À la suite du dernier numéro, et dans l’attente du premier coup de pelle, nous continuons de vous partager dans ces pages les réflexions de nos frères de La Cordelle.
Dans les mois à venir, avec l’arrivée des travaux, La Cordelle va prendre un nouveau visage. Dans ce cadre historique privilégié, la pierre porte en elle-même sa force ancestrale, symbolique et spirituelle. Oser un travail d’architecture ici engage à chercher la justesse de l’acte à poser autant que des matériaux et des techniques utilisés. Mais, si le bâti est important, l’enjeu est d’abord humain : rendre les bâtiments plus sains et plus adaptés à la vie de la communauté et des personnes qui fréquentent diversement le lieu. Les pierres au service de la vie !
Ainsi, le projet de bâtir est intimement lié au fait de créer, entretenir et soigner des relations. Nous sommes émerveillés de l’engouement qu’entraîne ce projet et de la mobilisation toujours plus forte vers ce petit coin de terre fraternel. Un projet n’est pas la stricte réalisation d’un plan sur le terrain. Il est une aventure, une audace partagée, portée ensemble, à des degrés divers, pour incarner une utopie, ici franciscaine.
DES OUVRIERS POUR LA MOISSON
“Sans vous, on ne se serait pas lancés”, ai-je souvent dit aux premiers partenaires. Nous nous sommes engagés avec une vive conscience de notre pauvreté, entendue comme une somme d’incompétences face aux multiples tâches d’un tel chantier. Mais nous croyons que ce projet est de Dieu, et pour Lui. Et que dans ce cas, il est le “maître du chantier” et “envoie des ouvriers à sa moisson”. Au fur et à mesure, Jean-François, François, Thibaud, et tant d’autres nous ont été donnés au moment opportun. Deo gratias ! Grandes responsabilités ou petits services, chacun compte au cœur de ce réseau fraternel, et nous espérons demeurer présents à chacun (au moins par la prière), même si parfois cela se bouscule un peu.
Au fil des années et des avancées, nous avons dû ajuster certains rôles pour que chacun se sente à l’aise et le mieux à sa place dans le concert commun. Il y eut nécessairement des passages plus délicats ; l’un ou l’autre “raté”. Mais puissions-nous dire avec Jésus : “Père, je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés”. Un tel projet ne peut reposer seulement sur des bénévoles, même si Jean-François y vit un presque pleintemps de retraité et si les frères le sont aussi. En plus du cabinet d’architecture Atau, il nous a fallu recourir à des ressources salariées, essentiellement pour la recherche de fonds et la communication.
La province de France-Belgique s’est portée garante du projet et avance les fonds. L’association des Amis de la Cordelle s’est engagée à rembourser, sous forme de dons et subventions, la somme avancée. Aussi avons-nous embauché Thibaud Lépissier, en mars, pour coordonner cette recherche de fonds et nous soutenir dans le pilotage du projet. Nous avons également fait appel à Ad Limina, un cabinet de conseil qui nous accompagne dans la mise en place d’une stratégie de levée de fonds et qui nous soutiendra sur cette course de fond. Enfin, la Fondation des monastères a été récemment approchée et devrait devenir un partenaire privilégié de notre appel public à la solidarité. Tout cela nous entraîne sur des chemins inconnus, inimaginés, parfois déconcertants. Mais chaque étape nous ouvre à de nouveaux espaces, à de nouvelles personnes, et nous permet de témoigner simplement, à travers ce projet, de cette forme de vie franciscaine que nous cherchons à incarner et dont tant disent avoir besoin. Deo gratias ! Bis repetita…
Fr. Éric MOISDON, OFM
« Un tel projet ne peut reposer seulement sur des bénévoles. »