Présent aux pauvres..

Quelle est votre mission précise :

J’ai été envoyé, à mi-temps, par l’archevêque de Rennes en équipe d’Aumônerie de l’hôpital psychiatrique du département. Nous exerçons notre mission dans les locaux de l’aumônerie le matin pour l’accueil des patients qui peuvent sortir et dans les différentes unités de la structure l’après-midi pour les patients qui nous demandent et qui n’ont pas d’autorisation de sortie. Dans le même mi-temps je suis envoyé dans un EHPAD essentiellement pour les sacrements. Mon Gardien m’a donné la mission d’accompagnateur spirituel des Fraternités franciscaines séculières de Cancale et Dinard.

Comment avez-vous été sollicité pour cette mission (par quel biais, par qui) ?

Normalement nous ne sommes pas sollicités pour une mission, mais envoyé. Ce ne fut pas mon cas. Je suis allé me proposer à l’archevêque de Rennes qui a eu la gentillesse de me demander où je me trouverais à l’aise dans une mission. En lui répondant que je me retrouverais bien dans la « périphérie » demandé par le pape François, il m’envoya à l’aumônerie de l’hôpital psychiatrique de son diocèse.

Avec quelles personnes êtes-vous en lien ?

Je suis en équipe avec cinq autres personnes (quatre laïcs et un prêtre). Nous sommes en lien avec plusieurspersonnes atteintes de maladies psychiatriques. Nous travaillons en liens confiants avec le personnel soignant. L’équipe m’a délégué à la Commission culturelle de l’hôpital dont le lien est la chapelle comme patrimoine de l’Établissement. Ce qui élargit dans un autre cadre la relation avec le personnel qui donne un apport culturel aux soins. (Art thérapie, groupe de parole, etc…) Nous sommes en lien avec plusieurs associations qui oeuvrent pour le bien des malades.

En quoi cette mission fait-elle écho à votre vocation franciscaine ?

Il y a aujourd’hui beaucoup de lépreux : les migrants, les étrangers… heureusement très médiatisés et c’est bien. Je me retrouve avec des lépreux psychiques qui font peur, qui restent énigmatiques et en marge même de l’hôpital. J’essaie de leur faire miséricorde. Voici l’écho : « Le Seigneur, me donna, à moi, frère François de faire pénitence. La vue des lépreux m’était amère. Le Seigneur me conduisit vers eux. Quand je fus partie eux, je leur fis miséricorde. Quand je me retirai de chez eux, ce qui me semblait amère fut changer pour moi en douceur de l’âme et du corps. » Testament de saint François.

Avez-vous l’occasion de parler de saint François, si oui pourriez-vous nous raconter brièvement un échange ou les questions qui surgissent de la part des gens que vous côtoyez ?

Dans le lieu de ma mission je n’ai pas l’occasion de parler de saint François. Le personnel soignant ignore tout de cela. La seule fois que j’ai pu en parler c’est avec  l’Imam, il était allé à Assise avec le fr Gwenolé. A Saint Malo, depuis deux ans je donne des conférences sur saint François d’Assise et le franciscanisme. Une trentaine de chrétiens des paroisses du secteur sont intéressés. Parmi eux environ dix personnes sont très régulières. Le pape François et son encyclique Laudato si ont beaucoup contribué à l’intérêt d’une connaissance sur saint François. Il reste pour tout le monde un personnage sympathique. Les questions sont celles de tout ce monde catholique sur l’écologie, l’inter religieux etc.. et la tolérance de saint François vu comme très « moderne ». Cela ne va guère plus loin. Les franciscains ne sont pas les premiers et pas les seuls à parler de ces questions-là aujourd’hui.

Toujours en lien avec votre mission, quel souhait ou quelle intention voudriez-vous confier à la prière de tout un chacun ?

En lien avec la mission qui m’a été confié j’ose émettre le souhait que nous puissions prier devant le Christ en croix pour mieux reconnaître les pauvres et les miséreux. Je suis actuellement à Nantes, hier, j’ai vu en contrebas de la Place du Commerce environ 500 tentes de migrants et j’y ai vue le Christ immigré dans notre monde, pour le salut du monde, bien conscients que ce n’est pas avec des « mantras » que nous pouvons prier. Je pense qu’il faut prier l’abbé Pierre de nous inspirer à suivre le Christ pauvre.

Voudriez-vous qu’un titre particulier soit donné à votre témoignage ou sommes-nous libres de le choisir ?

Avec Jésus le Christ nous sommes libres. Saint François nous l’a rappelé, l’obéissance est libre. Et plusieurs de nos théologiens médiévaux ont découvert que la liberté n’est pas limitée à un choix. A vous de voir.