L’École Franciscaine de Paris est un organisme de formation qui se situe dans la longue tradition d’études et de recherches franciscaines, inaugurées à Paris, au XIIIè siècle. L’École a pour objet de susciter, orienter, promouvoir toutes études, recherches, enseignements et actions éducatives, dans les divers domaines de la culture, pour faire connaître la pensée franciscaine, son origine, ses expressions et son influence à travers l’histoire et dans la société contemporaine. Découvrez le riche programme de cette nouvelle année universitaire.
SÉMINAIRE DE L’ÉCOLE FRANCISCAINE : RECHERCHES SUR LA TRADITION FRANCISCAINE
9 décembre 2022 : Le Père Joseph Du Tremblay (1577-1638) : contribution à une histoire spirituelle de l’intériorité, avec Florine Jaosidy, archiviste paléographe, École nationale des chartes.
Quoique surtout célèbre pour son action politique et diplomatique auprès du cardinal de Richelieu, François Le Clerc du Tremblay, en religion le père Joseph (1577-1638), est aussi à l’origine d’une abondante œuvre spirituelle. Fondateur de la congrégation des Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire, le capucin a multiplié les enseignements à l’usage des moniales, dans la veine du renouveau spirituel qui marque le début du Grand Siècle. L’Exercice des dix jours, chargé de baliser la retraite annuelle des religieuses, intègre en particulier le symbole du cœur du Christ à sa progression. Si les racines bibliques et médiévales, notamment bernardine et bonaventurienne, de la dévotion n’échappent pas au père Joseph, il adapte aussi le motif cardiaque aux intérêts du premier XVIIe siècle : soif d’image, exaltation de la Passion, souveraineté de la volonté (volontarisme), poids de l’intériorité. Les transformations du symbole cœur, métaphore fondamentale, sont ainsi l’indice de changements dans la compréhension du monde, de la société et de soi.
13 janvier 2023 : Colette de Corbie et la réglementation d’une réforme observante féminine, avec Francesco Carta, chercheur en histoire médiévale, Université Palacky d’Olomouc (Tchéquie).
En 1410 la réformatrice franciscaine Colette de Corbie fonda son premier couvent reformé à Besançon, en aspirant à retourner à la forme de vie de Claire d’Assise véhiculée par sa Règle de 1253. De cette date, la réforme observante de Colette se répandit dans plusieurs couvents avec l’appui des pouvoirs séculiers, comme celui du comté et duché de Bourgogne, des frères franciscains, comme celui d’Henry de Baume, et des papes, comme celui d’Alexandre V ou Benoît XIII. En analysant surtout les constitutions de 1434, qui sont dites « de Colette » mais qui sont signées du ministre général de l’Ordre franciscain, Guillaume de Casale, on va présenter comment cette réforme fut organisée, quel fut le rôle des franciscains et, finalement, quels sont les principaux éléments qui la caractérisèrent.
3 mars 2023 : De pierres et de prières. Les couvents des Franciscains et des Clarisses en Auvergne et Velay au Moyen Âge. Une approche pluridisciplinaire, avec Claire Bourguignon, Centre d’Histoire « Espaces et Cultures », Université Clermont Auvergne.
Le propos s’intéresse aux dix-sept communautés franciscaines (treize relevant de la branche masculine, quatre de la branche féminine) qui se sont prioritairement installées dans les localités des diocèses de Clermont, du Puy et de Saint-Flour entre les années 1220 et le dernier quart du XVe siècle. L’enjeu est de mettre en évidence l’insertion progressive de ces fondations religieuses dans le paysage monumental et les pratiques dévotionnelles urbaines en évaluant notamment leur participation à la religion civique. Il s’agira d’abord d’examiner les processus d’implantation de ces communautés en portant attention aux acteurs, aux mécanismes et aux sites d’installation attribués à ces religieux. Les réalités monumentales et décoratives des complexes conventuels seront ensuite abordées ainsi que les pratiques liturgiques développées au sein et aux abords des enclos. Une attention particulière sera portée à la dimension comparative afin de replacer les fondations franciscaines considérées dans la dynamique du développement de l’ordre dans le royaume de France et les provinces voisines dans les derniers siècles du Moyen Âge.
