Mon frère, quel est votre mission précise et où se déroule-t-elle ?

J’ai 2 missions : la première est d’organiser et d’animer notre communauté du Couvent Saint-François ; la seconde plus personnelle est diocésaine : je suis aumônier à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière, un des plus grands d’Europe avec actuellement, je crois, 1750 lits. Environ 10.000 personnes y travaillent.

Comment avez vous été sollicité pour cette mission  ?

Pour le service de la communauté, j’ai été nommé par le Provincial et son conseil élus en Chapitre par les frères. Pour l’hôpital, j’ai été embauché par l’APHP à mi-temps sur proposition du diocèse. C’est l’archevêque de Paris, en quête d’aumôniers, qui a sollicité notre Provincial et la proposition m’en a été faite 6 mois après mon ordination sacerdotale.

Avec quels acteurs êtes-vous en lien ?

Pour la maison, je suis sous l’autorité directe du Provincial et accompagné par les frères du conseil dont la moitié sont élus et la moitié membres de droit du fait de leur fonction dans la maison (vicaire du gardien et économe). Pour l’hôpital, je suis membre d’une équipe de permanents (2 autres prêtres et 3 religieux et laïcs) et de visiteurs bénévoles (une vingtaine). A l’occasion des visites dans les services, je suis en relation avec le personnel infirmier, les cadres et les secrétaires médicales des services d’hospitalisation, et à titre personnel avec les services de l’hôpital (sécurité, communication, administration).

En quoi cette mission fait-elle écho à votre vocation franciscaine ?

Ma mission est d’abord d’être au service des malades qui, de ce fait, sont en situation de dépendance. Mais notre rôle est aussi d’accompagner les familles souvent déroutées par cette situation, notamment si la maladie conduit au décès du patient. Nous offrons le secours d’une présence et si cela est demandé par le malade ou par la famille, lorsque celui-ci n’est plus en état d’en faire la demande, de proposer les sacrements de l’Eglise, notamment la communion (ce qui est le plus fréquent) et/ou le sacrement des malades.  Nous sommes parfois sollicités pour la prière au moment de la fermeture du cercueil ou pour faire les obsèques (lorsque celles-ci ne peuvent se faire dans la paroisse du malade) et sommes alors en relation particulière avec les familles, les pompes funèbres, la maison mortuaire de l’hôpital. Nous sommes aussi en lien institutionnel avec la référente-culte garante de la laïcité et qui réunit de temps en temps les aumôniers de toutes les religions. C’est très intéressant de connaître les pratiques des autres confessions, notamment pour la fin de vie. Exceptionnellement, je puis avoir à visiter les détenus malades en séjour temporaire à l’hôpital et notre rôle en toutes circonstances est d’apporter du réconfort à qui le demande sans exclusive, même si cette personne n’est pas chrétienne. Il est possible parfois d’aller de chambre en chambre simplement pour saluer les personnes et de prendre un peu de temps avec elles, ce qui n’est pas toujours possible pour le personnel soignant très occupé.

Avez-vous l’occasion de parler de saint François ? Si oui pourriez-vous nous raconter brièvement un échange ou les questions qui surgissent ?

D’abord, tous les jours, il y a une messe à l’hôpital et nous l’assurons à tour de rôle. Y participent quelques malades, personnels soignants et aussi des personnes âgées du quartier. Il arrive dans le commentaire des textes de l’Ecriture d’avoir à faire référence à saint François pour illustrer mes dires ou ceux du pape François. J’ai pris l’habitude au moment de la présentation des oblats d’utiliser la formulation de saint François : notre sœur-mère la terre. Il m’arrive aussi dans mes visites de parler de saint François avec les musulmans en évoquant la rencontre de saint François avec le Sultan Malik-el-Kamil.

Toujours en lien avec votre mission, quel souhait ou quelle intention voudriez-vous confier à la prière de tout un chacun ? 

A chaque eucharistie, j’invite les fidèles à prier pour les malades qui nous sont confiés. A l’hôpital, j’ajoute toujours les personnels soignants dont le travail est parfois difficile, notamment quand il s’agit de discerner sur le plan médical dans les choix à faire, et très souvent les familles qui doivent décider d’interventions pour le membre de leur famille qui est malade (par exemple l’arrêt des traitements, le débranchement des appareils d’assistance). Il y a beaucoup de situations très douloureuses, surtout pour les personnes qui viennent d’Afrique ou de l’autre bout du monde. Les frais d’hospitalisation ou de séjour pour les familles sont très lourds et parfois, cela se solde par un décès. Il y a de plus en plus de cancers de personnes jeunes. Parfois des situations d’interruption médicale de grossesse par impossibilité pour la mère d’assumer la maladie de leur futur enfant. C’est toujours un drame humain lourd et qui ne s’efface jamais de la mémoire des personnes.