffisamment fort en nous alors nous pourrons nous laisser transformer par cette rencontre et descendre encore plus profondément dans notre foi. Le dialogue est indispensable car « Dieu c’est fait conversation avec le monde » disait Paul VI. Le Christ a fait le premier pas et à notre tour, il nous invite à aller vers l’autre. Ce désir de rencontre et de dialogue fait partie de notre identité chrétienne » concluait le frère Stéphane Delavelle en clôture du voyage.

A noter que ce voyage d’études accueillait la présence de quatre journalistes de la télévision catholique française KTO. Pour les francophones, vous pouvez retrouver le documentaire réalisé (55 minutes) ici :