14 avril 2023 : Une liste pour gouverner l’Ordre ? A propos du Provinciale ordinis fratrum minorum (c. 1334) de Paolino da Venezia, avec Loïc Pierrot, Centre d’études et de recherche en histoire culturelle (CERHiC), Université de Reims Champagne-Ardennes.
Le Provinciale ordinis fratrum Minorum est une liste de couvents et de frères rédigée vers 1334 par le franciscain, évêque et polygraphe Paolino da Venezia (v. 1274-1344). Au xixe siècle, l’érudit franciscain Konrad Eubel en donna une édition fautive avec l’idée que la liste avait été un instrument pour le gouvernement de l’Ordre. L’étude du Provinciale permet d’infirmer cette hypothèse et de resituer le texte dans l’œuvre de Paolino da Venezia, mais elle permet aussi de livrer quelques indices sur l’existence, la rédaction et la transmission de listes de nature administrative dans l’Ordre.
12 mai 2023 : Collecter, compiler, ordonner. Approche comparatives de la législation des frères mineurs hongrois de l’Observance à la fin du Moyen Âge (XVe S.-début XVIe s.), avec Jean-François Morvan, Unité de Recherche TEMPORA, Université Rennes 2.
L’Europe centrale constitue un espace où, de la Saxe à la Bosnie, la revendication de fidélité au Poverello d’Assise donna lieu à de multiples expériences du franciscanisme aux XVe et XVIe siècles. Au sein de ce paysage bigarré de réformes et d’observances, la vicairie de Hongrie connaît un destin singulier. Alors que les vicairies observantes (cismontaines) d’Autriche, de Pologne et de Bohême sont établies dans le sillage de Jean de Capistran, la vicairie hongroise de l’observance, déjà constituée, se rend indépendante des Cismontains de 1458 à 1502. À cette date, elle réintègre l’ensemble cismontain, non sans adopter son propre texte normatif. Ce texte reste en vigueur tout au long du tumultueux XVIe siècle hongrois.
Centré sur la législation de la vicairie (puis province) observante de Hongrie, le propos de cette séance est d’approcher les textes normatifs – statuts et constitutions – des frères mineurs observants à la fin du Moyen Âge, ainsi que leur composition, dans une perspective résolument comparatiste. Il s’agira, en les intégrant dans des ensembles documentaires plus vaste, d’étudier leurs proximités, accents et inflexions particuliers. On tâchera aussi, dans la mesure du possible, de questionner les pratiques et idéaux de gouvernement qu’ils portent.
Les séances du séminaire se tiendront de 15h à 17h30, à la salle Saint François, Couvent Notre-Dame-de-Paix des frères Capucins, 32 rue Boissonade, 75014 Paris (métro 4 – Raspail ; RER B – Port Royal). Les personnes qui envisagent de participer aux séances du séminaire voudront bien s’annoncer au Fr. Claude Coulot (claude.coulot@yahoo.fr). Les étudiants, qui le souhaitent, recevront un certificat de participation à ce séminaire en fin d’année universitaire.
initiation à la tradition franciscaine – Chaire Franciscaine Centre SEVRES (Paris VIe)
En collaboration avec le Centre Sèvres, et dans ses locaux, l’École Franciscaine de Paris propose un cours d’initiation à la tradition franciscaine chaque année universitaire.
- Au premier semestre : Les frères mineurs conventuels, XIIIe-XXe siècles. Une autre histoire du mouvement franciscain.
Avec Pierre Moracchini, ofs – École Franciscaine de Paris.
Les vendredis 25 novembre 2022, 6 janvier, 20 janvier et 10 février 2023, de 14h à 17h. Cours en « hybride ».
Avec les franciscains et les capucins, les frères mineurs conventuels forment l’une des trois branches de l’Ordre de saint François. En France, c’est la moins nombreuse et la plus méconnue – parfois jusqu’à la caricature. Un conventuel serait un médiocre franciscain, acceptant une vision « réaliste » de la vocation mineure et refusant de se réformer. Notre cours vise à sortir de ces ornières. En suivant un parcours chronologique, nous nous interrogerons sur l’identité du frère conventuel dans la France d’Ancien régime et du XXe siècle. Les frères de l’actuelle Custodie Saint-Bonaventure seront parties prenantes de ce cours.
