Nous étions à Reinacker (Alsace), le 25 septembre dernier, pour célébrer le Mois de la Création avec nos sœurs de Saint-François d’Assise. Un évènement qui s’inscrit dans un projet global pour la communauté. Rencontre avec Sr. Élisabeth Robert.
“Ça s’est fait très lentement”, pose d’emblée Sr. Élisabeth. En 2014, une première rencontre a eu lieu au niveau du Conseil général de la congrégation afin de réfléchir à l’avenir du lieu. Se sont alors rassemblées des personnes du diocèse, de la pastorale du tourisme et de la santé, des bénévoles, des gens engagés dans la gestion de la maison d’accueil du couvent, des sœurs de la communauté et de la famille franciscaine. “Chacun a exprimé ce que représentait Reinacker pour lui, les points forts en termes de mission et d’attentes. De là sont sorties cinq dimensions : la spiritualité, la fraternité, l’hospitalité, l’écologie et l’art.”
Trois ans plus tard, une deuxième rencontre s’organisait, réunissant davantage de personnes, dont une architecte et des sœurs et frères d’autres congrégations. Dans la foulée, en 2017, un projet était validé par des assemblées générales de la congrégation : “On a créé quatre appartements pour les gens de passage ainsi qu’une salle polyvalente, on a aussi démarré un éco-diagnostic avec Église verte et essayé de mettre en place des actions.”
UN EFFORT COMMUNAUTAIRE
“Les sœurs ont accueilli cela avec confiance, dépassant parfois un peu d’inquiétudes pour les plus âgées”, confie Sr. Élisabeth à propos de ces actions et de leurs conséquences pour la communauté. Une première étape a consisté à former, avec des bénévoles et amis, une commission pour Reinacker : “On a fait un éco-diagnostic sur un certain nombre de dimensions de notre vie : prière et spiritualité, bâtiments, jardin, modes de vie, engagement social… Petit à petit, on essaye de faire bouger les choses”, ajoute-t-elle modestement. Car les efforts sont à différentes échelles : d’une intention de prière pour la création chaque matin lors de l’office des Laudes et de l’utilisation d’ampoules basse consommation, jusqu’à l’installation de panneaux photovoltaïques ou une meilleure isolation des bâtiments. Mais c’est aussi “faire attention à la manière dont on vit dans la maison : s’il y avait déjà une tradition de sobriété ici, cela reste toujours une interpellation.”
Si aujourd’hui le couvent est labellisé au niveau “figuier” (voir encadré), troisième niveau sur quatre, cela exige néanmoins un diagnostic annuel et des efforts continus. Les sœurs ont ainsi bénéficié de petites formations sur le paillage ou la plantation des tomates par exemple. Elles se sont aussi rapprochées d’association telles que “Le bonheur est dans le pré”, qui rassemble apiculteurs, artisans et cultivateurs “qui essayent de transformer nos pratiques pour que ce soit toujours plus respectueux de l’environnement.” De nombreux changements qui impliquent de tenir compte de la dimension communautaire. “Si je veux changer quelque chose, il faut d’abord que les autres adhèrent. C’est important que l’on décide ensemble pour que tout le monde se sente concerné”, ajoute Sr. Hélène Rendu, également en communauté à Reinacker.
UNE JOURNÉE “ÉGLISE VERTE”
Depuis 2019, à l’occasion du Mois de la Création, cinq week-ends sont proposés à Reinacker : animations, expositions, concerts, célébrations, prières, ateliers écologiques, repas, etc. Revenant sur les cinq dimensions qui font aujourd’hui l’identité du lieu, Sr. Élisabeth développe : “Ce temps est, pour nous, un appel et un point d’appui fort. Ces journées nous permettent de tisser ensemble les différentes dimensions de notre projet.”
Et en ce dernier week-end de septembre, pour la quatrième session de ce Mois de la Création, la journée est spécialement consacrée au thème “Église verte”. Familles, voisins ou curieux de passage, ils sont nombreux à avoir répondu à l’invitation des sœurs. Après une célébration œcuménique suivie d’un repas partagé, une grande salle accueille différents pôles qui façonnent un “Village de la création” : pôles terrain, bâtiment, mode de vie, engagement local et solidarité. Les visiteurs circulent au gré des ateliers, conférences ou affichages pédagogiques à la recherche de bonnes pratiques. Certains ateliers retiennent plus particulièrement notre attention comme l’engagement écologique auprès des personnes en précarité, une initiation à la fresque du climat et des échanges à partir du livre Le Christ vert.
“Avec un petit groupe œcuménique, on prépare cette journée depuis plusieurs mois”, confie Sr. Hélène, alors que les derniers invités repartent. “C’est la première fois que toutes les communautés “Église verte” catholiques et protestantes d’Alsace étaient invitées à se rencontrer. Et elles ont choisi de le faire ici, pendant le mois de la Création !” De quoi se réjouir : après une croissance progressive et de réels efforts, le figuier porte déjà de bons fruits !
Henri DE MAUDUIT
Le label Église verte
Lancé il y a cinq ans, le label Église verte “est un outil à destination
des paroisses et églises locales ainsi que des œuvres, mouvements,
monastères et établissements chrétiens qui veulent s’engager pour
le soin de la Création.” À renouveler chaque année, il se veut un
outil d’encouragement et permet à toute structure, à travers son
éco-diagnostic, “d’évaluer sa progression ainsi que de discerner les
actions à mettre en place.” En France, on compte aujourd’hui 740
communautés engagées dans la démarche.
Plus d’informations sur www.egliseverte.org




