Fr. Tiem Tran Ngoc, franciscain à Paris, publie aux éditions de l’Harmattan, Faillite de l’humanisme des Lumières, Vers une vision renouvelée de la vocation humaine et chrétienne. Jean-Pierre Maillard, Astrophysicien à l’Institut d’astrophysique de Paris (IAP-CNRS-SU) et directeur de recherche émérite au CNRS, a lu l’ouvrage pour nous ! Voici sa recension.

« Une conférence au Collège des Bernardins fin janvier 2019, dans le cadre d’une série intitulée « Dieu et le Cosmos » où j’étais invité comme astrophysicien à confronter ma pratique scientifique à ma foi, constitua le moment d’une première rencontre. Elle encouragea le frère Tiem à me contacter pour me demander si j’accepterais de relire l’ouvrage auquel il mettait la dernière main. Il évoquait pour cela un parallélisme entre son approche de physicien des particules pour faire de la théologie, à celle qui m’amène à relire la science que j’exerce avec le regard du croyant. J’ai accepté ce défi et envoyé après lecture du manuscrit, plusieurs longs courriels où j’ai d’abord pointé les inévitables coquilles (habitude de relire les manuscrits de thèses !), puis très librement, exprimé les commentaires que m’inspiraient cette lecture, tout en disant bien à l’auteur qu’il était libre de ne pas en tenir compte. Plusieurs notes ajoutées en bas de page et des corrections dans le texte montrent que ce ne fut pas le cas.

L’analyse menée par le frère Tiem se développe, après une introduction qui présente le parcours suivi, sur douze chapitres, pour finir par une conclusion générale en forme de manifeste. L’auteur m’a confié que les principales idées de ce livre lui sont venues au début du mois de mai 2018 avec la commémoration des évènements de mai 68, qu’il a très vite conçu les titres des chapitres et que la rédaction de l’essentiel s’est déroulée en ce mois.

Un de mes premiers commentaires porta sur le terme de faillite. N’était-il pas un peu fort, faisant remarquer qu’on devait aux Lumières beaucoup d’acquis qui tendent à devenir universels comme la démocratie, l’abolition de l’esclavage, l’éducation pour tous, la liberté de conscience … M’affirmant qu’il revendiquait ce titre à dessein provocateur, il ne faut pas chercher dans cet ouvrage une analyse détaillée de ce qui a conduit à cette faillite. Elle est seulement abordée dans les premiers chapitres par les termes qui la signent à l’époque moderne, nationalisme, collectivisme, populisme sur le plan politique, individualisme, avortement, transhumanisme au plan humain et au plan spirituel, rationalisme et athéisme. Dès lors, le sous-titre résume l’objectif de l’essai.Le chemin à suivre est décrit par trois étapes empruntées à Teilhard de Chardin, la cosmogénèse, puis l’anthropogénèse pour aboutir à la christogénèse, objet des chapitres 3 à 5. La question du Bien, du Beau et du Vrai, orientée vers « la recherche d’une configuration de l’homme au Christ » est alors posée au chapitre 6, puis un examen de la conscience humaine « lieu où l’homme apprend à découvrir son être profond » moral et spirituel. Le chapitre qui suit constitue une étape décisive avec une introduction aux trois vertus théologales nécessaires pour ce parcours, en étudiant ensuite successivement, l’espérance, vrai chemin de liberté, la foi, élargissement de la raison et la charité, don qui permet à l’homme de s’accomplir. En Marie se récapitule ces trois vertus pour enfin conclure avec le Christ est qui est vraiment le Bien, le Beau, le Vrai. Voilà donc un ouvrage riche, dense, stimulant comme critique de l’héritage des Lumières qui conduit à une négation de la transcendance, parfois un peu touffu mais où l’auteur appuie son propos sur une profonde connaissance philosophique et théologique et propose donc une issue spirituelle à cette faillite ».

nciscains.