Attentif au souffrant…

Mon frère, quel est votre mission précise et où se déroule-t-elle ?

Depuis le 1er septembre 2017, l’évêque de Besançon m’a nommé exorciste diocésain. Un univers nouveau pour moi. J’ai la chance d’être accompagné par le frère Max, qui m’a précédé dans cette mission durant 22 ans.
Impossible de catégoriser les personnes que je rencontre. La plupart ne mettent jamais les pieds à l’église, voire même ne connaissent pas le Christ ou sont d’une autre religion. Tous vivent une expérience très douloureuse, se sentent l’objet de forces qui les dominent et les emprisonnent. Leur vie leur échappe.
Beaucoup commencent par me demander : « Est-ce que vous me croyez ? » Et j’entends : Prenez-vous au sérieux ma souffrance ? Êtes-vous prêt à m’écouter, à m’accueillir tel que je suis ? Et plus profondément : « Est-ce que je peux croire en moi ? »

En quoi cette mission fait-elle écho à votre vocation franciscaine ?

Ma première attitude est l’accueil inconditionnel de chacun dans une écoute bienveillante. Le plus beau cadeau que l’on puisse faire à une personne est de l’aider à mettre des mots sur ce qu’elle vit, ressent, aller au cœur de sa blessure. Presque toujours remontent des traumatismes familiaux qui n’avaient pu se dire.
Vient alors la deuxième question : « Avec-vous déjà connu un cas comme le mien ? Avez-vous l’habitude ? Êtes-vous capable de me libérer de mon mal ? »
Evidemment non ! Heureusement, je ne suis pas là en mon propre nom. Comme les apôtres, je suis envoyé les mains vides pour apporter la paix au nom de Jésus. Et je suis témoin de la libération intérieure qui s’opère quand des personnes s’ouvrent à leur intériorité et découvrent qu’elles sont habitées par une présence non pas maléfique mais la présence d’amour et de miséricorde du Christ. Je ne peux que constater les ravages d’une société qui nie toute intériorité et qui produit des personnes handicapées, incapables de s’ouvrir à la part divine, lumineuse de leur vie.

Toujours en lien avec votre mission, quel souhait ou quelle intention voudriez-vous confier à la prière de tout un chacun ? 

L’Evangile est attendu ! Je vais souvent rencontrer les gens chez eux et je constate la force de la parole de Jésus qui demande à ses apôtres d’être témoins de sa paix : « Paix à cette maison. » Ma présence au milieu d’eux, au nom de Jésus, est force de bénédiction. Je les ouvre à la présence, au milieu d’eux, de l’Emmanuel, « Dieu avec nous ».
Oui, je rends grâce pour ce beau ministère, même s’il est éprouvant parfois, mais c’est la vie qui est éprouvante.

Frère Nicolas, Besançon