Dans la famille franciscaine, je voudrais le “Gardien” !

Saint François lui-même ne voulait pas des mots de “Supérieur” ou de “Prieur”.

Alors que se termine une rencontre de frères Gardiens à Lourdes sur le thème “Suis-je le Gardien de mon frère ?”, revenons sur cette appellation typiquement franciscaine…

En voilà une drôle d’appellation ! Une appellation que l’on doit souvent expliquer car, si l’on se fie à ce qu’en disent nos dictionnaires et qui habite la pensée courante de nos contemporains, ce nom fait écho à bien réalités mais pas au Supérieur d’une communauté franciscaine ! La chose est complexe ! Si autrefois, dans nos couvents, nous logions dans des “cellules”, le “Supérieur” local ne saurait être confondu avec un “gardien de prison”. Mais alors, doit-il défendre sa communauté ? Oui, dans certains cas cela peut s’avérer juste mais à condition qu’on ne le confonde pas avec un “gardien de but” ! Alors n’est-ce pas une fonction révolue me direz-vous, comme celle de “gardien de phare” ? Non, car même si les frères font des vagues, la présence humaine ne saurait être remplacée par l’automatisme. Mais alors, puisqu’il doit veiller sur le bien-être et la bonne conduite des frères, n’est-il pas simplement la forme moderne et sécularisée de “l’ange gardien” ?

NI SUPÉRIEUR, NI PRIEUR

En fait, rien de tout cela n’est suffisant pour décrire ce terme typique de notre Ordre franciscain et voulu ardemment par saint François lui-même qui ne voulait pas des mots de “Supérieur” ou de “Prieur”. Pour lui, le premier “Gardien” est le “Seigneur Dieu” lui-même car il est tout en même temps “beauté, douceur, notre abri et notre défenseur, force et fraîcheur”. Ces mots qu’il emploie pour parler de Dieu vont façonner le rôle et les fonctions que le “Gardien” de chaque fraternité locale doit s’efforcer de remplir. Ainsi, selon notre droit, la mission principale du frère Gardien est de présider à la charité et à l’unité du groupe et d’encourager chacun à l’espérance, la paix et la joie. Pour ce faire, il doit favoriser le bien de la fraternité et des frères, veiller avec vigilance à la vie et à la discipline religieuse, diriger l’activité et promouvoir l’obéissance active et responsable des frères dans un esprit de vraie fraternité. Il est avant tout, radicalement et substantiellement, un frère et on ne sépare jamais le mot frère de celui de Gardien. Il est nommé par le Ministre provincial et son Définitoire (Conseil) pour un mandat de trois ans mais ne peut dépasser neuf ans.

CONSTRUIRE LA FRATERNITÉ

Étroitement uni aux frères qui lui sont confiés, il s’efforce de construire la fraternité comme une famille unie dans le Christ, dans laquelle Dieu est cherché et aimé avant toute chose. Il se tient au cœur de la vie même de la fraternité locale et de ses liens avec les autres fraternités de la Province”. L’obéissance que chaque frère doit à son Gardien est voulue par saint François lui-même qui, après avoir renoncé à sa charge de “Ministre général”, dit dans son testament : “Je veux fermement obéir au Ministre général de cette fraternité et à tout gardien qu’il lui plaira de me donner. Je veux être tellement lié entre ses mains, que je ne puisse faire un pas ni la moindre action en marge de ses ordres et de sa volonté, car il est mon Seigneur”.

Fr. François COMPARAT, OFM

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