- Au deuxième semestre : Écologie et expérience franciscaine.
Avec Frédéric-Marie Le Méhauté, ofm – Centre Sèvres
Les mardis 28 février, 7 mars, 21 mars et 4 avril 2023, de 19h30 à 20h15. Cours en distanciel (regroupement en visio) avec pédagogie adaptée.
Comment François d’Assise peut-il être « patron céleste des écologistes » alors que l’écologie n’était pas une préoccupation du monde du XIIIe siècle ? La tradition franciscaine offre une lumière précieuse pour éclairer nos défis contemporains et approfondir notre conversion à l’évangile, car le Poverello est « l’exemple par excellence de la protection de ce qui est faible et d’une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité » (Laudato si’, n° 10). Point essentiel : pas de Cantique de frère Soleil sans le baiser au lépreux. (ECTS 2 ; 12h : 72 €)
Vous trouverez l’horaire de ces cours et d’autres informations dans le programme du Centre Sèvres et sur le site internet du Centre (https://centresevres.com/). Les inscriptions à ces cours seront prises par le secrétariat du Centre Sèvres. Les membres de la famille franciscaine pourront bénéficier d’une réduction pour l’inscription à ces cours.
ATELIER DE LECTURE : Connaître les sources franciscaines
L’atelier de lecture des sources franciscaines est animé par le Fr. Jean-Baptiste Auberger, ofm – Ecole Franciscaine de Paris.
Le projet poursuivi cette année est la lecture commentée continue de la Legenda Major (1260-1263) du ministre général saint Bonaventure, dont la teneur plus spirituelle et théologique que les précédentes biographies de saint François, était destinée à refaire l’unité dans l’Ordre des Frères Mineurs dans un contexte de tensions internes. Cette biographie a servi de référence pour la réalisation des fresques de Giotto à la basilique Saint-François à Assise.
Les séances ont lieu au Couvent Saint François, 7 rue Marie-Rose, 75014 Paris (métro 4 – Alésia) de 19h à 21h. Les personnes intéressées par cet atelier de lecture prendront contact avec le Fr. Jean-Baptiste Auberger (jb-auberger@franciscains.fr) qui leur communiquera la date de la première séance.
journée d’études : BILAN DE QUINZE ANNÉES DE RECHERCHES SUR LES RECUEILS ISSUS DES FICHES DE FRÈRE LÉON (Compilation d’Assise, manuscrit Little, etc.)
Avec François Delmas-Goyon, École Franciscaine de Paris, et Sylvain Piron, directeur d’études à l’EHESS.
Vendredi 18 novembre 2022, de 9h30 à 17h30, au couvent des Capucins, 32 rue Boissonade 75014 Paris.
Après avoir dressé un état des lieux de la recherche concernant le dossier léonin au milieu des années 2000, les intervenants exposeront les avancées qu’ils ont réalisées en ce domaine, lesquelles se sont opérées en trois étapes. La première (2007-2010) n’est autre que la traduction des sources léonines et la rédaction des introductions correspondantes par Sylvain Piron et François Delmas-Goyon dans la nouvelle édition des sources franciscaines : François d’Assise. Écrits, Vies, témoignages, J. Dalarun (dir.), 2010, qui a réhabilité frère Léon comme auteur. La deuxième étape (2017-2018) consiste en la parution d’une étude de François D.-G. dans Études franciscaines 2018/1, qui a mis en lumière le mode d’agencement du contenu de la Compilation d’Assise, et en la publication conjointe par les deux auteurs de deux articles dans l’Archivum franciscanum historicum 2018/3-4, qui ont exposé les caractéristiques de l’approche française de la « question léonine ». La troisième étape (2021-2022) est constituée par l’étude à trois voix du manuscrit Little (Oxford, Bodleian Library, d. 23) par Sylvain P., Antonio Montefusco et François D.-G. dans les récents mélanges offerts à Jacques Dalarun (L’Épaisseur du temps, Brepols, 2022), selon une perspective d’histoire des textes. Une synthèse prospective conclura cette journée.

Retrouvez toutes les informations sur le site de l’École franciscaine de Paris : www.ecole-franciscaine-de-paris.fr